dark moon (suha)

|	dark moon ; @lee suha

— la nuit tombe délicatement. le ciel se fait un peu plus sombre et les poches sont chargées de marchandises interdites. les ordres ont clairement été reçus et hide, il veut se faire sa place ici. les années loin de tokyo ont forgé son caractère, comme le désirait son père et ça personne ne peut le nier. pourtant, il doit encore se faire respecter ici et trouver ses marques. les hommes assignés par son père doivent devenir les siens. il lui a confié la gestion de la drogue, pour le moment ; en attendant qu'il mérite de passer à la branche supérieure. et malgré son jeune âge, hide il en veut. il a probablement peu d'années d'écart avec les dealers du clan mais ce ne sera jamais un problème pour lui. moto qui vrombit à travers la ville, hide est suivi par ses seconds. navigation dangereuse, emplie d'adrénaline sans dépasser les limites de vitesse pour autant. se faire contrôler tuerait le business et la case prison n'était pas une option. esprit libre, fougueux. il n'a pas peur.

et c'est dans les rues passantes qu'il déambule sur son destrier de fer pour finalement retrouver des allées plus désertes et plus noires. le ciel est foncé, la lune a pointé le bout de son nez. et lorsqu'il trouve l'endroit indiqué par son père, il coupe le moteur. pas fiers dans la ruelle, où il découvre des visages jamais vus. « iwai hide. » deux mots, qui il est. même patronyme que le paternel, de quoi ne créer aucune confusion. peut-être aussi qu'il a ce regard noir, similaire à celui de son père mais en moins assassin et vicieux. hide, il est encore à la fleur de l'âge. un sale gamin comme disent les plus vieux. et ce ne sont pas les a priori qui le stoppent. il détaille les garçons face à lui. certains sont tatoués, d'autres n'ont même pas un piercing. variété des traits, des âges mais celui qui attire le plus son attention semble être intrus. regard presque pur, pas souillé par tokyo comme les autres. et au début, hide il ne dit rien. distribution qui commence, les consignes fermement rappelées. ne pas se faire prendre. vendre au maximum, enchaîner les bénéfices pour rester sain et sauf. quand arrive le tour du gamin, il ne peut pas retenir sa curiosité. « ton nom ? » qu'il demande d'abord, tout en continuant de le regarder. « t'es pas un peu jeune pour dealer ? » qu'il laisse échapper, sans pour autant que ce soit une question à laquelle il veut une réponse. la drogue est tendue mais hide ne la lâche pas, ses yeux maintenant le contact avec ceux du garçon. électricité dans l'air, l'intérêt piqué ; les lumières dansantes de tokyo ne sont rien face à celles dans ses propres orbes.

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— Il déambule dans des quartiers peu familiers, souvent les lieux de livraisons changeaient. Juste une précaution, juste pour être sûr. Toujours donnés à la dernière minute, Suha avait reçu un message avec l’adresse il y’avait peu et un soupir de soulagement lui avait échappé directement. Il avait besoin d’argent, de sa dose également. Il a l’impression qu’il ne sera jamais capable de quitter cet étau de feu. Plus le temps passait plus sa dette grandissait, parce qu’il ne pouvait plus s’empêcher de glisser le nez dans les sachets qu’il devait vendre et que les grammes manquants venaient se rajouter à tout le reste. Tout ce qu’il devait payer. Il ne s’imagine plus quitter ce monde. Il était accro et il avait besoin de cet argent sale, si rapidement et facilement dépensé. Un soir, les billets dansaient dans les poches de sa veste, le lendemain, il revenait à la case zéro. C’est un cercle aux rails fermées, et il ne fait que tourner en boucle, encore et encore. Ça ne changera jamais.
Il lève les yeux sur le bâtiment face à lui, enfonce les mains dans les poches de sa grosse veste avant de s’avancer. Il y’avait déjà du monde, certains visages plus connus que d’autres. Suha était incapable de compter le nombre de dealer qu’il n’avait vu qu’à quelques rares reprises avant qu’ils ne disparaissent sans personne n’en sache les raisons. Les visages familiers étaient rares. L’un deux se distingue finalement, le patronyme presque royal, puisque c’était celui du chef de clan. Il est surpris quand on demande son nom, on le fait rarement, ça faisait des années qu’il travaillait pour eux et tous le connaissaient. Son jeune âge ne l’empêchait pas d’être un des plus anciens, surement parce qu’il avait la dette la plus lourde à rembourser. « Lee Suha. » Les sonorités coréennes, il sent déjà les regards de jugement mais il n’avait jamais pensé à se trouver un pseudonyme plus japonais. Sa paume est offerte pour attraper le paquet blanc mais Hide ne lâche rien. Il comprend qu’il doit donner une réponse et l’ennui trace ses lignes sur son regard d’enfant quand il lève de nouveau la tête. « Ton père ne semble pas être du même avis que toi en tout cas. » L’homme n’avait eu aucun scrupule à lui tendre de l’argent et enfoncer ses griffes dans toute son existence avant même ses dix-sept ans. Pourquoi le fils penserait autrement ?

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— les affaires à reprendre depuis déjà plusieurs semaines. hide, successeur futur de son père quand les choses le demanderont. monde sombre dans lequel il a mis les pieds depuis longtemps, son apprentissage fait un peu loin de tokyo ; de retour dans la ville électrique, il cherche encore un peu ses marques. identité révélée, ce sont ces dealers qui devront le respecter et eux qu'il devra utiliser pour faire prospérer la famille. il se demande toujours comment certains en sont arrivés là. lui, il avait la chance de n'avoir manqué de rien ; argent sale mais argent quand même. famille aussi crainte que respectée, parfois respectable selon certains. hide, il n'ose pas s'avancer. ruelle basique où la pureté n'existait pas, normalement. l'air est trop crasseux pour qu'on y trouve une touche de beauté. hide, il détaille les garçons un à un.

et puis il le voit, lui. son nom l'intéresse, la lueur dans ses orbes un peu plus. lee suha, pas d'ici. une évidence qu'il ne peut nier, son visage qu'il détaille. délicat, c'est ce qu'il ressent. poupon presque, une ironie vu ce qu'il lui tendait. hide, il ne lâche rien. sourire qui naît sur ses pulpeuses, peut-être un peu vicieux s'il devait le qualifier. répartie notable, amusante dans un sens. le sachet est lâché. « lee suha. » qu'il répète, yeux noirs cherchant leurs comparses. longues secondes où le silence est roi, où hide le retient captif de son regard. « tu n'as toujours pas répondu à la question. » qu'il constate. fait énoncé, les autres qu'il envoie au travail d'un geste de la main avec quelques encouragements. les seconds qui sont envoyés pour les aider et vérifier que les choses se passent correctement. hide n'avait pas besoin de réelle protection, pas ce soir. et puis peut-être qu'il veut le voir à l'oeuvre, apparemment confiant d'après ce qu'il ressent. fausse réflexion dans ses traits, interrogation dans sa voix. « une dette ? » qu'il demande, curieux quant à la situation de suha. il n'avait pas encore pu mémoriser qui devait quoi, hide préférait répérer les visages un à un. les mémoriser pour mieux savoir à qui il avait à faire. « je suppose que ça ne te dérange pas si je t'accompagne, de loin. » du moins au début, le temps que les ventes se fassent et qu'il puisse revenir à lui pour en savoir plus. sourire carnassier qu'il peine à dissimuler, la nuit noire un peu moins sombre.

|	dark moon ; @lee suha

— Distribution de marchandises qui ne devrait pas prendre tant de temps que ça, c’est une routine bien ancrée dans son quotidien, une que le garçon répète une fois par semaine depuis bientôt quatre ans. Ce soir, pourtant, c’est différent. Il n’y a pas que les hommes de mains, ce n’est même pas le boss qui les honore de sa présence, mais bien son fils. Silhouette haute dont Suha ne se doutait même pas de l’existence. Pourtant, il était naturel d’imaginer que l’homme avait besoin de descendants pour reprendre l’empire, une évidence. Une cuillère d’or dans la bouche, contrairement à lui, Hide ne doit surement pas se maudire chaque soir d’être né. Sa cuillère a lui, elle est blanche et poudreuse, elle s’injecte dans son sang et lui permet de survivre un peu plus longtemps, réussir à ne pas devenir fou. Suha pose les yeux sur lui et s’imagine à sa place. Presque un blasphème. Ils ne seront jamais du même monde, lui mourra surement avant d’avoir complété sa dette tant les intérêts ne semblent qu’augmenter au gré des années. Il n’en verra jamais le bout. Sa main reste tendue, mais aucun paquet n’est reçu, il comprend que Hide ne va pas le laisser tranquille. Damn.

« Lee Suha. » répète-t-il encore à son tour, le ton presque agacé, le regard qui semble dire qu’il n’est pas là pour les présentations. Il veut juste son paquet et partir. Vendre la moitié et se rendre fou de la seconde moitié, de quoi ajouter quelques chiffres à la somme colossale qu’il doit. Le hangar devient de plus en plus désert, les visages inconnus disparaissent, et bientôt il n’y avait plus qu’eux et quelques rares retardataires. « Dix-neuf ans et oui, une dette, pourquoi ? tu veux me la payer ? » Yeux levés au ciel et ses doigts s’agrippent au paquet et l’enfoncent dans le sac à dos qu’il ouvre avant de le replacer correctement sur son épaule. « Je pense pas avoir le droit de refuser. » Ton dénué de toute froideur ou sarcasme, malgré ses premiers mots. Hide est au-dessus de lui, tout en haut de la tour quand lui avait du mal à poser le pied au premier étage. « On y va ? »