fantasy ft kyōdō lyka

▬ Rouge et noir. Ces couleurs qu’il adorait revêtir. Le rouge du feu, du sang, de la renaissance. Le noir de la subtilité, l’obscurité, le mystère. Le contraste sur sa peau pâle avait une certaine élégance, mais son apparence projetait un sentiment particulier sur les gens qui passaient près de lui. Comme si sa présence était acceptée, bien que vu comme quelque chose d’étrange, de presque fantaisiste. Un garçon à l’allure féérique, les yeux autrefois marrons cachés sous des lentilles colorées. Un pas décidé, franc, une étincelle dans le regard. Une vision surnaturelle, soulignée par une confiance en sois que certains tokyoïtes se surprenaient à lui envier, parfois. Et Haru lui-même en venait à se jalouser quand il observait son reflet dans le miroir avant de sortir. Quand il voyait ces yeux subtilement accentué de eyeliner noir le détailler en silence, ce fin sourire moqueur formant ses lèvres, son visage autrefois neutre s’illuminant face à la soirée à venir, il ne pouvait s’empêcher d’avoir une petite boule au fond de l’estomac, un sentiment de pitié pour la version de lui-même qui pliait dès que le ton montait en présence de son père, qu’il finissait toujours par chasser avant de se faufiler par sa fenêtre. Se glissant dans l’arbre qui se hissait fièrement tout près et de mettre un pied chaussé de botte à talon compensé au sol pour filer sous le couvert de la nuit. Revêtant sa personnalité favorite, se cachant sous le nom qu’il s’était choisis et laissant derrière les problèmes de la famille, de l’école, le stresse et les tracas. Pour les gens extérieur, se donner un pseudonyme lorsqu’on sortait en boîte pouvait sembler un peu idiot. Mais pour Haru, c’était la meilleure façon qu’il avait trouvé pour se dissocier de tout ce qu’il souhaitait oublier.

Musique dans les oreilles et lumières écoeurantes, voilà ce qu’il chassait sans arrêt. Les corps qui se mouvaient autour de lui, les échos de rire et de vie, les odeurs d’alcool et de sueurs, sans compter les substances suspectes passant de mains en mains. Une personne chaste aurait tournée les talons et se serait enfui. Haru s’y jetait plutôt corps et âme, se laissant avaler par cette liberté qu’il ne pouvait vivre qu’à la nuit tombé. Se noyant parmis les âmes à la recherche d’émotions fortes, d’oubli de soi. Fermant les yeux pour suivre le courant, dirigé par les sons électroniques. Tendant les bras avant de porter les mains à ses lèvres pour avaler les remèdes à ses maux, qu’il s’agisse d’alcool ou d’autres. Les heures passaient, s’écoulant toujours trop rapidement à son goût, et il en était déjà à la moitié de la nuit lorsqu’il pris enfin une pause dans ce rêve, reculant vers un coin plus tranquille et donnant un malencontreux coup de coude à une inconnue. Tournant brusquement la tête vers elle avant de lui offrir un sourire dans une tentative de se faire pardonner de son inattention qui, il espérait, n’avait pas fait trop de dégât ou renverser un verre. Le ton léger et la formulation bien moins strict que ce que son père aurait voulu, très probablement, il parlait d’une voix forte pour couvrir la mélodie qui retentissait toujours. « Désolé. Je t’avais pas vu »  

▬ Il n’était pas encore autant sous l’influence des substances qu’il le pouvait pour l'instant. Son esprit n’était pas encore totalement détaché de ces vies, de ces problèmes. Quelque part dans le fond de son crâne flottait encore les plans d’un devoir qu’il devait terminer pour la semaine suivante. Dans un coin différent, il y avait aussi la menace de son père, de l’avoir en pleine forme pour le weekend prochain, comme une épée de damoclès suspendue au-dessus de sa tête et descendant lentement vers lui. Presque insatiable, une soif qui n’était jamais étanchée, il lui en fallait plus. Toujours plus. Plus d’alcool, plus de drogue. Plus de musique et plus de corps bougeant contre le sien. En ce moment, il n’en avait jamais assez. Alors quand la femme face à lui tituba légèrement, il eu le réflexe de tendre les bras, dans une tentative un peu inutile de l’aider à se remettre sur pied, puisque son cerveau ne s’était pas encore abandonné et qu’il n’avait pas oublié les bonnes manières qu’on y avait enfoncé à coup d’enseignement strict et de ton froid. Il ramena ses mains à lui lorsqu’elle le dévisagea, incertain de s’il était mieux de filer en douce ou de s’excuser de nouveau en lui offrant un verre, serrant un peu la mâchoire. Lorsqu’elle posa la main sur sa joue, il se détendit aussitôt, ravi de voir qu’il n’y avait pas de mal ou de mauvaises intentions dans ce geste, le commentaire finissant de le rassurer.

Haru, dans cet environnement, se laissait facilement approcher. Tournant légèrement la tête pour présenter son oreille aux lèvres de l’inconnue, s’avançant même de quelques millimètres pour lui faciliter la tâche, il affiche un léger sourire amusé à la question.  À son tour, il approche son visage du sien pour répondre de la même manière, le souffle tout contre le lobe de cette nouvelle rencontre. « C’est pas aussi amusant de venir en groupe. » réplique-t-il sur un ton moqueur. Il appréciait sa solitude la majorité du temps, bien qu’il ait son petit groupe d’amis lorsqu’il avait envie d’être accompagné. Mais s’il était solitaire le jour, il l’était presque tout autant la nuit, puisque la liberté ne se vit pas facilement avec quelqu’un dans les pattes, préférant arpenter les ruelles sombres par lui-même lorsqu’il changeait d’endroit ou rentrait après une longue nuit.  « Tu as besoin de compagnie? » Son ton passe subtilement de moqueur à presque charmeur en posant la question. Pas qu’il cherchait quelqu’un chez qui finir la nuit, au contraire - ce soir il avait simplement envie de profiter de la musique. Mais simplement par réflexe. Cette personnalité plus ouverte, plus sur de lui, qui jouait, aguichait, et qui surtout ne se gênait pas pour souffler des sous-entendus quand l’envie lui prenait.

▬ Beaucoup trop facile d’approche. Les pupilles dilatées sous l’effet de quelques substances avalées, un sourire aux lèvres encouragés par l’alcool qui courait déjà le long de ses veines, la réponse de la femme face à lui semblait presque le ravir alors qu’elle lui confirmait ce que lui-même pensait déjà. Sortir en groupe était souvent plus difficiles en ennuyeux que de se débrouiller seul. Sortir avec des potes, c’était rester coincé avec la même bande qui ne voulait pas se lâcher. C’était le manque d’opportunité de rencontrer des gens, de danser avec d’autre. C’était le risque de se perdre de vu et de se faire engueuler après, parce qu’une fois l’alcool de la partie, tout le monde devenait un peu plus susceptible. Et Haru avait autre chose à faire que de gérer les égos fragilisés des gens autour de lui. « Seul, c’est la liberté, non? » répondit-il à femme face à lui avec un sourire en coin, les yeux presque pétillants. Après tout, l’adage n’était-il pas qu’il valait mieux être seul que mal accompagné?

Il suit des yeux le mouvement du mégot qui se retrouve au sol puis bien vite écraser sous la chaussure avant de ramener son regard vers les traits délicats de la jeune femme face à lui suite au commentaire. « Je suis ravi de t’offrir de mon temps, alors. » Sa main se referma presque par réflexe sur les doigts qui effleure sa peau. Les contacts dans ce genre d’ambiance étaient presque naturels. Ce n’était pas rare de voir les corps se coller les uns aux autres, les peaux se rencontrer, voire même parfois des gémissements échappés dans l’obscurité. L’alcool, la drogue, l’ambiance, cet endroit faisait tomber les inhibitions de ceux qui s’y retrouvaient, et même Haru n’était pas très sage quand il se retrouvait dans cet environnement. Il se laissait entraîner par la femme, presque en transe alors qu’il suivait des yeux les mèches cheveux qui semblait presque miroiter sous les lumières stroboscopiques.  Un léger hochement de tête et le voilà qui se dirigeait volontier vers le bar avec elle, considérant que lui-même n’avait pas encore assez bu pour être satisfait, se faufilant à sa suite entre les gens qui se mouvaient, dansaient, bougeant les bras et donnant des coups de hanche au rythme de la musique qui lui remplissait la tête. « Quel est ton poison? » Lançait-il à la femme une fois arrivé, dans une tentative d’être gentleman pour lui offrir à boire.