wicked game (kazuki)

La nuit était tombée, le silence pesait dans cet appartement vide.
Yugo a fini par laisser tomber son stylo sur son bureau et se lever, il enfila un jeans noir collant avec des trous et une chemise ample et blanche qu’il rentra dans son bas. Les cheveux remis à leur place, il sortit de son appartement et de ce silence qui lui pesait sur le système. Si la solitude lui faisait du bien par moment, ce soir il n’en pouvait plus et rien de mieux que sortir pour s’occuper comme il avait l’habitude de le faire : alcool et sexe. Il avait fini par se promener dans le coin shibuya, le lieu où les bars et les boites de nuit étaient bondés à cette heure plus que tardive.
Son regard s’était posé sur plusieurs passants, cherchant certainement sa proie pour ce soir. Il avait bien sûr souris à quelques demoiselles, se retournant pour les observer. Des jeunes hommes également, des badboy qui se voulaient hétérosexuels mais l’intérêt de yugo semblait les faire changer d’avis. Il comprit quand il vit une grande pub qui couvrait tout un mur, il y était pour une marque de vêtement, posant en compagnie d’une autre mannequin. Ca le fit sourire, alors que sa route continuait. Son bar favori n’était pas loin, il s’y rendait en observant les alentours. Son regard s’accrocha à celui d’un inconnu, il avait trouvé sa proie de ce soir. « salut » lui dit-il avec un sourire charmeur aux lèvres, se posant devant lui sans aucune gêne.

Shibuya comme terrain de jeu. Le quartier animé comme toujours qu’importe l’heure, les saisons. Mais la nuit plus encore Shibuya bourdonne. Résonne de cris et de rires, la ville qui devient le royaume de la jeunesse Tokyoïte. Et Kazuki qui se faufile entre les silhouettes. Le sourire facile, attitude séductrice et les mains agiles. Il ne fait pas ça de gaité de cœur, mais il a vite appris à devenir bon, doué. Voler pour vivre. Quelques billets par-ci, par-là. Jamais rien de compromettant, le portefeuille qui retrouve sa place un peu moins plein qu’auparavant. Les japonais ne font pas attention. Pays sûr, un peu trop. Si bien qu’on ne pense pas qu’il y a des gamins comme lui qui ont peu de scrupules. On finira de toute façon par accuser les étrangers. Vision étroite un gamin japonais ne s’abaissera pas à ça, il n’y a pas de faille dans le système, pas de problème. Non bien sûr. Et Kazuki qui serpente de bar en bar des billets dans ses poches, de quoi pouvoir tenir la semaine, de quoi s’en sortir, de quoi pouvoir se faire plaisir aussi. Nouveau billet qui finit entre ses doigts, la démarche féline il s’éloigne, prêt à se payer un verre lorsqu’il croise un regard. Shit. L’argent qui disparaît de sa main en un tour de passe-passe, agilité certaine et le sourire qu’il rend au jeune homme qui s’approche. « Hey. » Il est limite heureux d’avoir emprunté les vêtements d’Itsuki, l’impression de ne pas avoir l’air débraillé et de ressembler à quelque chose. Même si en face de lui, le garçon est d’une élégance certaine, lui donnant quand même l’air de ne pas être à sa place, de ne pas faire parti du même monde. « Ou t’es célèbre, ou tous tes exs sont de sortie. » La remarque est laissée l’air de rien, son regard qui se fixe sur les différents passants qui les regardent avant de revenir vers le garçon, vraiment beau avouons-le, qui a amorcé la discussion.

Cela lui arrivait parfois de se balader seul la nuit, surtout quand l’ennuie était présent.
Yugo observait les alentours, dans cet endroit peuplé de jeune fêtard et autres personnalités publiques. Il savait que des regards étaient portés sur lui, il venait de gagner un championnat récemment et son père appréciait pouvoir utiliser son image par moment. Ou c’était à cause de la grosse publicité qui le représentait sur ce bâtiment. Sûrement les trois en plus de sa réputation de dragueur vétéran. Son attention se porta finalement sur un jeune homme, plutôt beau à regarder d’ailleurs. Le japonais s’était approché sans soucis, le saluant de son plus beau sourire, comme il avait l’habitude de la faire. Il n’a rien vu de spécial, il a juste croisé son regard et le trouvant à son goût, pourquoi pas tenter. Un rire sortit de ses lèvres, alors qu’il haussa les épaules suite à ses propos. « ou peut-être que je me promène seul par plaisir et que tu as attiré mon attention » mais oui, il était plutôt célèbre et nan, il n’était pas du genre à retourner vers ses exs, ça serait beaucoup trop simple. « et toi, que fais-tu tout seul ? » demanda-t-il en arquant un sourcil. Même s’il était accompagné, il comptait bien le déloger pour qu’il l’accompagne ce soir.  

Il a des soirées comme ça. Où les doigts sont agiles, l’attention toute entière sur ce qu’il fait. Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Occupation illégale, aucune fierté dans cette dextérité. Voleur. Pickpocket. Et l’argent qui gonfle peu à peu les poches de son jean. Invisible dans la foule. Un regard qu’on croise, la pensée qu’on le trouve charmant. Quelques paroles tout au plus. Mais jamais rien pour se démarquer plus que nécessaire. Le regard jamais croisé, jusqu’à ce que ses yeux s’accrochent à ceux d’un jeune homme. Il s’arrête dans son action. Pas du genre à se faire trop insistant, ni à se brûler les ailes. L’argent ‘emprunté’ qu’il a dans ses poches suffira pour ce soir. Pour la semaine peut-être aussi, il verra lorsqu’il fera le compte. Le garçon qui s’approche et les regards qui se tournent sur son passage. Célébrité certaine ou réputation dans le quartier il n’en sait rien. Il ne sait pas grand chose en vérité, et Kazuki qui ne peut pas s’empêcher de rougir face au compliment. Gamin qui a toujours voulu l’attention des autres, un regard sur lui. Des compliments aussi. Alors oui, ses joues ne peuvent que s’enflammer sous la voix de son vis-à-vis. « Dois-je me sentir flatté ? » Léger sourire amusé, et sa question lui ait retourné. C’est de bonne guerre, il ne peut qu’en convenir. « Pas grand chose, mon compagnon travaille, j’ai décidé de sortir un peu. » Nuance. Il n’appelle Itsuki par son véritable titre, petit ami, laissant le doute. Pas envie de s’en prendre plein la tête par une personne fermée d’esprit. Pas besoin de se trouver jugé parce qu’il aime les hommes. Non vraiment. « Je cherchais aussi un bon bar … J’ai pas encore trouvé grand chose. » Mensonge léger, l’illégalité certaine, Kazuki qui n’a normalement pas l’âge de rentrer dans un bar, majorité qu’il n’a pas encore en vérité, même si souvent on lui donne plus que son âge, la posture et la maturité de ses traits aidant.

Cela n’était pas si commun que ça, qu’il aille aborder une personne dans la rue. Disons juste que ce garçon était intéressant pour une raison qu’il ignore. Il lui plaisait physiquement, à voir si ça allait être le cas mentalement. En tout cas, il semblait plutôt direct et ça lui plaisait plutôt bien. Il l’était également, très direct dans ces propos. Yugo haussa les épaules doucement. « tu peux te sentir flatté, c’est plus à toi de choisir » dit-il avec un sourire au coin des lèvres. Tant qu’il ne se barrait pas en courant, ça lui plaisait assez. Il arqua un sourcil quand il parla de son compagnon, il était donc bien homosexuel ou alors bisexuel. Il venait également de mettre la couleur sur son statut, mais cela ne lui a jamais réellement fait peur. Yugo aussi était souvent en couple, mais cela ne l’empêchait pas d’aller s’amuser ailleurs. « tu es donc seul tout de suite, on va pouvoir apprendre à se connaître alors » dit-il en penchant la tête sur le côté. Oui, il devait bien comprendre que cela ne lui faisait pas peur sa situation. Il cherchait un bar le jeune homme, Yugo s’approcha de lui. « j’en connais un bien non loin, si ça te tente de m’accompagner » dit-il avec un sourire aux lèvres. Il lui fit un signe de la tête, lui montrant de le suivre et il s’approcha finalement d’une ruelle qu’il connaissait bien. Il n’y a aucun piège mais ce jeune homme pouvait penser autrement.