gamin.
"Qu'est-ce que tu fais là ?" lui demande un grand homme. Il lève les yeux vers lui. Il a arrêté de pleurer y'a quelques heures déjà. Puis de toute façon, quand il pleure, ça lui fait les joues encore plus froides. L'homme se met presque assis comme pour se mettre à sa hauteur.
"Ou sont tes parents gamins ?" Il fronce les sourcils, pas sûr de comprendre ce que l'homme lui demande.
"Pa...parents ?" Et l'homme hoche la tête. Il tend la main vers lui et il sait pas s'il doit la prendre. Alors l'homme lui sourit. Et le sourire lui fait chaud. Alors il prend la main. Il se lève et il suit l'homme. Les gens autour les regarde. Mais ils sont pas beaucoup. Parce qu'il fait noir. Il a peur. Alors il s'approche de l'homme pour se serrer à lui. Il aime pas pas voir. Y'a des choses qui peuvent venir de là où il voit pas. L'homme l'attrape et le met contre son torse. Et il s'endort parce que c'est chaud. Et que l'homme est pas méchant avec lui.
ren.
"REN ÇA SUFFIT !" Il entend sa voix, mais elle ne l'atteint pas. Pas assez. Il voit rouge. Il a des envies de meurtres. C'est plus fort que lui, il ne contrôle rien. Et y'a ce petit nouveau sous ses coups. Il a son âge, pas plus. Peut-être même un peu loin. Et ses coups sont violents.
"REN ! J'AI DIT ÇA SUFFIT !" Et putain, il peut pas arrêter de crier comme un chartier l'autre con ? Les deux enfants de onze ans se battent. Mais en réalité, c'est plutôt Ren qui bat l'autre. Il y peut rien. L'autre aurait
jamais dû toucher ses affaires. C'est
ses affaires. Et dans cette putain de maison où tout est toujours à partager, Ren
refuse d'avoir à partager ses fils à scoubidou. C'est
hors de question. Il sent quelqu'un l'agripper par derrière et le tirer. Il est fort, mais rien à voir avec la force d'Aoki. Mais ça l'empêche pas de se débattre.
De toute façon, il peut pas s'arrêter. C'est pas lui qui décide.
ken.
"C'est lui, non ? Ken ?" Ren sourit aux deux filles qui le regardent, de la timidité dans les yeux et les joues rougies. Il se retourne vers les Squatteurs et embrasse leurs fronts un par un. C'est son "bonne chance" à lui. Aoki est là aussi, attendant qu'il monte dans sa voiture. Il secoue la tête, pas bien heureux qu'un de ses enfants mette sa vie en danger. Mais heureux que Ren ait trouvé un moyen pour extérioriser sa colère. Autre que ses autres enfants. Ou que les murs de l'entrepôt. Ren monte, démarre le moteur, fait vibrer le moteur, et lance un clin d'oeil en direction d'une fille en particulier avant de démarrer. Il aurait dû gagner ce soir là. Comme toujours. Il aurait dû revenir à l'entrepôt, victorieux, et rire avec ses amis, et jouer avec les plus jeunes. Mais c'est pas ce qu'il s'est passé. Quelqu'un a voulu l'empêcher de gagner. lui a foncé dedans. Et Ren a finit à l'hôpital. Un tout banal accident de voiture, tout ce qu'il y a de plus normal. Sauf que son bras est cassé. Et sa jambe aussi. Et Aoki lui interdit formellement de reprendre les courses. Quitte à ce qu'il ait à racheter de la fourniture cassée tous les quatre matins, il préfère ça que de perdre son enfant.
light.
"Je dois travailler sur moi. Putain, tu comprends pas. Je peux pas rester avec toi, pas là, pas comme ça. Je vais te faire du mal. Je vais te faire du mal, et je veux pas ! C'est mieux qu'on s'arrête là. Même si je veux pas. Même si je t'aime. Parce que je t'aime. Je suis désolée ok ? C'est pour ton bien. Pour ta sécurité." est probablement ce qu'il aurait dit s'il avait été honnête. S'il lui avait dit tout ce qu'il avait sur le coeur.
"Si je reste avec toi, je vais finir par te tuer. Alors laisse moi partir." est ce qu'il lui dit, parce qu'il sait qu'elle va essayer de le retenir autrement. Il part et se retourne pas. Il part un an, deux ans, trois ans. Travaille sur lui, sur sa colère. Puis réussit à la contrôler, finalement. Même lorsque Aiko meurt, il s'énerve pas. Il reste calme.
Il est soigné. Pour le moment.
Il essaye pas de la retrouver.
Parce qu'il sait qu'il ne mérite pas son pardon. Et parce qu'il n'y a aucun moyen de savoir quand il reperdra le contrôle.
tôsan.
Il est en train de terminer son petit déjeuner lorsque deux gamins de dix sept et dix neuf ans débarquent en courant du dortoir. Ren lève un sourcil, surpris et amusé.
"TÔSAN ! AIDE MOI !" que le plus jeune lance avec un rire dans la voix. Ren lève juste les yeux au ciel, laissant les deux jeunes régler leurs problèmes par eux-mêmes. S'ils n'étaient pas morts de rire, il aurait réagit autrement. S'ils n'étais pas plus proche de jouer au chat que de réellement se disputer, il aurait réagit autrement. Et il réagit autrement lorsqu'il entend un gros boum venir de juste devant l'entrepôt, suivi par des cris, et quelques traces de pleures. Ren prend pas le temps de ranger son petit dej avant d'aller voir ce qu'il se passe. Et lorsqu'il voit le plus récent arrivé par terre, avec un des Squatteurs debout devant lui, il sait tout de suite que quelque chose cloche.
"Vous deux, à l'intérieur, maintenant." C'est jamais dans l'intérêt de personne de se rebeller contre Ren. Pas qu'il soit dangereux (il l'est plus, en tout cas), mais tout le monde sait qu'une discussion vaut toujours mieux qu'une dispute. Ren s'assoit face aux deux jeunes, et leur demande de parler. Et ils parlent. Ils
se parlent. Et ils s'expliquent. Ils finissent pas bouder, en se mettant d'accord sur le fait qu'ils tomberont pas d'accord, mais au moins la bombe est désamorcée, pour le moment. Ren se lève et retourne s'assoir à la table, gardant un oeil attentif sur les deux jeunes sur le canapé alors qu'il finit enfin son petit déjeuner.
K.
Ils sont dix à pianoter sur leurs ordinateurs, dans la salle. Parfois, Ren a peur que quelqu'un trouve la salle. Ce serait un désastre. Il prend dix secondes, détache ses orbites de son écran et observe les autres Squatteurs. Deux sont aux absents, probablement occupés avec leur travail de surface. Actuellement, ils sont dix ; Il y a A. et O., les deux Squatteurs qui ont apporté le piratage avec eux dans le groupe. I. qui a rejoint peu de temps après Ren, puis B. D. F. H. J. et finalement Z. Ils travaillent tous sur quelque chose de différent, mais tous sous le même nom :
Jokster. Quelques personnes pensent que c'est une seule personne qui signe au hasard avec des lettres de l'alphabet. Et d'autres savent que c'est en fait un groupe de personnes avec chacun leur lettre dédiée. Mais qu'ils pensent l'un ou qu'ils sachent l'autre, personne ne sait qui ils sont vraiment. Depuis peu, la majeure partie de leurs contrats restent inachevés, et ça les énerve. Ça les frustre. Parce que leurs contrats consistent à pirater l'application The Q. Et que même les meilleurs d'entre eux n'y parviennent pas. Et si ni A. ni O. ne réussissent à hacker cette foutue appli, alors Ren est persuadé que personne au monde ne le pourra.