here's to you, fill the glass (yuna)

@carpenter yuna
here's to you, fill the glass

depuis ton retour t'as passé tout ton temps à travailler, sans compter tes heures. ce qui n'est pas plus mal, en vrai, ça t'évite de trop penser. tu ne savais pas trop comment ton retour allait se passer, si t'allais croiser des connaissances d'autrefois, venues d'une autre vie. tu l'as vu, une fois, le fantôme de ton passé, de l'autre côté de la rue, comme une douce ironie car, il y a bien longtemps, il était le voisin d'en face. ton ancien ami. lui ne t'a sûrement pas vu, peut-être qu'il n'est même pas au courant que tu es plus proche qu'il ne le pense. après tout ce temps, ces années, toute cette eau coulée, tu ne pensais pas que la simple vision de giichi te fouterait encore les boules. toutes ces années que tu as perdu, sans savoir ce qu'il était devenu. t'y penses encore, peut-être trop pour ce soir, alors tu dois te changer les idées.

malgré ce qu'on pense, t'es plus un casanier, mais parfois tu ne peux rien faire contre l'envie de sortir, boire un verre, trouver une compagnie et reprendre ta vie le lendemain matin. c'est ce qui te pousse à traverser la ville pour te réfugier dans un bar, tu ne connais que de nom par l'un de tes clients qui vient souvent ici, alors pourquoi ne pas tenter ce soir ? ce n'est pas comme si tu avais autre chose à faire. tu pousses alors la porte de l'établissement, te rendant immédiatement au bar pour y prendre place. le temps qu'une personne te prenne en charge, tu peux observer la décoration de l'intérieur, pas hyper chic, pas hyper bien décoré non plus, on a même presque envie de se barrer rien qu'à l'odeur qui y règne. mais c'est une bonne planque, au moins.

tu te tournes alors quand la voix de la barmaid te surprend, t'invitant à commander. chose que tu t'apprêtes à faire quand tes yeux tombent sur elle. tu écarquilles les yeux, ayant un flash de tes années lycée tant qu'elle n'a pas changé d'un cheveux. "yuna ? la fille au nom hyper bizarre ?" tu demandes confirmation, bien que tu sois déjà certain que ce soit elle. tu l'appelais comme ça avant, surtout parce que t'avais du mal à prononcer correctement son nom, comme une large majorité. peut-être même que ça lui donnera un léger souvenir de toi. "woa, t'as pas changé. t'es juste... plus grande." tu fais remarquer en la regardant un peu, sans trop t'attarder. c'est étrange de revoir une personne après tant d'années, bien que dans le fond ça te fait plaisir de voir un visage accueillant, que tu connais, ça te rapproche de celui que t'étais avant.

@sun jae
here's to you, fill the glass

T'étais partout et nulle part ce soir. T'étais ici, là ou là-bas. En salle ou au bar. Tu allais et venais, rangeais et servais. La nuit était agitée, la foule aussi. Les commandes se succédaient mais tu gardais le rythme. Tu gardais le sourire, tu gardais ta bonne humeur. Tu plaisantais entre deux tables, tu riais entre deux commandes. Tu restais toi et même la fatigue n'arrivait pas à t'abattre. Pas totalement, du moins. Tu pensais à ton programme du lendemain, à ces gamins que tu allais retrouver. T'avais l'impression que ça faisait une éternité depuis la dernière visite, depuis la dernière fois que tu as passé du temps avec eux mais ça ne faisait que deux semaines. Deux semaines durant lesquelles t'as pas pu te libérer pour aller les voir. Alors demain tu te laissais le temps. Tu voulais les retrouver, partager des petits instants avec eux. Tu voulais les voir, les entendre. Tu étais sûre qu'ils avaient des tas de choses à te raconter. T'avais hâte et rien que ça, ça parvenait à te motiver pour ce soir. Plus la soirée passait vite, plus tu serais proche de pouvoir les retrouver. Tu te demandais déjà ce que tu allais faire pour les occuper. Peut-être un peu jouer. Ils aimaient jouer, et tu adorais passer ce moment avec eux. Le plus drôle était de faire une partie de cache-cache. Tu voyais toujours les pieds qui dépassaient du rideau et tu entendais toujours les rires derrière porte mais tu faisais comme si tu n'entendais rien, rouspétant gentiment parce qu'ils étaient décidément bien tous planqués. Ca les amusait, ça les distrayait et ça leur faisait oublier la misère dans laquelle ils étaient.
Et toi ? Ca te faisait oublier la misère que t'avais créée. Ca te faisait oublier ta culpabilité.
Elle revenait toujours mais t'étais toujours contente de pouvoir la faire disparaître pendant quelques heures.

« Je peux vous servir quelque chose ? », que tu demandas à ce jeune homme au bar alors que tu rangeais un verre qui traînait. Tu redressas le visage, le sourire aux lèvres. Sourire qui s'effaça un instant, se transformant dans un moue perplexe. La fille au nom hyper bizarre ? Tu clignas des paupières. Tu pouvais pas nier, ton nom était bizarre. Tu l'aimais pas, ton nom. « Oui c'est moi ? » enfin tu supposais. Des Yuna il y en avait des tas – mais peut-être pas qu'elles avaient un nom bizarres, elles. Tu fixas ton vis-à-vis un peu plus franchement, les yeux plissés alors qu'il te disait que t'avais pas changé et que... t'avais grandi. Ah. « Merci ? Je crois », tu penchas légèrement le visage, tentant de mettre un nom, un souvenir, un quelque chose sur cet invidivu.  
Tu claquas soudainement des doigts, t'appuyant sur le bar en te penchant un peu vers lui. « J... Jae ??? » et un sourire vint directement se coller à tes lèvres. Tu te souvenais de sa voix, de sa bouille, et du fait que tu avais un nom bizarre pour lui. « Je me suis bien arrosée tous les jours comme tu peux le constater », et il pouvait aussi constater que t'avais toujours le même humour merdique. « Comment tu vas ? Ca fait longtemps ! Qu'est-ce que tu fais là ? », il venait pas passer la serpillière... quoi que, la vie était pleine de surprises, dans le fond. T'étais bien là, toi. « Raconte-moi tout pendant que je te prépare à boire », que tu proposas dans une esquisse ravie, désignant vaguement les bouteilles qui trônaient derrière toi.

@carpenter yuna
here's to you, fill the glass

pour le peu de talent que tu possèdes, la mémoire des visages est le plus impressionnant. les prénoms c'est encore autre chose, mais tu peux te souvenir de quasi toutes les personnes que t'as rencontré. utile avec les clients, ça donne une impression familiale et toutes ces conneries, peut-être pour cela que ça marche aussi bien pour toi. pour l'instant, t'vas toucher du bois pour que ça dure le plus longtemps possible. c'pas étonnant que tu te souviennes quasi immédiatement, avec un léger temps de détente, de cette fille-là. c'est qu'elle est pas franchement banale, puis vous étiez, quoi, amis ? est-ce qu'on peut utiliser ce terme ? peu importe, c'est plaisant de se sentir familier avec une personne. ça te met joie, c'est aussi excitant de constater ce qu'une personne qui, auparavant, passait dans les mêmes couloirs de l'école peut bien devenir. épouse, mère célibataire de trois rejetons, ou grande avocate, tous les fantasmes sont possibles. à tel point que t'en oublies presque le lieux et la situation.

elle qui te reconnait pas aussi rapidement, peu surprenant, mais quand vint le moment, tu souris en imitation, hochant la tête pour confirmer. t'as changé, un peu de poids en moins, une coupe plus moderne et que dieu soit loué, tu as brûlé toutes tes fringues affreuses de l'époque. et tu ris à sa blague, bon public que t'es. "j'te dirais bien que c'est pour un tennis, mais non, c'est bien pour une bière." t'esquisses dans un léger sourire, pianotant sur le comptoir alors qu'elle s'active derrière son bar. qu'est-ce qu'elle fout derrière un bar d'ailleurs ? tu l'observes faire, les sourcils légèrement froncés. "tu bosses ici ?" ça sort rapidement, un peu d'un ton critique sans réellement le vouloir. faut dire que l'endroit ne lui va pas, c'est sinistre. d'un coin de l'oeil tu regardes les lieux. "j'croyais que t'allais devenir la nouvelle cristina yang." une plaisanterie, peut-être légèrement cruelle, pourtant vraie. t'sais pas pourquoi, t'as toujours cru qu'elle finirait médecin, à sauver les gosses du monde entier, à partir dans les pays désoeuvrés et arriver comme le messi. c'était cool, dans ta tête. puis la réalisation te frappe, mieux vaut tard que jamais, c'est peut-être pour payer ses études. "j'reviens de kyoto, c'était chiant à mourir." tu lèves les yeux dramatiquement au ciel, dans une moue trompeuse, comme souvent. c'est juste parce que ta copine t'as plaqué là-bas, sinon la vie était plutôt cool avant ça.

@sun jae
here's to you, fill the glass

Ca te dérangeait pas de croiser d'anciens camarades. De les retrouver par hasard au coin d'une rue ou dans le rayon d'un magasin. T'avais gardé le contact avec certains, et d'autres tu avais tout perdu. Tu n'avais pas non plus cherché, en soit. Ca te dérangeait pas les voir, vite fait dans la rue et de leur faire un signe de la main ou un sourire. Un sourire qui voulait dire que tu les avais reconnus, que tu te souvenais mais que t'avais pas le temps de t'arrêter pour parler du passé, du présent et encore moins de l'avenir. C'était pas que t'avais honte de la personne que t'étais devenue. Au contraire, t'aimais celle que tu étais, détachée de tout cet argent. T'aimais vivre comme ça, même si ça avait été difficile, même si ça l'était encore parfois. T'avais pas honte d'être toi. T'avais pas honte des décisions qui t'avais amené ici. Tu devais être la seule à devoir juger si elles étaient bonnes ou non. T'avais pas besoin d'expliquer aux autres pourquoi tu l'avais fait et pourquoi tu le referais sans hésiter. Non, t'avais pas honte de tout ça. Toi, ce dont t'avais honte, c'était d'être encore là, de sentir cette culpabilité sur tes épaules alors que t'avais rien demandé. T'avais honte de tes parents, de leur choix, de leur façon de penser. T'avais honte de cette société, de ce monde, où l'argent primait sur tout. Où les zéros derrière le un importait plus que les compétences et la motivation. T'avais honte de tout ça, de cet univers-là. Et t'étais fière de t'en être détachée.
T'étais contente de revoir Jae. Dans tes souvenirs, il était sympa. T'avais mis un peu de temps à le reconnaître, tu l'avouais. Les années étaient passées pourtant t'avais pas l'impression d'avoir bougé. Enfin t'avais grandi, apparemment.

« Oh je suis déçue » que tu lâchas dans une petite moue pour appuyer tes paroles. Tu ris quelque peu ensuite, passant une mèche de tes cheveux derrière ton oreille. En pleine action, tu t'arrêtas à sa question, redressant vers lui un air penaud. « Non non mais maintenant que je suis derrière le bar autant servir à quelque chose », tu haussas les épaules avant de rire à nouveau puis de confirmer que tu bossais bien là. T'aimais pas le ton de sa question mais tu pouvais la comprendre. C'était pour ça que t'étais passée par la réponse « con ». Un léger sourire et tu secouas ton visage, posant un verre pour le remplir. T'aurais bien voulu, dans le fond. T'aurais bien voulu sauver les gens, les soigner. « Eh non », que tu soufflas doucement dans une petite grimace. T'en étais loin, de Cristina Yang. Un son roula dans sa gorge alors qu'elle tendait le verre vers lui, rangeant la bouteille avec rapidité pour revenir se caler devant lui. « Chiant ? A ce point ? », tu penchas le visage sur le côté, les lèvres poussées en avant. « Tu faisais quoi là-bas ? Si c'est pas indiscret », tu t'intéressais aux autres. Un peu trop parfois. « T'es revenu depuis longtemps ? En tout cas c'est chouette de pouvoir se recroiser », tu pensais pas vraiment le revoir, en toute honnêteté. T'allais pas mentir et dire que tu l'attendais les bras ouverts depuis trois heures. « Tu travailles dans quoi ? », t'avais la sensation de lui faire passer une interrogatoire, le pauvre. « Non attends.. me dis rien... t'es devenu comique », ça c'était le retour pour le Cristina Yang, et ton petit sourire ne quittait d'ailleurs pas tes lèvres.

@carpenter yuna
here's to you, fill the glass

ça te propulse un peu quelques années en arrière. le temps semble passer à une vitesse impressionante maintenant que tu es face à une ancienne connaissance, preuve de son passé ici. tu sembles parfois même oublier que tu viens de cette ville, que ta vie est quasiment gravée ici, alors que rien de bon n'est jamais arrivé. t'as détesté cette ville en y foutant le pied à 8 ans et tu l'as détesté en la quittant il y a 5 ans. pourtant t'es là, à nouveau. t'as changé, sur tous les points, ou presque, tu te plais en tout cas à le croire. la roue avait bien tourné, contre toi cette fois, mais tu n'as jamais été du genre à te laisser abattre, toujours à remonter sur le vélo et pédaler deux fois plus vite.

tu pouffes à la réponse de ton ancienne amie, toujours un humour spécial, c'est la seule chose dont tu te souviens réellement, juste cette façon détournée de s'exprimer. c'est frais, même si parfois t'étais perdu avec la barrière de la langue, que tu maîtrises à la perfection désormais malgré un accent toujours présent sur quelques mots, essentiellement quand la fatigue se fait ressentir. tes yeux se posent sur le verre, soupirant avant de claquer un "merci". tes doigts emprisonnent la glace, relevant le regard vers elle. "j'y faisais ma vie." tu réponds banalement, un soucil arqué. pas que ton histoire intéresse beaucoup de personnes, tes amis d'autrefois n'ont jamais réellement su ce que t'étais devenu, ni où t'avais fui, ils savaient juste que c'était une fuite. "j'viens de revenir, mais c'est pas intéressant, vraiment, aussi chiant que kyoto." tu reprends pour clore, avant de te délecter d'une gorgée fraîche. pas grand buveur, seulement quand le besoin est présent. "exactement, t'as une star devant toi." tu ris, bien que tu saches que c'est un juste retour de bâton. t'as toujours été bien plus sarcastique que drôle, t'aurais jamais eu de succès. "mais presque, j'ai ouvert un karaoké restaurant, ça fait rire tout l'monde." déjà toi en patron et le projet qui ne manque jamais de tirer un sourire, pourtant c'est un vrai succès, jusqu'à présent. touchons du bois. "t'es la bienvenue, j'ai tout un répertoire de vieilles chansons guilty pleasure." tu lâches d'un large sourire, un peu moqueur. "et toi alors, quoi de nouveau ?" parce qu'il faut quand même demander.

@sun jae
here's to you, fill the glass

T'avais l'habitude de dire que l'argent ne faisait pas le bonheur – mais t'as arrêté le jour où on t'a répondue qu'il n'y avait que les riches qui disaient ça aux pauvres pour nourrir un espoir fantôme. T'avais arrêté de le dire mais tu le pensais toujours. L'argent ne faisait pas le bonheur. L'argent ne pouvait acheter que des biens matériels, des personnes, mais pas le bonheur, pas l'amour, pas les sentiments. T'aimais te le répéter. L'argent ne faisait le bonheur. Ca fonctionnait, pour toi du moins. T'étais bien, même sans argent. C'était dur, certes. Il y avait des mois vraiment difficiles, des jours où c'était compliqué de gérer toutes les factures. Mais t'étais heureuse comme ça. T'étais bien comme ça. Tu supportais les galères en te sentant plus fière en fin de journée. Fière de les avoir surmontés, fière d'avoir trouvé une solution. T'étais bien dans ta peau. Presque. T'étais bien dans ta vie. Presque. Niveau professionnelle c'était clairement pas ça. Tu t'étais jamais imaginée derrière un bar. Dans l'humanitaire, oui. En train de parcourir le monde pour aider les autres, soigner les gens, leur proposer de l'aide, une main, de la tendresse. Tu t'étais imaginée partout, sauf là. Mais t'avais accepté ça. Quasiment. T'avais pas trop le choix en même temps.

T'essayais de voir le bon côté des choses. Au moins ça te permettait de croiser du monde. Ca te permettait de parler, de rire, de laisser ton humour débile frôler tes lèvres. Ca te permettait de revoir d'anciens camarades. C'était agréable, dans le fond. Un simple son roula dans ta gorge alors que t'écoutais sa réponse. Il y faisait simplement sa vie ? C'était vague, et tu trouvais que ça répondait pas vraiment à la question. « C'est... vague comme réponse », tu te pinças les lèvres, perplexe, l'observant un instant avant de simplement lui offrir un léger sourire. Tu pouvais pas en demander plus, vous étiez pas proches au point qu'il se confie soudainement à toi, pas vrai ? Mais ça t'intéressait de savoir. Un rire vibra dans ta gorge. « Tout est chiant, en somme ? », tu secouas faiblement ton visage dans un léger mouvement d'épaules, le rire discret au fond de la gorge. C'était clair, au moins. Un « Wow » sarcastique quitta tes lèvres, ta main sur le cœur comme si t'étais stupéfaite et surprise et... trop mauvaise actrice. « Il me faut ton autographe alors », non, vraiment, mauvaise actrice. Tu ris, le nez plissé sous l'amusement. Ton rire s'arrêta à ses mots et tu clignas des paupières, la bouche faiblement ouverte. « Mais c'est trop cool ! », que tu t'exclamas soudainement. Pourquoi ça faisait rire les gens d'ailleurs ? « Je vais prendre l'invitation au sérieux fais attention », tu préférais le prévenir. T'étais déjà prête à aller massacrer des chansons. « C'est quoi le nom ? Ca se situe où ? Tu vas me voir souvent », tu lui souris, avant de pencher ton visage dans un air un brin songeur. « On a nouveau cocktail », tu pointais l'affiche du doigt telle une pro de la publicité. « Sinon rien, vraiment. Je travaille ici le soir et dans un café la journée », fallait bien payer les factures. « A part ça... hm... », tu fis une petite grimace et leva les épaules. A part ça, rien, vraiment. Tu laissas ton regard dévier à gauche et à droite, saluant les nouveaux clients – les habitués – d'un signe de la main et d'un sourire. « T'es encore en contact avec les autres ? », que tu lui demandas, la moue songeuse. T'avais pas gardé contact avec grand monde. De temps en temps tu croisais des anciens camarades mais sans plus. « Je les croise de temps en temps mais vite fait », que tu répondais déjà, au cas où il te renvoyait la question, et tu haussas les épaules, pas franchement dérangée dans le fond.