(Ryubi) Cowboy coffee

Cowboy coffee ★ I like me better when I'm with you.
(I like me better)
Outfit On lui avait tout de suite demandé comment elle s’était blessée. On ne photographiait que son visage, mais la curiosité faisait partie de son quotidien. Elle avait seulement avoué avoir trébuché dans la cours de l’université. Elle était bien trop fière pour confesser avoir passé la soirée avec un inconnu qui n’était clairement pas de sa classe. Et ce type dont elle ne connaissait pas le nom, elle n’arrivait pas à le sortir de sa tête. Elle avait même osé poster sur son compte Instagram une photo sous entendant une nuit de folie. Elaina, elle perdait la tête. Il n’y avait pas d’autre explication. Parce qu’elle était dans sa voiture depuis plus d’une heure maintenant. Le regard rivé sur la porte de l’immeuble de ce crétin. Elle tenait dans la main une boite avec le dernier téléphone à la mode. Elle y avait même entré son numéro ainsi que son nom. MAIS POURQUOI ?

Et pourquoi il ne sortait pas ? Elle n’avait pas prévu de rester en planque durant le reste de la journée. Elle était mannequin pas flic. Mais Tanaka san semblait serein et presque amusé par son attitude.  « Vous ne dites rien, mais je sais très bien ce que vous pensez ! Et ce n’est pas ça du tout.» Depuis quand est-ce que madame la comtesse devait se justifier ? Agacée, elle ne cessait de regarder sa montre et enfin l’enfant terrible osait se montrer. Dans une tenue toujours affreuse. Elaina, elle était un peu plus sobre pour une fois. Descendant du véhicule elle traversait pour se retrouver sur le même trottoir et le bousculer en marchant. Le hasard bien évidemment. Quoi d’autre ?  « Hey, vous pouvez pas faire attention un peu.» qu’elle disait en levant le regard. Quelle actrice !  « Ah ! C’est toi.» Etonnant. Elle n’avait absolument rien à faire dans ce quartier. Ce n’était ni son terrain de jeu, ni un endroit très agréable.  « Qu’est-ce que tu fais là ?» Il habitait ici. Tu l’avais déposé quelques jours plus tôt.

Elle n’allait jamais s'en sortir dans ses mensonges, alors elle reprenait bien vite la parole.  « Ça tombe bien, t’as de la chance qu’on se croise. Je devais faire gagner un téléphone à un de mes abonnés, mais tu peux l’avoir si tu veux ? » Crédibilité zéro ? Absolument. Mais elle ne pouvait pas avouer qu’elle se sentait mal à l’aise de lui avoir fait perdre son portable. Qu’elle lui en avait acheté un. Et qu’en plus, elle l’avait surveillé pour le « croiser. » Creepy. Et il ne s’était pas abonné à son compte. La plus grande des priorités.

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Il restait des traces sur ton visage de cette nuit mouvementée, un oeil légèrement violine que tu arborais l'air fier et bombant le torse, oui ce sont les traces de l'héroïsme, enfin, c'est ce que tu laisses croire. Papis et mamies n'ont pas besoin de savoir la vérité, ce qu'il s'est réellement passé ce soir-là, non, ils ont besoin de rêver, ils ont besoin de tes histoires, de toi qui les fait rire alors c'est ce que tu fais.
Ce matin, tu étais étrangement motivé à aller travailler ; tu n'avais qu'une envie, c'était d'ouvrir tes bains qui resteraient vides très probablement jusqu'en fin de matinée, parfois même en fin d'après-midi mais tu ne te sens jamais vraiment seul, c'est étrange. Tu trouves toujours quelque chose à faire, une cigarette à fumer devant la porte, un chat à nourrir, un message à envoyer à tes meilleurs amis.
Ah. Maintenant que tu y penses, peut-être que quelque chose te manquait, finalement. Tu te demandes souvent comment elle va, est-ce que vous vous reverrez un jour ? Tu n'es même pas certain qu'elle reviendrait pour ce dit café et tu n'as aucun moyen de la contacter ni même de la croiser au hasard au milieu du grand Tokyo.
Quand on cherche quelque chose, on le trouve rarement.

Perdu dans tes pensées (tu te demandais si maman allait bien, est-ce qu'elle paniquait de ne pas t'avoir au téléphone ?), tu ne t'es pas rendu compte que quelqu'un arrivait en face de toi, quelqu'un ici, à cette heure-ci ? Improbable, impossible, impensable.
La voix qui résonne te fait relever la tête, tu restes bête, tu as l'air bête, tu bégayes un "Quoi ?" inaudible avant de te mettre à rire, encore, arrêtes-tu un jour ? "Yo, va falloir arrêter de me faire du rentre dedans." Tu lances cette remarque comme si de rien était, ça t'amuse, ça te fait rire, c'est reparti.
La question te semblait étrange, tu plisses les yeux. Tu es peut-être idiot, mais pas à ce point-là non plus est tu es presque certain que celle qui n'est pas au bon endroit, c'est elle et pas toi mais elle ne te laisse pas le temps de répondre, tout va très vite, elle a peut-être articulé plus de mots en une minute que lors de cette soirée.
Incroyable. Tu ne sais pas comment réagir, tu es un peu perdu, à vrai dire.

"Quoi ?" Tu réitères ta question, plus fort, pour qu'elle t'entende cette fois, "Attends, c'est trop bizarre." Il y a anguille sous roche et l'anguille danse, "T'as quelque chose dans le coin ? Un... Photoshoot ? Quelque chose du genre ? Trop bizarre." Et c'est tellement bizarre que tu en aurais presque oublié le principal de cette conversation.
"Pour moi ? Alors que c'était pour un concours ? Tu fais quoi de l'abonné qui a gagné ? Wow, tu fais des jolis cadeaux à tes abonnés quand même..." Tu ne te le fais pas dire deux fois, cependant, et prends la boîte de téléphone, "Apparemment, je suis vraiment chanceux...!" Sourire jusqu'aux oreilles, tu sembles vraiment satisfait de ton cadeau, "Quel hasard." et ton regard appuyé lui fait comprendre que tu ne crois pas un seul mot de ce qu'elle t'a dit.
Toi aussi, tu es bon menteur ; on apprend pas au vieux singe à faire la grimace, malheureusement.

"Il y a une machine pas loin, j'allais pour un café. Ca te dit ? Pour te remercier de ce cadeau..." que tu avais bien mérité, mais ça, tu ne le diras pas, "Vraiment cool de te recroiser, je me demandais comme tu allais, ça va ? T'es sûre que t'es pas perdue, hein ?" C'est que tout ça est vraiment étrange pour toi.

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Yo. Il n’avait pas perdu sa mauvaise habitude. Et comme prévu son oeil était d’une couleur des plus disgracieuse. Qui n’avait pas de glace dans son congélateur ? Elle lui avait pourtant dit de faire attention. Il suffisait de quelques touches de fond de teint pour dissimuler la trace de sa mise à tabac. Parce qu’Elaina, elle connaissait la vérité. Mais elle se doutait qu’il n’était pas du genre à s’inquiéter de son physique. Un assortiment de différentes pièces qui ne s’accordaient absolument pas. Il était toujours fascinant.  « Quoi ? Y’a rien de bizarre. Le seul truc bizarre ici c’est toi. » qu’elle disait en tirant doucement sur la manche de sa veste. Porter ce genre de vêtement aurait dû être illégal.  « Ouais. J’avais un rendez-vous pas loin. » Menteuse.

Elle se sentait stupide à lui tendre le téléphone, alors qu’il posait son regard ahuri sur elle. Ah Lena, elle n’avait jamais été très doué avec les gens et encore moins avec les hommes. Elle avait tout d’une grande sur ses photos, mais sa vie privée était un véritable champ de bataille. Se balançant d’un pied sur l’autre, elle occupait ses mains à remettre ses cheveux en place.  « J’en rachèterais un autre. J’ai un partenariat avec Samsung, au pire j’en demanderais un pour mon abonné. » Ce qui était la première vérité qui sortait de sa bouche. Stressée qu’elle était, elle ne se rendait pas compte qu’il faisait semblant de la croire. Parce que la mannequin, elle était plutôt fière de son plan.

Un plan merdique que lui aurait dit Lyka si elle avait abordé le sujet. Mais elle avait beaucoup trop honte de lui pour en parler à son entourage.  « Faut croire que c’est le destin.» Ou sa folie. Elle plissait son nez à l’entente du mot café. Elle y avait échappé la dernière fois.  « Ton café en cannette ? » C’était pour la remercier, elle ne pouvait pas refuser. Parce que c’était bien connu. Elaina était polie.  « Pourquoi je me serais perdue ? » qu’elle demandait en haussant les épaules alors qu’elle marchait à nouveau à ses côtés. Elle ne se gênait pas pour le détailler à nouveau du regard à la lumière du soleil.  « Grave cool. » Il lui faisait dire n’importe quoi.  « Mon genou est guérit. » Et elle s’arrêtait un instant pour tendre sa jambe et prouver que l’égratignure avait disparu.  « Par contre ton oeil… ça fait négligé. » Comme le reste de son look.  « T’étais vraiment au max de l’élégance la dernière fois ?» C’était certain. Ce qu’il portait le mieux. C’était la couverture.

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Si tu n'avais pas compris qu'elle et toi vous n'étiez pas du même monde, elle venait d'enfoncer le clou en quelques mots. Un partenariat avec Samsung, tu as vraiment l'impression que c'est un autre monde. Une autre vie, probablement. Tu ne veux pas trop y penser, tu trouves ça gigantesque, ça donne presque le vertige. Tout ce que cela représente, ça t'échappe et tu es presque heureux de ne jamais l'avoir touché du doigt.
Mais tu es toujours d'avis que ses abonnés avaient de la chance ; tu n'as jamais gagné un seul concours et ce n'est pas faute d'y avoir participé, d'avoir tagué la plupart de tes amis, de leur avoir demandé de commenter aussi, ça n'avait jamais marché. Maintenant, tu es curieux de savoir si ces histoires sont truquées mais tu es presque sûr que ce n'est pas le moment de le demander, dommage, plus tard peut-être, si tu en as l'occasion.

Destiné devait bien se moquer de vous si c'était le cas, mais tu lui laisses le bénéfices du doute, on est tous innocent tant que le contraire n'a pas été prouvé et tu n'avais aucun moyen de dire qu'elle l'avait fait exprès (si ce n'est que tu ne l'avais jamais vu dans le quartier)(mais après tout, il n'est pas à toi, alors qui sait). "Mon café en canette. C'est que j'étais sur le chemin du boulot, tu vois..." Toi, tu partais travailler tôt le matin.
Mais elle aussi, apparemment, si tu l'écoutais.
Tu as le sourire aux lèvres. Grave cool. Ce n'est pas toi qui l'a dit, mais tu es d'accord. Grave cool de se croiser au hasard comme ça le matin. Tu es presque rassuré pour son genoux mais ce n'est pas très étonnant non plus, c'était presque moins pire que les égratignures que tu récupérais enfant lorsque tu escaladais les collines. Mais c'est qu'elle ne doit pas connaître ça, "C'est pour ça que tu exposes tes jambes aujourd'hui, avoue tu frimes" que tu dis en rigolant, n'importe quoi.

Tu n'avais pas menti et le distributeur était réellement tout à côté de chez toi, c'est peut-être pour cela aussi que tu avais pris l'habitude de le boire (c'est que tu n'avais pas encore acheté de machine à café), "quoi ? pourquoi ? elle a quoi ma tenue ? je vais travailler, j'ai pas besoin de me faire super beau, si ?" tu fais la moue, tu tends un peu les bras à l'horizontal pour te regarder. Tu ne comprends vraiment pas ce qu'elle reproche à ta tenue, "Je peux faire encore mieux mais ça sert à quoi..." C'est que malgré ton style et tes cheveux en bataille, tu sembles séduire tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi). "T'as qu'à m'donner des cours." Tu grimaces, mauvaise idée.
La canette fait un bruit sourd lorsqu'elle tombe et tu la récupères presque fier de toi, puis galant comme maman te l'a appris, tu l'as ouverte pour la jeune femme ; c'est tout ce que tu as retenu de ces leçons. Prenant la même chose pour toi, tu ne peux que demander, "Je te propose pas de t'asseoir, tu m'accompagnes jusqu'au boulot ?" sauf si elle ne voulait pas rester, mais tu en doutes, "j'te lâche pas tant que je suis pas sûr que le téléphone fonctionne, en fait" et une fois cela dit, voilà que tu l'embarques, ton bras sur ses épaules, trop à l'aise, sans demander encore.

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 « Parce que y’a des gens qui prennent des douche à cette heure ci ?» Toujours en délicatesse. Il pouvait bien prendre le temps d’accepter son cadeau et de la remercier durant plusieurs heures non ? Ses petits vieux ils avaient tout la journée pour venir et elle se doutait que les femmes ne se pointaient que pour mater un petit jeune en pleine force de l’âge, même s’il n’y avait absolument rien à deviner sous ses fringues trop larges. Elaina, elle savait ce qui se cachait la dessous. Dans ta face mamie. Et le respect des ainés ? Très peu pour elle. En plus elle ne frimait même pas. Ou peut-être juste un peu. Elle avait pour habitude d’exposer ses jambes dorées. Elle était loin des standards de beauté du Japon. Sa peau n’était pas pâle, et elle n’était pas fine comme une asperge, contrairement à lui.  « Pff n’importe quoi. Mes jambes sont célèbres, alors j’offre une jolie vue pour illuminer la journée de certaines personnes.» Ego surdimensionné ? Mh… Non ?

 « Ton pantalon est trop court, ta veste trop large et elle ne va pas avec tout le reste et je ne parle pas de ces hideuses baskets abimées. T’accueilles des gens non ? Alors c’est important l’image que tu renvoies. » C’était la base de la vente. Elle avait presque oublié qu’il n’avait absolument aucun diplôme. Peut-être qu’il pouvait aussi arranger sa coupe de cheveux.  « Tu veux vraiment que je te relooke ? Je sais pas si t’es prêt pour ça.» Et Elaina n’était sûrement pas prête à découvrir sa garde robe. Il fallait s’endurcir avant. Une idée bien vite oubliée quand il lui tendait une canette qui sortait tout droit d’un nid à microbes. Elle plissait à nouveau le nez en fronçant les sourcils, sans le remercier, bien évidemment.  « Personne est mort avec ce truc ? » Même l’odeur était aussi fade que lui.

Il buvait cette horreur tous les matins ?  « Tu me prends pour qui ? Bien sûr qu’il fonctionne.» Elle s’en était assurée en y ajoutant son numéro. Et trop concentrée sur l’arme chimique qu’elle avait entre les mains, elle l’autorisait à laisser son bras autour de ses épaules. C’était que ça devenait une drôle d’habitude.  « Hey, tu vas enfin pouvoir suivre mon compte Insta comme ça.» C’était le minimum pour la récompenser de porter la canette à ses lèvres. Un truc de sauvage ça encore. Le goût était aussi immonde que l’odeur. Et sans dramatiser ? Ce n’était pas si mauvais.  « T’aime vraiment ça ? C’est parce que t’as jamais bu un vrai café je suis sûre.» Elle avait envie de le secouer. Le rendre plus ambitieux.  « Alors ils en ont pensé quoi tes copains de ton oeil au beurre noir ?» Un véritable gangster des bacs à sable.

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Des jambes célèbres... Ce qu'il ne fallait pas entendre... Tu es un peu dépassé par les événements, et plus elle te parle de son monde plus les choses t'échappent. Tu ne sais pas qui est heureux de voir ses jambes, mais tu avoueras que toi, ça ne te dérange pas tellement, finalement. Tu n'étais pas assez sobre pour vraiment te rendre compte qu'il n'y a pas de doutes sur sa position méritée de mannequin ou de tu ne sais quoi (malgré sa taille)(mais tu te souviens, ce n'est pas important qu'elle t'avait dit).

Elle semble critiquer l'ensemble de ta tenue, et toi qui pensait t'être bien habillé ce matin, avoir fait quelques efforts, elle avait écrasé cela tout d'un coup, piétiné ta satisfaction. "Je suis derrière une vitre toute la journée, puis au moins moi je suis habillé..." C'est qu'ils doivent s'en ficher de ce que tu portes ou pas, ils ne sont pas pour toi réellement (enfin tu crois) mais plutôt pour l'aspect pratique de la chose (tu crois aussi), tu n'es plus sûr de rien soudainement.
Tu vacilles. Il t'en faut pas, c'est vrai.
"Je suis toujours vivant donc non, personne n'est mort." Logique implacable mais au vu de ton taux de consommation, tu bois bien pour tout le monde. Si tu n'es pas mort, qui mourrait ? Elle a bien du voir que sa chère destiné ne t'aimait pas vraiment, alors si tu devais mourir... Tu ne préfères pas y penser, c'est stupide.

Un rire t'échappe, "Ah ! Le plus important, l'compte insta... Mais vue  ce qui est arrivé la dernière fois, j'sais pas trop si j'ai envie d'le faire, en fait." Peut-être que destiné ne voulait pas que tu te tiennes au courant de ses activités, peut-être que tu t'égarais du droit chemin.
Plutôt elle que toi, à vrai dire, mais tu n'en feras pas la remarque (elle ne comprendrait pas).
Tu la regardes boire à la canette comme un enfant regarderait des cadeaux sous le sapin de noël et après ses quelques gorgées, tu mimes un applaudissement (tes mains pleines t'empêchent de le faire réellement), "dans trois secondes peut-être que tu vas mourir..." et maintenant que tu as dit ça, tu te mets à rire avant de piquer quelques gorgées de ton propre café, plutôt fier de toi.
C'est que tu avais dévergondé la princesse, s'ils savaient. "Maman faisait le café. J'ai juste pas eu le temps, puis pas envie, puis flemme..." Tu ne sais pas si ça compte comme justification, la procrastination mais tu as tendance à trouver que c'est une bonne raison.

"Déjà, grave jaloux. Ca leur arrive pas souvent ce genre de choses, donc j'ai pu grave m'afficher. après j'ai un peu trafiqué l'histoire quand même parce que sinon ça fait vraiment nul, du coup j'ai dit que je t'avais sauvé de ce mec et qu'il était super pas content...", une gorgée de café, "et c'est comme ça qu'on avait fini par se battre..." Tu étais plutôt satisfait de ton histoire, une belle pièce montée, ton plus beau mensonge, "puis j'ai fini dans la rivière et que j'ai failli mourir mais que grâce à toi j'ai pu m'en sortir, du coup t'es un peu l'héroïne de l'histoire aussi !" Tu lui avais donné du crédit sans qu'elle n'ait rien demandé, nouvelle gorgée, c'est que ça se finit trop vite ces choses, tu as l'impression de n'avoir rien bu (tu dévores simplement) lorsque tu appuies sur la canette pour t'écraser, "mon seul problème. Et c'est un gros problème." Tu t'arrêtes en chemin pour prendre l'air sérieux, "C'est que je pouvais ni donner ton insta... Ni ton prénom... Du coup, ils m'ont pas trop cru.." et plouf l'histoire tombée à l'eau, comme toi. Fierté mal placée, ça joue des tours.

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Il fallait tout leur apprendre à ces campagnards. Mais il fallait y aller par étape. Et Elaina, elle venait de faire la liste de tout ce qui n’allait pas. Les étapes, elle les avait regroupé en une seule. C’était une femme occupée. Occupée à le surveiller… Elle acceptait même de goûter à son café, non sans discuter, mais elle l’avait fait. Ouhou c’était qu’elle était capable de prendre des risques la mannequin ! Il ne fallait pas la sous-estimer.  « Ouais mais toi t’as grandi dans la forêt avec les loups. T’es pas délicat. Tu survis à tout.» Comme les cafards ? 
Il se remettait à rire. Encore ? Il avait vraiment un problème ce type ? Il n’y avait absolument rien d’amusant dans cette conversation. Il lui avait dit qu’il ne la trouvait pas drôle, mais elle pouvait l’être si elle voulait ! Bon peut-être pas dans l’immédiat. Et non elle n’allait pas chercher sur Google « comment faire des blagues ». Ou peut-être que si. Monsieur Tanaka avait peut-être des conseils à lui prodiguer.  « Je t’ai donné un téléphone, ça fait partie du contrat. » Quel contrat ?

Elle lui donnait un petit coup de coude dans les cotes quand il faisait semblait d’applaudir. Il la prenait vraiment pour une enfant ? Ce qu’elle pouvait être, très souvent, quand elle le décidait.  « T’as pas perdu ton humour à ce que je vois. » qu’elle disait dans une grimace. Ce qu’il était agaçant avec son air d’abruti heureux. Comment est-ce qu’il faisait pour se sentir si bien dans des fringues minables et avec un boulot tout aussi bidon ?  « Ah t’es un fils à maman alors.» Ce qui en soit, ne l’étonnait pas vraiment. Est-ce qu’il savait cuisiner ? Parce qu’Elaina, elle ne savait même pas comment préparer des ramen instantanés. Elle avait un jour tenté de préparer des cookies pour ses camarades de classe et ils avaient tous fini malade. Son père ne l’avait plus jamais autorisé à mettre un pied dans la cuisine. Un souvenir qui lui serrait le coeur. Le passé devait rester enterré.

Elle écoutait son histoire, un léger sourire aux lèvres. Personne ne pouvait croire à son histoire. Ses mots il sonnaient simplement comme un rêve. Et pourtant, il n’était pas si loin de la réalité.  « Quel sauvage…» qu’elle disait en le voyant écraser la canette avant de lui tendre la sienne.  « Tu peux finir le mien si tu veux.» Non, il n’était pas sa poubelle. Il ne fallait simplement pas gâcher. Levant la tête pour le regarder, elle se demandait s’il était sérieux.  « Si t’avais donné mon nom tu serais encore plus passé pour un menteur crois moi. » Il ne lui avait toujours pas donné le sien et elle était trop fière pour faire le premier pas. Mais elle se penchait pour lui reprendre le téléphone dans la main pour en ouvrir l’appareil photo.  « Arrêtes toi. Et tournes toi juste un peu. Baisses toi aussi…» Parce qu’elle avait l’air d’une naine à côté. Et elle préférait jouer le rôle de blanche neige plutôt que celui de grincheux.  « Attends ça va pas.» Elle se retournait et sans lui demander la permission, elle tirait sur la fermeture de sa veste pour l'ouvrir avant de murmurer un  « J’espère que t’as les cheveux propres depuis la dernière fois…» Et elle glissait une main dans sac tignasse pour tenter de lui donner une forme presque correcte.  « Ça fera l’affaire. » Dans ces conditions, elle ne pouvait pas faire mieux. Elle offrait son sourire spécial photo à la caméra avant d’immortaliser cet instant.  « T’auras qu’à leur montrer ça la prochaine fois. T’auras l’air grave cool.» Ouais. Grave cool.

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Tu aimerais bien être un fils à maman. Les choses seraient plus simples si c'était le cas. Être un fils à maman, c'est simple. Tu ne fais rien, pas grand chose, et tu peux traîner dans les jupons de maman sans qu'elle te dise quoi que ce soit. Toi, t'étais plutôt celui qu'on a oublié. Maman, ton existence, elle n'en voulait pas. Maman, elle te regardait souvent de travers, maman elle pensait que tu étais une erreur et peut-être qu'elle n'avait pas tort.
Tu étais très probablement une erreur, sa plus belle erreur et même si tu es né dans le regret, toi, tu es heureux de vivre. Maman te disait toujours de sourire, de rire, parce que c'est tout ce que tu pouvais faire pour affronter ses larmes, parce que tu lui avais juré de profiter de la vie autant que tu le pouvais, cette vie qu'elle t'a donné contre son gré.
Maman, elle te hait mais elle ne te le dira jamais, alors tu te tais.

"avoue, tu admires ma force." Elle était jalouse, c'es tout, mais tu acceptes sa canette (on ne gaspille pas, tu ne vas pas jeter de l'argent par les fenêtres comme ça) avec plaisir et termine son contenu sans trop réfléchir à autre chose. Tu as l'habitude de passer derrière les gens, les fonds de bouteille ça te connaît, et lorsque tu as terminé, tu as appuies sur la deuxième canette.
Une bonne chose de faite.
Etrangement, le café n'avait pas le même goût ce matin.
Maintenant que tu avais fini ton business, tu étais prêt à jeter un coup d'oeil au téléphone qu'elle t'avait offert mais tu n'as pas eu le temps ne serait-ce que de regarder l'écran que soudainement, elle te le prend des mains, "hééé", tu râles, à ça d'appeler au voleur (ce n'est pas comme si on allait beaucoup t'aider de toute manière, la situation était ridicule), mais voilà qu'elle te donne des ordres, encore. Tu as presque l'impression d'être son animal de compagnie. C'était peut-être ça, en fait. Pourtant, tu t'exécutes sans réellement savoir ce qu'elle voulait, tu fais la tête parce que c'est pas super agréable de devoir plier les jambes pour se mettre à sa hauteur (où sont passés ses talons ?)(devais-tu te faire couper les jambes ?), "j'ai pris une douche, oui" que tu fais remarquer en soupirant parce que vraiment, n'importe quoi. T'as des bains, pourquoi tu ne serais pas propre ? "Tu me déshabilles encore..., nonchalance amusée.

Tu as à peine le temps de sourire quand tu comprends ce qu'elle veut faire, une photo. Evidemment, les choses semblaient logiques maintenant. Un léger rire t'échappe, "tu les connais pas, ça se voit, ils sont capable de dire que je me suis photoshop avec toi là" que tu fais remarquer en fixant la photo. Quelque chose te chiffonne, tu sembles fixer le téléphone un peu trop longtemps, puis tu la regardes, "bah t'es mieux quand tu souris pas comme dans une pub pour dentifrice, quand même...". Mais ouais, elle a raison, c'est grave cool, cette histoire. "Il est où ton téléphone, à toi ? T'as intérêt à me montrer aussi, on s'fait pas tous les jours un pote comme moi !" Bien sûr que tu la taquines, tu sais que c'est impossible, "d'ailleurs, j'ai plus la photo que tu as prise de moi..." et tu dis ça presque boudeur, presque attristé.
C'est qu'elle était belle cette photo, toi, tu l'aimais bien. Elle rappelait de bons souvenirs.
"Attend je la mets en fond d'écran, c'est pas tous les jours que j'ai une photo avec une star !" et aussitôt dit, aussitôt fait. Bam, comme ça.
"Yo, du coup, c'est quoi ton insta ?" parce qu'apparemment, c'était dans le contrat.

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Il avait écrasé une canette, pas trainer un quinze tonnes à bout de bras. Mais elle voulait bien le laisser frimer juste un peu. Ça avait l’air de le rendre heureux, et peut-être que ça la rendrait aussi un peu plus heureuse ? Il avait l’air d’aimer ça. Être le centre de l’attention, et elle pouvait au moins l’aider à se la jouer devant ses faces de rat de copains. Il trouvait le moyen de râler et c’était un regard autoritaire qu’elle lui avait lancé. Le relooking en pleine rue il attirait quelques regards curieux et elle offrait des sourires aux passants qui semblaient presque attendris par la scène. Il n’imaginait simplement pas qu’elle était en train de le traiter comme un objet. Une fille si jolie. Si douce. Jamais. Elle était au moins ravie de savoir qu’il avait pris une douche. Difficile à deviner quand on se trimballait dans une tenue de sans abris.  « Je ne te déshabille pas crétin, je te donne l’occasion de pas être trop mal. » Et il avait de la chance, qu’elle ne lui fasse ouvrir que sa veste.

Le photo prise, elle lui rendait sa liberté.  « C’est bon t’as fini de bouder ? »  qu’elle demandait dans un soupire agacé. Mais c’était son genre, de critiquer ses décisions. Et son sourire apparemment. Il voulait la pousser à bout ? Alors elle sortait son propre téléphone, et l’attrapait par le col de son T-shirt pour le faire se baisser à nouveau. Cette fois ci elle tirait simplement la langue dans une petite grimace.  « C’est bon ? Ça fait moins pub de dentifrice monsieur le professionnel ? » Cette photo, elle n’allait clairement pas la montrer à ses amis. Le portable de retour dans la poche de sa jupe en jean elle haussait les épaules.  « On aura qu’à y retourner. A tes risques et périls. » Il était du genre à prendre des risques ? Et s’il restait éloigné du bord, peut-être qu’il pourrait s’éviter une baignade nocturne.

 « Qu’est-ce que tu fous ??? » qu’elle demandait en fixant l’écran. Elle relevait le regard plein d’incompréhension pour croiser le sien. MAIS IL ETAIT MALADE OU QUOI ?!  « Ouais bah…La laisse pas trop longtemps non plus.» Le nez plissé et l’air renfrogné, elle se connectait à l’application, déjà installée par ses soins, à la recherche de son compte.  « Voilà. BOOM Bébé ! » Ce n’était pas comme si un abonné de plus allait changé quoi que ce soit.  « Connecte toi et appuie sur le bouton. Je veux être sûre que tu le fasse vraiment. » Non, elle était loin d’être chiante Elaina. Quelle idée saugrenue. Elle se demandait d’ailleurs à quoi ressemblait son profil à lui… Bonne question. Mais ce n’était pas le moment d’y réfléchir, elle aurait le temps d’analyser toutes ses photos une fois bien installée dans son lit ce soir. Parce que oui, elle allait le follow back. C’était dans un coup coude qu’elle lui faisait signe d’avancer. Ce n’était pas elle qui allait être en retard à son boulot.

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T'avais pas fini de bouder, loin de là. Toi, tu ne te laisses pas faire, et encore moins tu te laisses arnaquer comme ça. Pourquoi toi tu avais la photo colgate et pas elle ? C'était injuste et tu étais tout pour l'égalité des hommes et des femmes, "j'espère que tu vas m'envoyer celle-là aussi !" Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu tiens autant à récupérer une photo, mais vraiment, ça semblait te tenir à coeur, cette histoire et quand tu veux quelque chose, tu n'abandonnes pas. "J'suis peut-être pas pro, mais tu l'as fait..." Innocente remarque, mais tu es presque sûr que ça aussi, elle va le relever, parce qu'elle ne laisse rien passer. C'est ce qui est drôle avec elle.
Tu t'amuses.

Tu admirais ton nouveau fond d'écran, plutôt satisfait de toi. Ca rendait bien, grave cool ce téléphone, vraiment pas mal, encore mieux que ton précédent (et tu n'avais jamais espéré t'offrir quelque chose du genre). C'est soudainement que tu t'es rendu compte que tu n'avais jamais vraiment dit merci ou peut-être que si, mais tu as oublié, en fait. "Boom bébé..." que tu répètes après elle, presque choqué, tu as vraiment l'impression de découvrir de nouvelles choses toutes les secondes.
Fasciné, c'est sûrement ce que tu es à l'instant. Fasciné par tant de stupidité, tu ne parles pas d'elle, non, mais de tout ça, c'est vraiment n'importe quoi et même si tu voulais t'en venter, tu es presque certain que personne ne te croira. "Oui m'dame, à vos ordres m'dam." Tu es concentré sur ton écran tout en reprenant ton chemin (l'heure tourne et tu n'avoueras jamais qu'arriver en retard est une de tes spécialités). Par simple réflexe, ou peut-être pas, tu viens te tenir à son épaule, c'est au cas où un poteau se glisse soudainement sur ta route et que tu ne le vois pas.
Tu n'es pas très doué et tu n'as pas beaucoup de chance.
"Voilà." c'était fait, tu étais abonné, tu avais succombé à la société d'apparence, vraiment faible (tu exagères). "Mori Elaina ?" que tu dis alors en la regardant, "Elaina, donc." maintenant, tu savais son prénom. 1-0, tu n'avais pas dit le tien en premier. "Enchanté Elaina", même si tu la connaissais depuis plusieurs jours maintenant, savoir son prénom donnait l'impression de la rencontrer pour de vrai.

Tu ne t'es pas arrêté là, oh non, tu as quand même jeté un coup d'oeil à la plupart de ses photos, parce que tu étais curieux et voilà que tu laisses plusieurs commentaires à voix haute, oh c'est cool ça, wah t'es une vraie pro en fait, c'est quoi ce nombre d'abonnés, avoue tu as acheté des bots parce que tu ne pouvais pas croire à tout ça, mais si, c'était la réalité. Puis tu plisses un peu le nez et tu secoues quelque peu la tête, "hey, t'es vraiment mieux... comme ça..." et en disant cela, tu l'as soudainement montré toute entière d'un geste de la main, "toi-même", ou presque, parce qu'on est jamais vraiment soi-même. "C'est cool, t'as l'air d'avoir une vie cool quand même... J'suis jaloux." et tu rigoles.
Ce n'est pas vrai, ou peut-être un peu si, tu ne sais plus trop ce que tu veux.
Il ne te fallut pas plus de temps pour atteindre ton lieu de travail ; c'était une bâtisse tout à fait présentable sur laquelle il était écrit en gros sento afin d'annoncer la présence de bains publics, mais comme tu t'en doutais, personne à l'horizon. Et maintenant, tu avais envie de faire l'enfant. "J'veux pas aller travailler..." Ce n'est pas comme si tu étais vraiment obligé de toute manière, si ? Tu ne sais pas. Sûrement, c'est ce qu'on appelle les responsabilités. "Tu veux visiter peut-être ?" que tu demandes en pointant du doigt ce qui était tout de même ta fierté, "J'suis sûr que t'en as jamais vu, tu peux pas rater ça quand même, en plus j'ai grave nettoyé hier soir, c'est tout propre !" comme toujours, mais ça, tu ne le dis pas.

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