Oops I did it again ft Rowan

Il avait un examen à réviser, et Jayden, il ne supportait plus la solitude de son appartement, le lourd silence qui lui rappelait inlassablement qu’il n’était qu’un poids pour sa famille. Il préférait de loin trainer dans un café, même s’il ne consommait que très peu, l’estomac toujours retourné par l’odeur de nourriture. Ce qui était ironique quand on savait que son job à temps partiel consistait à servir des burgers et des frites. De la graisse à l’état pur et qui le rendait encore plus fragile qu’il ne l’était déjà. Les séances chez le psychologue ? Il les avait arrêté, préférant consacrer son temps libre à ses études. Tiraillé entre la peur de prendre du poids et celle de se retrouver à nouveau à l’hôpital, il se nourrissait de café et salade. Certains jour, il s’autorisait même un bol de ramen, mais pas plus d’une fois par semaine. Chaque repas était une véritable torture, un combat qu’il menait avec un certain courage dont il n’avait même pas conscience. Ce secret, il le gardait précieusement, déjà assez atteint par le regard des autres. Sa vie se résumait à compter les calories pour ne pas redevenir le gamin un peu trop gros qu’il avait été. Il avait envie de croire que son physique l’aiderait à se faire des amis. A fair quelques rencontres. Il avait envie de plaire à certains hommes. En particulière depuis qu’il avait appris que son père lui avait trouvé une fiancée tout aussi riche que lui. Qu’est-ce qu’il espérait ? Lui faire changer ses préférences ? Le rendre normal ? Comme il le disait si bien.

Tous ces souvenirs, ils faisaient mal et c’était perdu dans ses pensées qu’il bousculait un homme à la sortie du café. Ce n’était pas avec sa carrure qu’il allait pouvoir le blesser, mais le contenu de son gobelet venait de se déverser sur l’inconnu. Scandalisé par sa maladresse, il se tenait bien droit et c’était paniqué qu’il osait enfin s’excuser.  « Pardon, je suis vraiment désolé, j’ai pas regardé où j’allais. Est-ce que ça va ? C’était un peu chaud ? Est-ce que… Je… je paierais pour le pressing.» Rattrapé par ses angoisses, il débitait des paroles sans même prendre le temps de respirer.  « Je… Je peux vous inviter à boire quelque chose aussi…» La respiration rapide, son regard croisait enfin celui de l’animal aux allures d’ours. Il avait toujours aimé les chiens Jayden, bien plus que les hommes. Ce chien était particulièrement beau et presque rassurant.  « Je peux le caresser ?» qu’il osait demander, toujours aussi gêné. Ses parents lui avaient toujours refusé un animal de compagnie, et il se savait aujourd’hui trop instable psychologiquement pour être responsable d’une âme sans défense. Le blondinet, il avait déjà assez fait de dégât pour la journée et il préférait obtenir l’autorisation avant d’enfoncer ses doigts dans sa fourrure.

Ses journées se ressemblaient, mais celle ci était un peu plus merdique que les autres. Sa maladresse, elle n’était pas récente, elle avait toujours fait partie de ce lui, ce qu’il lui avait valu de brutales corrections de la part de son père. Il se devait d’être exemplaire. Déjà qu’il était gros, il ne pouvait pas en plus faire honte à sa famille par ses actes. Jayden, il était toujours prêt à s’excuser d’exister. Il n’y avait que lui pour déverser son café brulant sur un inconnu totalement innocent. La panique l’avait immédiatement envahi, tout comme la peur des représailles. Le blond, il avait fait face à la violence, trop souvent et il avait pour réflexe de se protéger. Il se confondait en excuse pour tenter de se faire pardonner sa bêtise. Il semblait plutôt compréhensif l’homme qui lui faisait face, ce qui avait tendance à le perturber.  « Vous êtes sûr ? Parce que c’est de me faute et… J’espère que je vous ai pas trop brûlé. Ça va ? Vraiment ? » qu’il demandait d’un air plutôt inquiet. Jay, il avait toujours été la douceur incarné et il n’était pas capable de faire du mal à qui que ce soit, alors être à l’origine de cette collision le mettait drôlement mal à l’aise.

Concentré sur le chien, il offrait un sourire toujours désolé à son interlocuteur alors qu’il caressait la tête de la bête en se penchant légèrement.  « Salut Groot » Les animaux étaient bien plus attachants que les êtres humains. Parce qu’ils étaient vrais, authentique, que leur amour était pur et par dessous tout, ils ne mentaient jamais. Redressant le regard pour croiser celui de l’inconnu il se redressait.  « Oui ça prend du temps de s’occuper d’un chien. » Il n’était même pas capable de gérer ses propres démons J.J, de prendre soin de lui même, alors avoir à sa charge un animal ? Il n’était pas encore prêt.  « Il a quel âge ? » Est-ce que c’était réellement le bon moment pour faire la conversation ? Alors que son café ne se trouvait même plus dans son gobelet ? Le blond, il était timide, mais il avait appris à se comporter correctement en société, et il ne pouvait pas se permettre de prendre la fuite.  « Je me sens vraiment mal. Je peux vous offrir un café chez moi ? Pour vous changer ? Enfin… Vous avez sûrement pas le temps et on se connait pas. » Et voilà qu’il parlait trop, toujours aussi nerveux. Il n’avait aucune envie de passer pour un pervers à la recherche d’une proie.  « Je m’appelle Jayden » Ce qui n’avait rien de japonais. On lui faisait souvent la remarque. Mais il n’avait pas prévu de vivre dans ce pays. Quitter New York avait été un véritable déchirement, et même si Tokyo était une belle ville, elle ne ressemblait pas à celle qui était son premier amour.

Qui avait envie de prendre une douche au café ? Elle était stupide sa question, et Jayden, il se sentait encore plus mal à l’aise. Bien évidemment que c’était chaud, il venait de le commander. Le stress le rendait vraiment irréfléchi et son vis à vis avait beau lui dire de se détendre, il avait toujours l’estomac serré et et le coeur en cavale.  « Ok. Encore désolé…» Il était préférable de se taire et de se concentrer sur le chien. Il était beau, et vraiment doux. Il adorait sentir son poil sous ses doigts ce qui avait tendance à le rassurer. Il devrait définitivement penser à adopter un animal pour briser cette lourde solitude. Il avait simplement besoin d’un peu d’aide, d’un peu de confiance en lui; Jayden, il ne se sentait jamais capable de faire de grandes choses. Il avait toujours peur de ne jamais être suffisant. Et s’il prenait un chien et que celui ci ne l’aimait pas ? Il se faisait déjà rejeter par les hommes, il ne supporterait pas de se faire ignorer par une boule de poil. Raison pour laquelle il n’avait jamais été attiré par les chats. Trop traitres et indépendants. Ce n’était pas le sujet. Alors il tentait de lui offrir un petit sourire délicat.  « Oui, il a l’air vraiment gentil. C’est chouette d’avoir un peu de compagnie.» Ce dont il manquait grandement vu les conneries qu’il était capable de débiter.

L’inviter chez lui maintenant ? Est-ce qu’il pouvait faire pire ? Il avait vraiment honte de sa proposition même si elle n’avait rien de salace. C’était en toute bonne foie qu’il voulait lui offrir une boisson pour se faire pardonner et lui permettre de se changer pour ne pas attraper froid. Les joues rouges, il se mettait à bafouiller.  « Non… non. Je… Euh… C’est pas ce que vous croyez. C’est pas une proposition indécente ! » Gagné par la panique il n’osait toujours pas croiser son regard, mais son rire le soulageait d’un seul coup. Il pouvait enfin respirer. Jayden, il n’était pas très doué avec le second degré et il avait tendance à tout prendre un peu trop au sérieux.  « Vous m’avez fait peur… Je suis pas le genre de garçon qui invite des inconnus chez lui pour…enfin bref. Un café me ferait du bien. Allons y…» Il s’enfonçait encore plus. Le blond, il devait apprendre à se taire. Il prenait simplement le temps de se présenter. Le minimum après avoir ruiné ses vêtements.  « C’est joli Rowan. C’est de quelle origine ? » qu’il osait demander un peu curieux. Est-ce qu’il pouvait se le permettre ? Ce n’était que pour faire connaissance. Arrivé devant le café, il observait le fameux Groot.  « Il a le droit d’entrer ? » Il n’était pas un habitué de ce genre de règlement et il n’avait jamais eu à se poser la question avant aujourd’hui. Sinon, ils pouvaient rester en terrasse, il avait simplement peur que son interlocuteur finisse par tomber malade par sa faute.

Le destin. Il avait du mal à y croire. L’inconnu était juste gentil et essayait de le rassurer, alors il hochait simplement la tête pour arrêter de s’excuser. Ça n’allait pas faire avancer les choses de demander pardon. Il devait agir et pour prendre le temps de réfléchir, il prenait un certain plaisir à flatter la tête du gentil chien.  « Ah oui, soixante kilos quand même ? » C’était plus lourd que lui, une remarque qu’il se gardait de faire. Le genre d’animal qui pourrait le trainer au bout le la laisse. Il se voyait mal éduquer une bête avec son manque flagrant autoritaire.  « Il joue un peu les chiens de garde aussi ? » qu’il demandait curieusement, parce qu’il était imposant et il dégageait un côté rassurant. Tout ce qu’il lui manquait. Ça devait être agréable d’être attendu. D’ouvrir la porte et de ne pas se retrouver face à un lourd silence qui ne faisait qu’amplifier une solitude dévastatrice. Une solitude qui l’avait poussé à inviter un inconnu chez lui, ce qui était, avouons le, totalement stupide et irresponsable. Jayden pourtant mature et réfléchit, il perdait facilement ses moyens quand il se sentait nerveux, et il était soulage que le garçon n’ait pas accepté.

 « Oui je sais pas ce qui m’a pris. J’ai paniqué. » Le Japon était peut-être plus sûr que New York, mais il avait bien conscience qu’il n’était pas invincible. Il appréciait le ton presque paternaliste de son interlocuteur. Et l’inconnu n’en n’était plus un. Il avait un joli prénom, agréable à prononcer. Il l’avait répété avec douceur.  « Oh moi aussi j’ai des origines coréennes même si ça ne se devine pas avec mon prénom non plus…» Ils avaient tous leur fardeau à porter et il ne posait pas plus de questions sur sa présence au pays du soleil levant parce qu’il détestait qu’on la lui pose. Il devait toujours mentir et donner l’impression qu’il avait eu le choix, que l’idée venait de lui. Sans jamais avoué que son père l’avait chassé, pour repas nuire à sa réputation.  « Oh non, Jayden ça ne veut rien dire. Je suis né à New York et mes parents voulaient un nom qui se fonde plutôt bien dans la masse. » Avec ses yeux bridés il était déjà différents des autres.  « La terrasse c’est parfait » et il le suivait jusqu’à une table libre, jetant son gobelet à présent vide au passage. Il jetait quelques coups d’oeil au chien toujours sage. Il était bien élevé.  « Il va rester avec moi si vous allez vous changer ? » Parce qu’il avait la trouille de ne pas être capable de le gérer. Il était plus gros que lui et il n’avait aucune chance si fallait jouer d’un peu de force.  « J’ai jamais eu de chien. J’aurais bien aimé, mais c’était pas trop le truc de mes parents. » Non, il préférait l’étouffer sous des tonnes de cours particulier et lui imposer des entrainements de sport intensifs pour lui faire perdre du poids. Regardant le menu, il savait déjà qu’il commanderait un simple café noir, comme à son habitude. Il essayait simplement de se détendre derrière la carte, dissimulant ses joues toujours un peu rouges.

Il souriait tendrement face à la complicité qu’il pouvait ressentir entre le chien et son maitre. Il la voyait, cette lueur dans son regard quand il parlait de son animal, cette fierté de l’avoir bien élevé. Il hochait simplement la tête ravi d’en apprendre un peu plus. Il était curieux de tout Jayden, et il prenait ses conseils très au sérieux pour le jour où il déciderait de sauter le pas. L’étudiant il avait beaucoup d’amour à donner mais personne pour le recevoir et encore moins lui rendre. Il avait tendance à repousser tous ceux qui tentaient de s’attacher à lui, de peur de ne pas être à la hauteur, de les dégoûter s’ils apprenaient ce qu’il avait fait, ou même ce qu’il avait pu vivre. Ce n’était pas sa faute, mais il se laissait étrangler par ce sentiment intarissable de culpabilité.  « Non pas du tout ! J’y connais rien en chien, alors c’est toujours interessant. Et ça se voit que ça vous passionne.» Est-ce que c’était son travail ? Un éducateur canin ?  « Vous travaillez avec les animaux ? » qu’il osait demander malgré sa timidité. Rowan, il semblait gentil, mais la maladresse l’avait fait paniquer et il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer.  « Non, c’est pas vous, c’est moi. Ça m’arrive toujours ce genre de situation. J’ai toujours un peu la tête dans les nuages et je fais pas assez attention.» Assidu en cours, une fois en dehors de l’université, il devenait une véritable catastrophe ambulante.

Assis à une table au soleil, son regard était posé sur le colosse pourtant des plus obéissants et ses mots lui arrachaient un rire sincère. Se penchant pour caresser la tête de l’animal, il levait le regard pour croiser celui de son nouvel ami.  « C’est bon je suis rassuré merci ! » Et il l’observait s’éloigner alors qu’il n’avait aucune idée de ses goûts ni même ce qu’il pouvait lui commander. Il avait au moins parlé d’un beignet. Il lui collait une sacré pression et quand la serveuse était venue, il s’était mis à bégayer. Un café noir pour lui, un beignet et … un latte ? Et un thé. Juste au cas où l’un des deux ne lui convienne pas. Il s’était retenu de commander la carte entière juste pour être certain de ne pas se tromper. Ce manque de confiance en lui avait tendance à le bouffer, mais il n’avait pas encore trouver de potion magique pour faire preuve de plus d’assurance. Attendant sagement, il accueillait son retour d’un sourire.  « Heureusement que aviez de quoi vous changer…» qu’il disait en se mordillant la lèvre, toujours un peu mal à l’aise.  « J’ai commandé plusieurs choses… je savais pas du tout ce que vous aimez.» Et il espérait ne pas s’être trop planté. Il avait de l’intuition Jay, mais dans la panique, il perdait totalement ses moyens. Rowan avait pu en faire les frais quelques minutes plus tôt.