blossomles six années les plus heureuses de ta vie. remplies de rires aux éclats partagés avec des amis, tu t'en souviens comme si c'était hier. t'as tout paré de paillettes et de couleur dans ton esprit. t'as oublié tous les mauvais côté de cette vie, tu te souviens que du bonheur. t'as multiplié les bons moments par mille pour qu'ils remplissent tout le tableau. t'as rien fait de particulier, t'allais à l'école, tu jouais avec tes amis, t'avais un super jouet robot rouge que t'associes clairement à Iron Man maintenant. T'avais ta mère, puis ta soeur qui était pas encore la plus grosse des pétasses arpentant la Terre à l'époque. t'avais tout. vraiment tout. il a fallu que ça parte en couilles.
sweet goodbyet'as dit au revoir à ta vie. tout ce que tu connaissais, tu l'as laissé derrière toi, tout ce que t'as emmené, c'est ta petite soeur et tes parents. même le robot, ils t'ont demandé de le laisser. t'as jamais compris pourquoi. t'as prit le bateau pour la première fois et t'es arrivé dans ton nouveau pays. t'as du tout réapprendre. la langue d'abord, ça a pas été facile, t'as l'accent qui te colle à la peau, tu le détestes mais t'arrives pas à le perdre. les codes de leur société ont été encore plus compliqués à comprendre. tu t'es battu, plus souvent que tu n'as envie de l'avouer. il était rare que tu rentres à la maison intact, t'avais toujours du sang sur tes fringues ou des bleus. alors tu te prenais une raclée par papa après. on était pas chez nous ici, il fallait se la fermer et s'adapter. il s'agissait pas d'aller se battre avec tous les gamins du CE2. T'as été viré. t'as changé d'école. quatre écoles en quatre ans et t'osais encore argumenter que c'était les autres qui commençaient, jamais toi, ça non.
you can call me monsteret puis il est tombé malade. subitement, personne s'y attendait. surtout pas toi. il allait pas guérir, qu'ils disaient. ton père allait mourir et tu devais passer chaque instant en y pensant et en lui donnant tout ton amour. toi t'en avais rien à foutre de leurs conneries, t'étais révolté. qui pensait avoir le droit de t'enlever ton père ? Dieu ? des dieux ? qui ? hein ? tu te laisserai pas faire. t'as fait un rituel magique. ton père est mort à l'automne, t'étais trop occupé dans l'usine abandonnée pour aller le voir une dernière fois. tu porterais ta croix pour le restant de tes jours, c'est le coeur gros de culpabilité que tu te pointes à l'enterrement. ta mère est dévastée, bien plus que vous. et quand il est l'heure de rentrer, elle reste là, à regarder le vide, elle vient pas. puis tu la revois plus vraiment. t'as que treize ans et t'es déjà livré à toi-même. mais c'est pas pour toi que tu te responsabilise, nan. c'est pour elle.
shamelesselle s'appelait encore Kyung Hee à l'époque, et elle aussi ça l'a fait péter un cable toutes ces conneries. l'autorité s'est envolée en fumée et elle en a fait qu'à sa tête. elle te déteste. tu sais pas pourquoi. elle peut pas te blairer c'est tout. toi, tu l'aimes trop. c'est pour ça que tu restes, c'est pour ça que tu t'es retrouvé à t'occuper d'elle, de cette saleté de chat qui s'appelle 깜놀, un nom aussi moche que lui si on veut ton avis. Puis un jour, t'as trouvé un autre gamin aussi paumé que toi. Il s'appelait Yūya, il habitait dans votre immeuble et lui non plus, il voyait jamais ses parents. peut-être un peu plus que vous. n'empêche que ça l'a pas empêché de squatter. puis il a fini par s'installer et c'est devenu un peu ton frère. puis un jour il a ramené une meuf, c'est plus sa meuf depuis mais elle fait toujours le ménage et la cuisine alors t'as dit qu'elle pouvait rester. c'est jamais calme chez vous de toutes manières. un de plus un de moins, ça change plus rien. puis au fond, t'aimes que ce soit animé. c'est pour ça qu'y a toujours quelqu'un d'assis sur le vieux canapé défoncé que t'avais
trouvé une fois. toujours.
baby's on firec'est parti de rien.
cours ! et toi, quand on te dit de courir, tu déguerpis, tu connais trop les situations de merde dans ce style pour rester planté là. pourtant, pour une fois, t'avais littéralement rien fait (pour être honnête tu fais vraiment jamais rien, c'est toujours les autres qui ont des idées à la con), tu rentrais des cours tranquille et le boug est sorti de nulle part en courant alors t'as suivi. le ronronnement du moteur t'a plu aussitôt, tu devais fuir ce bruit mais tu pouvais pas t'empêcher de t'en délecter, d'imaginer ton pied appuyer sur la pédale d'accélération. le mec t'a attiré jusqu'à une autre caisse dont tu te souviendrais toujours. rouge avec une rayure bleu nuit en plein milieu et le mec au volant avait l'air d'un yakuza, ça puait la merde cette histoire. on t'a pas laissé le choix. il t'a pas laissé le choix. ce type de l'école, qui t'a poussé sans ménagement dans la caisse en tapotant le siège du conducteur.
vite, vite, démarre, ils sont là. la première course de ta vie et l'une des plus spectaculaire. tu regardais le type passer les vitesses rageusement avec envie. t'étais presque jaloux. t'en voulais une. tu voulais apprendre. ta main touche son bras.
comment tu fais ça ? tu souffle. les deux types éclatent de rire. puis ils t'ont tout appris finalement. t'as raqué pour te payer une caisse comme la sienne alors elle sort pas du garage sauf la nuit. et tu laisses ni ta soeur ni ta mère poser les yeux ne serait-ce que sur les clefs.
ain't it funenculé, j'vais t'en foutre une. tu te lèves si vite que tu renverses ta chaise par terre dans un boucan pas possible avant de lui hurler dessus.
bah vas-y. viens. je t'attends là. tu traverses le salon si vite qu'elle prend peur, tu colles presque ton front au sien.
vas-y, frappe moi, connasse. c'est pas moi qui t'ai fait une réputation de grosse pute. t'as clairement pas eu besoin de moi pour ça. tu t'es tapé tout l'quartier toute seule, comme une grande. y a qui qui m'respecte ici, hein ? y a qui qui en a pas rien à foutre de tout c'que j'fais pour vous putain ? tu promènes ton regard noir sur toutes les personnes présentes. ils restent tous muets. t'as envie de chialer alors tu t'enfuis, comme d'hab. tu montes sur le toit pour te rafraîchir les idées. tu penses à sauter pendant une nano-seconde. juste une idée comme ça. tu le ferais pas vraiment. t'en as juste marre de te saigner pour ça. t'as l'impression que ça en finira jamais.
à l'école, il s'est fait bully une fois, pas deux. pourtant il a jamais eu d'amis. ses origines repoussaient visiblement les japonais.
il a tendance à régler ses conflits avec ses poings, vieille habitude difficile à perdre, garder son calme se révèle souvent difficile pour le gamin.
sa mère se pointe à la maison parfois et elle a tendance a voler leur thune et leurs affaires.
il vole souvent, parfois par nécessité, parfois par habitude et parfois par plaisir.
il court
très vite, il roule très vite aussi.
il a une chance de cocu.
c'est un grand charmeur, il sait obtenir ce qu'il veut quand il veut et mener son monde à la baguette.
son seul rêve dans la vie, c'est d'abandonner sa famille et se barrer d'ici mais il est trop droit pour le faire. il aurait pas la conscience tranquille.
quand il voit les flics, il court.