save me (ringo)

réponse miki tc:

réponse ringo tc:

Miki sait pas vraiment ce qu’il espère trouver ici. Il sait pas vraiment ce qu’il fait ici non plus. Il a même vu quelques personnes qu’il aurait préféré ne pas voir. Un des fils Kyudo par exemple. Pas seul. Mais c’est loin d’attirer longtemps son attention. C’est pas ses affaires, c’est plus ses affaires. Et avec un peu de chance, ça ne sera plus jamais ses affaires. Il ne retournera jamais dans ce club. Même si son frère le supplie de revenir. Même si son père envoie des hommes à ses trousses. Miki est quasiment sûr qu’il ne le fera pas. Ou que s’il le fait, ce sera pour le violer, ou pour le tuer. Un des deux. Il sait que son “fils” a aussi peur de l’un que de l’autre. Et c’est pour ça qu’il a fait ça. C’est pour ça qu’il a décidé de le briser de cette manière là, de cette façon là. Mais Miki s’est probablement pas laissé faire comme il le pensait. Il pensait probablement que ce parasite de fils se laisserait faire une fois, et donc logiquement se laisserait aussi faire par la suite. Mais c’est mal le connaître. Une fois… Une fois, ça lui a été bien suffisant. Suffisant pour avoir envie de planter un couteau dans le bide de l’homme qui a acheté sa première demi heure. Assez pour s’en souvenir le lendemain et aller vomir tout ce qu’il n’avait pas mangé la veille dans les toilettes. Et il ne veut pas revivre ça, jamais. Non, c’était trop. Trop. Il n’est pas à vendre. Si d’autres personnes, qui travaillent pour eux sont d’accord. Eux… Les Nakano. Est-ce que Miki peut encore se considérer comme l’un d’eux, réellement ? Non. Non, vraiment pas. Et si n’est pas de ces gens faibles qui choisissent de vendre leur corps. Il a pas eu le choix. Mais maintenant, il le prend. Qu’importe si ça veut dire qu’il va avoir des hitmen à ses trousses pour le buter, qu’importe. Il peut pas y retourner. Il n’y retournera jamais. Qu’importe ce que son “père” met à l’arrivée. Même si c’est la tête de son frère. Son frère qui l’a “aidé”. Il l’a pas aidé hier. Il l’a pas aidé. Il a juste regardé Miki entrer dans cette salle avec cet homme, et il a détourné le regard. Putain.
Une voix le sort de ses pensées sombres et lorsqu’il lève le regard vers la personne face à lui, il reconnaît Ringo. Probablement la seule et unique personne en qui il ait un minimum confiance actuellement. En qui il peut placer un peu, juste un peu, de sa charge émotionnelle. Peut-être finalement, que c’est lui qu’il était venu chercher ici. Un évènement comme ça ? Il fallait un photographe. Et Ringo allait probablement prendre le job. Ça et le fait que Kosuke l’y ait traîné clairement contre son gré.
Ce qu’il dit. Que ça lui fait plaisir de le voir à l’extérieur. Qu’il espère qu’il va bien. Bien ?
Miki lâche un petit rire, entre les larmes que la simple phrase provoque chez lui. Il laisse rien tomber, il montre rien. Il sert sa mâchoire le plus fort possible, pour empêcher toutes les émotions de sortir. Et il baisse les yeux. Il sait pas quoi dire, pas quoi faire. Il est complètement désemparé, complètement perdu. “N- No.” qu’il réussit à sortir de ses lèvres toujours presques fermées, mot qui passe difficilement la barrière de ses dents serrées à s’en péter la mâchoire. Non.
Il va pas bien.
Du tout.

C’est évident qu’il ne va pas bien. Même s’il essaye de le cacher, il ne peut pas totalement oublier ce qu’il s’est passé la veille. Et il ne peut évidemment pas mettre de côté les différentes choses que ça lui fait sentir. L’envie de vomir, l’envie de brûler. L’envie de s’enterrer six pieds sous terre par honte, par dégoût. Il a envie de crever. Mais en même temps, Miki est bien trop têtu pour avoir des envies de suicides. Il n’y pense même pas, ça ne lui traverse même pas l’esprit. Mais il a plus vraiment envie de vivre non plus. Il sait pas trop. Il a pas le force. Ou peut-être qu’il l’a. Il sait plus trop. Mais il est sûr d’être malade. Il a tous les symptômes d’une maladie. La fatigue, le mal-être, et même la douleur physique. Là. Dans le bas du dos. Entre ses fesses. Là où il n’aurait jamais dû avoir mal. Parce qu’il ne comptait jamais laisser personne faire quoique ce soit ici. Et rien que d’y repenser, il sent la bile monter. Ça le dégoûte. La façon dont Ringo l’appelle, ça lui rappelle qu’il est pas seul. Et que Ringo est là. Face à lui. Peut-être, Miki l’espère, prêt à l’aider. Il lui a dit, dès le début, qu’il voulait l’aider. Et Miki n’a pas vraiment d’autres choix que de prendre cette main tendue aujourd’hui. Parce qu’il n’a nulle part où aller. Il pourrait retourner chez Kosuke, mais… Mais quel intérêt. Puis son paternel pourrait l'y retrouver. Non, il doit aller quelque part où son paternel ni personne des Nakano ne pensera à regarder. Il le voit approcher doucement, et Miki se surprend à ne pas être dérangé par sa présence. Ce serait n’importe qui d’autre, Miki reculerait. Mais c’est Ringo. Et il lui donne un sens de protection. Il se sent en sécurité face à lui. Pas en danger. Et c’est assez rare pour que Miki se fasse la réflexion. Il le laisse approcher. Il lui propose de rester où il est, le bloquant à la vue des autres. Cette soirée, cette soirée est une mascarade. Il sait pas ce que c’est, mais il le sent mal, de toute façon. Et Miki hoche juste légèrement la tête. Oui. S’il pouvait rester là, ce serait bien. Et en fait, s’ils pouvaient s’isoler, ce serait mieux. Parce que plus le temps passe, en la compagnie de Ringo, plus Miki a besoin de se laisser aller, de laisser parler ses émotions. Mais il ne le fera pas ici, pas dans une pièce remplie de gens.
Alors quand Ringo lui demande s’il peut l’aider, Miki relève des yeux emplis d’espoirs vers lui. Pas d’un espoir heureux, comme si quelque chose allait s’arranger. Mais un espoir mélancolique, comme pour lui faire comprendre qu’il est le seul, qui puisse l’aider, et que cette question, aujourd’hui, n’a pas même réellement besoin d’être posée. Alors Miki finit le mouvement que Ringo avait entamé et lui prend la main rapidement, se mettant à marcher vers l’entrée de la salle. Il en sort, sa main toujours serrée (probablement trop fort) autour de celle du photographe. Il ne veut pas qu’il parte. Il a besoin de son aide. Il a besoin de quelqu’un. Il a besoin d’un truc, n’importe quoi. D’une possibilité pour aller mieux. Sans trop savoir ce que c’est. Il ne s’arrête de marcher que lorsqu’il arrive derrière le bâtiment, loin des regards. Personne ne viendra les chercher ici. Miki s'appuie sur le mur, derrière lui. Et le mur derrière lui, lui donne une surface où se poser. Mais ça le détend, légèrement. Juste assez pour ouvrir les vannes de. Tout le reste. Alors, la main de Ringo toujours dans la sienne, Miki se laisse tomber par terre, son dos frottant contre le mur rugueux, déchirant son t-shirt (celui du costume qu’on lui a donné à la soirée). Et l’avant bras de sa main libre vient se positionner devant ses yeux alors que les larmes coulent. Et il les essuie rageusement, les unes après les autres, mais y’en a trop. Il est pas accroupi, il a même pas la force d’être accroupi. Il est à genoux, à quelques millimètres de perdre sa balance et de tomber sur le côté. C’est trop. C’est trop.
Il a besoin d’aide.
Il a besoin de Ringo.

Il l’a entendu appeler quelqu’un pour se faire remplacer. Il l’a entendu passer ce coup de fil, comme si son job était moins important. Une urgence. Il l’a entendu appeler son problème une urgence. Et Miki peut pas s’empêcher de penser que c’est la première personne dans sa vie, à avoir considéré Miki comme plus important qu’autre chose. D’avoir choisi Miki au-dessus d’autre chose. De quelque chose, qui selon Miki, est bien plus important que lui. Mais il réagit pas à cette attention. Parce que trop de choses passent dans sa tête. Parce que trop de souvenirs se déroulent doucement et avec cruauté devant ses yeux bordés de larmes. Alors il réagit pas aux mots de Ringo, et continue juste à l’entrainer loin. Loin de tous. Loin de ceux pour qui Miki n’est pas important. Ceux qui ne le connaissent pas. Ceux qui pensent qu’il n’est qu’une jeune garçon comme les autres. Un tokyoïte de dix-neuf ans à peine, comme tous ceux qui existent. Il ne veut pas avoir à faire à eux. Le seul qui l’importe, le seul qu’il accepte de le voir pleurer, c’est Ringo. Miki entend son nom. Et le ton avec lequel il le prononce est si inquiet. Pourquoi est-il si inquiet ? Y’a pas de raison d'être inquiet. Miki est fort. Miki est un jeune homme robuste, qui fait face aux soucis de la vie avec volonté et caractère. Pas vrai ? Ça a toujours été comme ça. Et il veut pas que ce qu’il s’est passé la veille change ça. Il essaye de relativiser. Après tout, c’est pas si grave. Pas vrai ? C’est juste du sexe. C’est juste… Non. Non, c’est pas vrai. Et ça l’aide pas d’essayer de se convaincre du contraire. Ça l’aide pas d’essayer de se dire que ce qu’il s’est passé n’est pas grave.
Et quand il commence à pleurer Miki, Ringo lui parle. Il lui dit qu’il a pas à se contenir. Qu’il peut pleurer comme il veut, tant qu’il veut. Le console. Il n’y a que lui ici. Et Miki lui en est reconnaissant. De le comprendre. De savoir quoi lui dire, et quoi ne pas lui dire. Il ne lui en veut pas d’être faible. Il ne lui en veut pas de pleurer, de laisser parler ses émotions. Quelles émotions… Mot tant redouté par son paternel et son frère. Par sa famille en général. La seule émotion acceptable chez les Nakano est la folie, si seulement ça peut être considéré comme telle. Puis Miki tombe.
Mais pas par terre. Il est retenu. Et sa tête se retrouve nichée dans le torse de Ringo. Il aurait presque un moment de recul, parce que le contact. Parce que le dernier qu’il a eu n’était pas voulu, était douloureux. Lui a brisé le cœur, le cerveau et le mental. Mais là c’est différent. Parce que Ringo est doux. Qu’il lui caresse les cheveux. Qu’il ne respire pas fort, comme un bélier en rut, mais qu’il respire doucement, comme pour le calmer. Et Miki sent une main lui caresser les cheveux dans un rythme apaisant. Et Miki se laisse aller contre la chaleur de son torse. Soulève les mains pour les agripper à la chemise dans son dos, à Ringo. Et agrippe fort. Très fort. Il ne veut jamais le lâcher. Il ne supporterait pas qu’il le lâche. Qu’il le laisse seul. Pas maintenant. Pas alors qu’il a enfin trouvé un endroit où se réfugier. Et Miki déteste être si faible. D'être si dépendant, déjà, de quelqu’un comme ça. Puis il parle de nouveau, sa voix aussi calmante que le reste de son corps. Que le reste de son être. Il lui dit que tout ira bien. Plus important, il lui dit qu’il ira bien. Et Miki a envie de le croire. Il a envie de croire à ses mensonges. Parce qu’il sait que ça en sont, des mensonges. Tout ne peut pas aller bien. Puis de toute façon, un jour ou l’autre, ça partira en couilles, parce que c’est comme ça.
Parce que la vie fonctionne comme ça.
Parce que ça n’existe pas, les happy end.
S’en sortir. Ensemble.
Ensemble.
Le mot résonne dans les oreilles de Miki. Et ses larmes redoublent d'ardeur. Il n’essaye plus de les essuyer, elles finissent pas être épongées par le tissu qui couvre le haut du corps de Ringo, de toute façon. Et Miki le sert dans ses petits bras plutôt frêles. Il le sert comme pour se coller à lui. Et si ça lui rappelle la proximité qu’ils avaient à leur deuxième rencontre, la première fois qu’il l’a vu au club, ça n’a pourtant rien à voir. Parce que la dernière fois, il était face à Kitty. Et qu’aujourd’hui, il est face à Miki. Pas psycho, le surnom que lui donnait affectueusement Takeji, qui dirigeait une équipe de 15 jeunes à la baguette pour les faire se prostituer. Non. Miki. Miki, dix-neuf ans, brisé et détruit par sa courte vie. Puis il se rend compte, rapidement, que le torse de Ringo se soulève irrégulièrement. Et Miki, sans desserrer ses mains de son emprise sur son dos, lève les yeux. Il pleure ? Pourquoi ? Il fronce légèrement les sourcils. Et il a presque envie de lâcher la fabrique sur son dos pour pouvoir reculer et mieux le regarder, mais même s’il essayait, il n’y arriverait probablement pas. Le lâcher serait au-dessus de ses forces. Alors il repose son front contre son torse, prenant une position plus confortable. Ses larmes se sont pas totalement arrêtées, pas encore, mais le fait qu’il pleure lui, l’a un peu calmé. “Tu devrais pas pleurer, Ringo. T’as pas de raison de pleurer.” Sa voix est incisive. Pas méchante, mais un peu froide. Parce qu’il pleure, qu’il est triste, mais qu’il est surtout en colère. Brisé. Cassé en des milliers de petits morceaux. Et que la seule chose qui réussit à le tenir en place, à ne pas ce qu’il s’éclate par terre, sans possibilité aucune de reconstruction, c’est les bras de Ringo qui l'enlacent.
C’est son seul salut.

Miki veut pas que Ringo pleure, parce que s’il pleure, c’est qu’il tombe dans cette tristesse dans laquelle est déjà Miki. Et ils ne peuvent pas y être tous les deux. Ils ne se serviraient à rien l’un l’autre s’ils étaient tous les deux en train de pleurer comme des boulets. Comme des faibles. Et ce que Miki déteste l’idée même de faiblesse. Le concept même de ne pas être assez fort, psychologiquement, physiquement, pour se relever après un truc pareil. Il déteste ça. Non. Non, il hait ça. Il devrait pas pleurer. Aucun des deux ne devrait pleurer. Parce que Miki est plus fort que ça. Miki sait comment réagir face à la pression. Merde. La pression il la ressent depuis sa plus petite enfance. Il sait comment réagir face aux situations de crises. Il sait. Il est censé pouvoir réagir. Il est censé avoir une réaction mature, censée. Et pas fondre en larme à la première occasion. Putain. Faut qu’il se reprenne. Plus qu’une question d’honneur, c’est une question d'ego. Il refuse d’imaginer que son père le fait pleurer. Son père ne mérite pas qu’il pleure pour lui. Qu’il pleure pour quelque chose qu’il lui a fait vivre. Il ne mérite rien d’autre que sa colère, que son dégoût profond et sans limite. Il lui répond par un “je sais” qui, pour Miki, n’a aucun sens. Il sait quoi ? Qu’il devrait pas pleurer ? Alors pourquoi il le fait ? C’est pas si difficile que ça, de forcer son corps à arrêter de produire des larmes. Miki l’a souvent fait avant aujourd’hui. Et s’il n’y arrive pas cette fois ci, c’est uniquement parce que ça l’a pris par surprise. Parce que le choc a été trop dur, trop réel. Parce qu’il n’a pas encore totalement eu le temps de réaliser. Mais quand il aurait compris, quand il aura ingéré le fait de s’être fait violé, alors ouais, il pourra arrêter de pleurer. Il saura faire face. Et il a besoin de Ringo pour l’aider après. Et Ringo pourra pas l’aider, s’il pleure. Quand il se remet à parler, Miki boit ses paroles avec avidité. Parce que personne jamais ne s’est comporté de cette manière avec lui auparavant. Personne ne lui a dit être inquiet à son sujet après ne pas avoir eu de nouvelles depuis plusieurs semaines. Non. Non, bien au contraire. La seule raison parfois, pour laquelle son père était “inquiet” était lorsqu’il ne se présentait pas pour sa danse. Et il se souvient de sa colère lorsqu’il arrivait en retard. Lorsqu’il le menaçait de lui retirer son masque. Il lui disait même qu’une fois son masque retiré, alors les gens arrêteraient de l’appeler Kitty et se mettraient à l’appeler Bunny à cause de ses deux dents de devant qui font penser à un lapin.
Puis il fait des promesses. Et il parle de tristesse. Du fait qu’il est affecté par le fait qu’il aille mal. Et il comprend pas vraiment ça, il comprend pas que ses sentiments puissent se répercuter sur les sentiments de quelqu’un d’autre. Qui est assez con pour se mettre das un état tel où il serait prêt à ressentir non seulement ses propres émotions mais aussi celles de quelqu’un d’autre ? Surtout dans ce cas là, de quelqu’un d’aussi fucked up que Miki.
Puis par mots détournés, Miki pense comprendre qu’il lui propose un endroit pour crécher. Et Miki aime pas qu’on lui fasse la charité. Oh, il déteste ça même. Mais il s’avoue très rapidement qu’il a pas vraiment d’autre choix. Alors il se relève. Se tient assis, droit. Pose son dos contre le mur et regarde Ringo dans les yeux. Sur son visage, plus une seule trace de tristesse. Juste de la froideur. De l’amertume. Il ne pleure plus, et les seules preuves qu’il a pleuré sont échouées sur le t-shirt de Ringo et des sillons sur ses joues. “J’te rembourserai. Je déteste avoir des dettes.” Oui. Dans la mafia, on apprend à éviter à tout prix toutes sortes de dettes. Le Miki d’il y a trente secondes a disparu. Miki a retrouvé le contrôle total de ses émotions, de son corps. De ce qu’il laisse paraître.
Mais à l’intérieur, il se brise,
petit à petit.
Et chaque seconde qui passe est comme une partie de son âme qui se détache et qui se perd dans une future douce folie inévitable.