the moon and his sun (nao)

C’est pas le soleil qui réveille Hotaru en cette matinée du 15 Septembre. Il fait froid, mais c’est pas la fraîcheur de l’air non plus qui l’a réveillé. Il a été réveillé par le bruit. Hotaru et son sommeil fragilisé par le danger constant qui existe dans sa vie. Alerte immédiatement, il observe ses alentours dans l’obscurité. Pas avec ses yeux qui ne voient de toute manière pas dans le noir, mais avec ses oreilles. Puis un rire. Un rire fort qui essaie manifestement qu’à moitié d’être contenu. Et Hotaru se rappelle soudainement d’où il se trouve. Il est pas chez lui. Mais il est pas loin. Il est juste dans l’appartement d’à côté. Dans l’appartement de la colocation bruyante. Celle qu’il aurait voulu anéantir il y a encore quelques mois. Et qu’il ferait tout pour protéger désormais. Parce que dans cette colocation habite la personne la plus précieuse à ses yeux. Et de penser à lui lui rappelle qu’il est là. Dans le lit, avec lui. Hotaru baisse les yeux, et malgré le manque de toute lumière, il semble réussir à distinguer la silhouette de l’homme qui dort, la tête appuyée sur son torse nu. Hotaru s’autorise un léger sourire. Personne ne peut le voir, de toute façon. Il attend que le le semblant d'être humain qui lui a servi de réveil (qu’il soupçonne d'être nobu) se taise avant de reposer sa tête sur l’oreiller et se rendormir, bercé par le silence et le léger mouvement du torse de l’homme contre le sien.
Quand il se réveille de nouveau, il fait jour. Et même si les volets ne sont pas ouverts, ils laissent entrer de légers rayons de lumière. Assez pour que les yeux ouverts d’Hotaru l’aident à prendre conscience de son environnement. Le lit qui est devenu si familier, et le reste de la décoration de la chambre de l’homme dans ses bras. Hotaru ne bouge pas, pas même d’un millimètre. Il ne veut surtout pas réveiller l’ange endormi qui semble être encore dans le monde de morphée. Puis il prend beaucoup trop plaisir à tout simplement l’observer dormir. Pas de façon bizarre, juste… C’est relaxant. Il a l’impression étrange d’être complètement en sécurité lorsqu’il est à côté de lui. Mais vite, du bruit se fait entendre dans la cuisine. Et Hotaru lève les yeux au ciel, résistant à l’envie folle d’aller leur scotcher les lèvres, aux deux importuns. Mais c’est de toute façon trop tard. Parce qu’il sent les bras de l’ange commencer à bouger. Et il sent qu’il se réveille. Mais Hotaru ne le quitte pas des yeux. Pas à un seul moment. Et lorsque ses yeux s’ouvrent, Hotaru lance un doux “Bonjour.” simple. Pas besoin d’artifice. Pas besoin de beaucoup plus que ça.
Il a beaucoup réfléchi, Hotaru, depuis quelques jours. Une question qui lui trotte dans la tête. Une question qu’il veut poser à l’homme tout juste réveillé. Mais une question qu’il n’ose pas poser. Moins par peur d'être rejeté que par peur de ce que ça inclurait pour eux deux. Pour leur relation. Pour leur sécurité. Mais Hotaru en a marre, de n'être que le voisin coup d’un soir. Ou de quatre soirs par semaine. Il veut plus que ça. Ça ne lui suffit plus. Et l’idée même de se dire qu’ils sont censés pouvoir aller voir ailleurs, et l’un et l’autre, ça lui donne envie de vomir. À aucun moment n’aurait-il même la pensée d’aller voir ailleurs. Et imaginer cet homme, son homme, avec quelqu’un d’autre, ça lui donne des envies de meurtres. Et c’est pour dire, venant de lui. Il lève la main pour la poser sur sa joue, et il la caresse, doucement. “Bien dormi, mon soleil ?” Surnom qu’il lui a donné pour la première fois quelques semaines plus tôt. La toute première fois qu’Hotaru est resté la nuit.
Parce que c’est ce qu’il est, pour lui.
Un être précieux.
Quelqu’un qui lui réchauffe la poitrine, lui, Hotaru, le tueur au cœur de glace.
Son soleil qui éclaire tous ses jours sombres.

Fils des cieux ; choyé par les anges. Nao, beauté immortelle, joyau éternel entre les phalanges délicates de ceux qui n’ont cessé de le façonner malgré les années, malgré les maux qui pèsent dans le cœur ;
( de n’être qu’un fils sans réelles ambitions ;
Il est cette déception que l’on peut apercevoir dans le fond des orbes parentales. )
Et il sait qu’il n’a fait que fuir, fuir les démons, les désirs autres que les siens, le diable en personne lorsqu’il voulait s’enticher de sa chair, embraser ses entrailles ;
Embrasser ses rêves, de ses lèvres malsaines posées contre les siennes. Mais Lucifer ne gagnera pas, pas à cet instant, alors qu’il est protégé dans les bras de celui qui n’a que trop de sang sur les mains, l’âme souillée, dévorée par bien plus puissant que lui. Mais il se sait paisible, autant que le cœur qui lentement bat, réchauffe son être petit à petit ; ( des sentiments qui implosent sans savoir pourquoi. )
Pourquoi lui.
Pourquoi maintenant.
Pourquoi.
Pourtant, jamais il ne viendra à s’en plaindre. L’esprit au repos, les peaux gracieuses qui ne font que s’aimer, s’épouser, s’échauffer lors des nuits sauvages ( trop fréquentes ). Ce sont les corps qui s’aiment, les courbes qui ne sont faites que pour l’un et l’autre, ses doigts qui connaissent par cœur les détails de son visage comme de chacune de ses imperfections, la courbure de son dos comme la douceur de sa chair contre la sienne. Jamais sauvage, toujours doux ;
Pour ne jamais briser la poupée.
Silence brisé, ce n’est pas la première fois, mais Nao ignore trop souvent. Les rayons de l’astre solaire qui transpercent les volets finissent par avoir raison de lui, bras qui s’étirent alors que le visage tente de trouver refuge contre lui, ne pas affronter ce qui l’aveugle déjà. Pourtant, la voix vient caresser ses tympans, lui arrache un doux sourire contre les pulpeuses, redresse lentement la tête jusqu’à lui. « Bonjour. » Habituel, Hotaru qui n’est plus qu’un seul homme de passage dans son lit, il y est presque chaque nuit, chaque matin, et le voir le quitter lui arrache toujours un peu le cœur. L’envie de le voir rester plus longtemps, jusqu’à ne plus le voir partir, ne jamais quitter ces draps, sa peau, ses lèvres.
Délicatesse d’un toucher qui fait tressauter le cœur et ses mots qui ne changent pas, Hotaru n’est plus l’homme froid d’il y a quelques mois. Il est différent, et il aime que trop ça. Il l’aime, dans toutes ses facettes. « Hm, oui. Et toi ? » Sourire qui fait encore plus courber les pulpeuses, lentement se posent contre les siennes, léger baiser, pourtant jamais assez pour lui. À croire qu’il a toujours faim de son contact. « J’ai entendu Nobu cette nuit. J’espère que ça a été pour dormir. » Doucement se redresse, étire le dos alors qu’il tourne un peu la tête vers lui, contemple l’homme à ses côtés avant de soupirer, et dans une lassitude d’un quotidien qu’il refuse d’affronter, il fond de nouveau dans ses bras, visage qui trouve refuge dans le cou de celui qu’il aime. « Ne pars pas maintenant. »

Reste encore un peu ;
Que je puisse graver ton souvenir dans ma mémoire.