hello there, not stranger (higan)

Creamy Delights. La belle blague. Miki est assis devant le miroir derrière la scène, avec tous les autres danseurs. Il sait ce qu’ils doivent penser de lui. Mais aucun n’a assez de couilles pour lui dire en face. Oh, Miki leur en veut pas, d’hésiter. Après tout, après ce qu’est arrivé à la dernière personne qui a décidé que de le mettre face à sa situation était une chose intelligente, ils font plutôt bien de se taire. Y’a que quelques personnes assises à côté de lui. Des gens qu’il connaît parce qu’il est celui qui les managent. Cinq pour le moment, c’est tout ce que son frère a bien voulu lui accorder. Et il le fait d’une main de maître. Tout le monde le voit, mais personne ne l’avoue. Parce qu’il est trop jeune, et parce qu’il se dandine sur la scène comme une pute. Puis, même si son père ne le dit pas, parce qu’il n’est qu’un bâtard. Alors le fait qu’il n’ait que 17 ans, ça ne change rien. Le fait que ses filles et ses garçons à lui aient plus de booking à la fin de la soirée que n’importe quelle autre marchandise dans ce calvaire, ils s’en foutent. Mais qu’importe. Parce que Miki sait qu’un jour, il sortira de ça. Il sait pas comment, quand, mais il le sait. Et quand il le fera, il prendra le dessus sur chacune de ses personnes qui a fait de sa vie un enfer, et il reprendra le business, et il gèrera le Creamy Delights comme il l’entend ; Plus de violence, plus de prostitution par la force. Juste des gens qui payent leurs dettes. Juste des gens qui prennent du plaisir. De la danse, de l’alcool et du plaisir. C’est toujours ce qu’aurait dû être le Creamy Delights. Pas cette boîte de merde qui pue la violence et la mafia.
Lorsqu’une de ses filles lui touche le bras pour le ramener parmis eux, elle lui dit calmement que c’est à son tour. Et Miki hoche la tête, lui lance un très rapide et court merci de politesse avant de mettre son masque. Pas de grande préparation. Après tout il fait ça depuis cinq ans. Il commence à être habitué. Il commence à connaître tout ça par coeur. Pas besoin de stresser, pas besoin de se prendre la tête. Il sait ce qu’il fait. Il sait pourquoi il le fait. Et si ça l’enrage, il ne le laisse surtout pas paraître, son visage vide comme du marbre à sculpter. La musique commence, et la sculpture ne consiste qu’en un sourire lascif. Il monte sur la scène, et c’est son corps qui le porte tout le long de sa chorégraphie. Il regarde le public, regarde s’il connaît quelqu’un. Parce qu’il apprécie quand c’est le cas. Pas pour faire la causette, mais parce que ça lui ouvre tout plein de possibilités. Il a toujours le numéro de ce président de cette marque pharmaceutique qui lui doit “un service” contre son silence. Il le garde pour un meilleur moment, pour un jour où il en aura vraiment besoin. Et ses yeux finissent par tomber sur quelqu’un. Bingo. Il le reconnaît comme connu, mais c’est tout. Il n’arrive pas vraiment à mettre un nom sur la personne, bien qu’il réussisse à mettre une profession sans souci : acteur. Il a la tête de l’emploi. Il ne le lâche plus le reste du temps de sa représentation. Joue avec son regard, avec ses potentiels désirs.
La musique se termine, Miki descend de scène, et ne retire pas son masque. Il met une robe de soie noir qui fait tâche dans le paysage de cigarettes et de cuir qui l’attend dans la salle principale. Mais il n’y fait pas attention, et se dirige tout droit vers le jeune homme qui a son attention. Il s’assoit sur le tabouret à côté de lui, au bar, et tourne son corps face à lui, l’invitant à le regarder.
”Salut toi… Le spectacle t’a plu ?” Il se laisse rien au hasard lorsqu’il joue avec la ceinture qui tient la robe de soie fermée sur son corps sur lequel il ne reste qu’un caleçon noir qui ne laisse aucune place à l’imagination.