be honest (daichi)

Year 2014

Comme un voleur tu te faufiles hors de la maison. T’as laissé un mot sur ton lit au cas où on découvrirait ta chambre vide. Cela ne les empêchera pas de te gronder mais au moins ils ne dérangeront pas la police en supposant que les fils ait été kidnappé dans leur propre domicile. Les parents pouvaient être cons parfois. Sur ton vélo, tu parcours la ville, la capuche relevée, un sac plein de snacks sur le dos. C’est un peu étrange. On dirait un gamin en fugue. Tu regardes l’heure à ta montre. 1h05 du matin. T’es en retard. T’as dit à ton copain que tu le rejoindrais au parc à 00h45. Le truc c’est que tu t’es endormi en attendant que tes parents aillent se coucher. Tu t’arrêtes, conscient que tu es en train de perdre encore plus de temps. Mais tu veux le rassurer. Le prévenir que tu arrives bientôt, que t’as réussi à sortir de la forteresse qui te sert de maison.

[Je suis en chemin. J’ai une surprise pour me faire pardonner <3]

Tu continues à pédaler mais plus tu t’approches du lieu de rendez-vous plus tu ralenties. La boule au ventre, comme un mauvais pressentiment. Tu serres le pendentif autour de ton cou. C’est une anxiété irrationnelle. Tu devrais être heureux. Alors tu souries lorsque tu aperçois Daichi sur un banc et mécaniquement tu l’embrasses lorsque tu arrives à sa hauteur, tu t’excuses de nouveau pour ton retard puis t'assois à ses côtés. Ta main moite vient se mêler à la sienne et ça te fait un petit pincement au coeur lorsque tu ne ressens pas ce petit courant électrique. T’as envie de lâcher parce que le geste est maintenant un peu désagréable mais tu t’y accroches quand même. Tu serres ses doigts dans la paume de ta main. Tu t’y accroches comme à une bouée.

"Tes mains soient glacées. Désolé de t'avoir fait attendre, les parents sont allés se coucher plus tard que prévu."

( Pando )

Year 2014

Vingt minutes qu’il attend Daichi, mais pourtant il est prêt à attendre encore longtemps si besoin est. Il est prêt à attendre pour toujours, tant que Izaya finit par venir le retrouver. Il sait que leur relation est compliquée, qu’elle est même dangereuse pour eux deux. Izaya pour sa carrière, et Daichi pour ses jours de trainees qui pourraient s’arrêter du jour au lendemain si ça s’apprenait pour eux deux. Mais il changerait ça pour rien au monde. Après tout, il l’aime. Il sait ce qu’est l’amour grâce à lui. Daichi est presque sûr de jamais avoir connu le sentiment avant Izaya et leur relation. Et il est sûr d’avoir jamais connu la déception, non plus. Pas de l’attente, non. Parce qu’il continuerait à l’attendre si Izaya avait besoin d’arriver encore plus en retard. Mais juste. L’impression qu’il a fait quelque chose de mal. L’impression que quelque chose a changé entre eux. Avant de sortir ensemble ils étaient amis. Puis l’amitié a grandi, a fleuri, est devenue de l’amour pour Daichi. Et peut-être, il l’espère, pour Izaya aussi. Mais il arrive pas à s’empêcher de se dire que quelque chose va pas, que quelque chose tourne pas rond. Il garde ses pensées pour lui. Parce qu’il n’en a pas la preuve. Et parce qu’il refuse de gâcher quelque chose de beau, quelque chose qui lui fait tant de bien, juste à cause d’une vulgaire impression. Même si Daichi sait à quel point c’est important de suivre son instinct. Parce que son instinct actuellement, lui dit de s’éloigner d’Izaya, ou en tout cas que ler relation actuelle n’est pas ce qu’elle devrait être. Et rien que d’y penser, ça lui fait mal au cœur. Le texto sur le téléphone le fait sourire. Il l’a pas oublié. Il est juste en retard. Il a même une surprise pour se faire pardonner. Et Daichi aime ça, les surprises. Alors son sourire s’élargit, et tout doute qui aurait pu s’installer dans son esprit face à sa relation avec Izaya se ternit. Il essaye d’oublier la sensation, pour la remplacer par quelque chose de plus positif. Et y parvient, en majorité. Pas à cent pour cent, mais. C’est déjà ça. C’est assez pour que, au moment où Izaya arrive et l’embrasse en signe de bonjour, il ne ressente que du bonheur et pas d'appréhension du tout comme il le pensait originellement. Il se glisse à ses côtés et lie ses doigts au siens. Sa main dans la sienne est moite, mais si douce pourtant. Et lorsque Izaya sert sur ses doigts, Daichi est parcouru d’un doux frisson. Il aime voir que Izaya lui provoque toujours les mêmes sensations depuis le début de leur relation. Parce que ça veut dire que l’amour qu’il a pour lui n’a pas diminué. Qu’il n’a fait qu’augmenter, même. Daichi n’a pas honte de déclarer qu’il est amoureux d’Izaya. Et s’il pouvait le dire au monde entier, il le ferait. Il peut pas, bien sûr. Mais il aimerait le faire. Pas par possessivité. Juste pour montrer au monde à quel point Izaya mérite d’être aimer. Pour prouver au monde que Daichi sait l’aimer comme il le mérite.
Lorsqu’il lui parle, et qu’il explique les raisons de son retard, Daichi secoue la tête, comme pour lui dire ‘c’est pas grave’. Parce que c’est vrai. C’est pas grave. Il est là maintenant, et c’est ce qui importe. Il lui dit que ses mains sont glacées avant ça, et Daichi décide que c’est là dessus qu’il va rebondir. “T’inquiète, si tu continues à les serrer comme ça, elles vont se réchauffer en deux minutes.” qu’il lance, heureux, avec un de ses larges sourires signatures. Il pourrait passer la soirée à regarder Izaya, mais il veut regarder le ciel, aussi. Et il rigole, tout d’un coup, lorsqu’il pense à leur relation. “On est pire que Romeo et Juliette, à se voir en plein milieu de la nuit, dans des endroits où on est sûrs que personne pourra jamais nous voir ensemble. Comme si on faisait un truc impardonnable, alors que… Non.” Il finit par le regarder et sourire, avant de poser sa joue contre son épaule. “J’suis totalement Juliette, by the way. J’ai clairement pas la capacité de tuer quelqu’un. Pas que toi si hein, mais genre je sais pas… Tu penses pas ?” qu’il finit par lâcher, un petit rire traversant son corps en imaginant la pièce de Shakespeare avec lui et Izaya en personnages principaux.
Il espère juste que le sentiment de mal-être qu’il avait avant de voir son copain arriver était pas en prévision d’une fin Shakespearienne. Il sait pas trop comment il vivrait une vie sans la présence d’Izaya à ses côtés.

( Pando )

Year 2014

“Roméo et Juliette, c’est trop cliché. En plus, ça finit mal. Et j’ai pas envie qu’aucun d’entre nous meurt.”

Daichi est adorable. C’est un fait. Il possède une personnalité totalement solaire. On gravite naturellement autour de lui. On veut l’aimer, on veut être aimé par lui. On admire sa beauté, son talent. On le regarde et on pense “Oh wow, les anges existent vraiment!” C’est cette pensée qui a traversé ton esprit lorsque tu as rencontré Daichi. Tu étais aveuglé par sa présence. Tu n’as pas su mettre de mots sur ce que tu ressentais. Trop jeune, pas assez d’expérience. Mais selon les bouquins, les films et les séries, il semblerait que tu sois victime d’un coup de foudre. Ton premier coup de foudre. T’es tombé amoureux pour la première fois et l’heureux élu est un garçon. Tu sais que c’est bizarre mais tu n'es pas surpris. Après tout, tu es un garçon qui aime se maquiller et mettre des fringues de filles. Tu t’y attendais. T’es un homosexuel et ça, tu l’as déjà accepté avant même de rencontrer la personne qui ferait battre ton coeur.  Tu t’es toi-même condamné, placé dans une cage. Parce que c’est ce que la société veut. Il faut absolument rentrer dans une case. Peu importe laquelle. Il faut en choisir une pour être compris. Pour se comprendre. Alors tu es rentré tout seul, pour essayer de mettre des mots sur ce que tu ressens, sur ce que tu vis. L’homosexuel efféminé. Voilà ce que tu penses être. Tu t’identifies à une certaine catégorie de personnes  et c’est tout ce qui compte. Même si parfois t’as l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche toujours. Ce n’est pas grave. Ce n’est qu’un détail.

“Un bon tueur ne montrait jamais qu’il en est capable. C’est futile de poser cette question. Si la victime se doute de quelque chose, c’est beaucoup plus compliqué.”

Tu réponds avec un sombre sourire, comme pour faire planer le doute. T’aimes bien user de tes talents d’acteur pour faire peur à Daichi parfois.

“Si la victime n’avait pas confiance, se serait-elle rendue à un rendez-vous seule en plein milieu de la nuit, dans un parc désert?”

Tu te lèves puis te places derrière Daichi, lui murmurant à l’oreille.

“Lui tournerait-elle le dos, se mettant ainsi en position de faiblesse, à sa merci?”

Doucement, tout doucement, tu sors de ta poche une petite boîte rectangulaire. Lentement, tu traces une ligne verticale avec son angle pointu, remontant le long de son dos jusqu’à sa nuque.

“Lorsqu’elle s’en rendra compte, il sera bien évidemment trop tard. Elle poussera son dernier soupir, plein de regrets. Si j’avais su, se répètera-t-elle, jusqu’à ce qu’une dernière larme s'effondre sur sa joue pâle et sans vie.”

Tu aimerais qu’on t’offre, un jour, un rôle plus sombre. Jusqu’à présent, tu joues toujours le même type de personnage et cela devient lassant pour toi, et sûrement pour les téléspectateurs aussi. Tu te demandes si c’est parce que t’as grandi dans le cinéma qu’on hésite à te donner le rôle du vilain. Seras-tu coincé à jamais dans le rôle du petit garçon gentil et sans histoire? T’espères pas!

“T’as de la chance que je t’aime, tu serais déjà mort.”

Tu lui présentes finalement la boîte dans laquelle se trouve un collier en argent. Tu l’as vu ce matin dans une boutique et tu as immédiatement pensé à Daichi. Le pendentif, une émeraude violette si scintillante qu’on dirait qu’une galaxie entière avait été emprisonnée à l'intérieur de la pierre précieuse, te fait penser à ses yeux lorsqu’il sourit, ils brillent de mille feux.

( Pando )

Year 2014

Sa réponse est si réaliste, et ça le fait rire Daichi, de se dire qu’il a eu la même pensée quelques secondes plus tôt. Ça le rassure, parce que quelque part, ça veut dire qu’ils sont en harmonie. Qu’ils se comprennent, qu’ils sont sur la même longueur d’ondes. Et Daichi n’a jamais rien attendu de plus, rien voulu de plus que ça. Qu’Izaya et lui soient capables de se comprendre facilement. Soient capable de se transmettre leurs pensées sans réellement avoir à les formuler. Parce que Daichi croit en l’amour véritable, l’amour avec un grand A, celui des films et des fictions. Celui où la parole n’est qu’un moyen de rendre les choses plus rapides, plus simples, mais qu’au final, un regard peut tout régler si les deux âmes sont en parfaite harmonie, et qu’elles se complètent. Et Daichi aimerait, rêverait, de partager ça avec Izaya. Et quelque part, juste la pensée, juste le fait qu’ils aient pensé quelque chose de similaire, au même moment, ça le rassure. Il bannit au fond de son esprit la petite voix qui lui dit que c’est la réaction normale. Que toute personne ayant lu, vu ou ne serait-ce entendu parler de Roméo et Juliette ne souhaiterait pas que leur histoire d’amour se termine de la même manière. Mais il préfère se dire que c’est eux deux. Et pas une connaissance commune.
La réponse d’Izaya au reste de son monologue sur leur représentation personnelle de Roméo et Juliette lui fait hausser un sourcil, lui fait découvrir un sourire amusé qu’il tente de cacher. Daichi sait que s’il était avec n’importe qui d’autre, il aurait peur. Parce que c’est pas le genre de phrases qu’on dit innocemment. C’est le genre de phrase qu’on dit avant de sortir un couteau de trancher la gorge de quelqu’un. Mais la confiance qu’a Daichi en Izaya est incommensurable et c’est quelque chose qu’il ne remettra jamais en question. Alors il cache son sourire du mieux qu’il le peut, pour rentrer dans le jeu sombre d’Izaya. Il ne le connaîtrait pas, il aurait peur de lui. Izaya n’est pas comme tout le monde le décrit. Il n’est pas un parfait petit bachelor. Il est parfait, mais à sa façon. Il est parfait dans son génie. Il est parfait dans son art. Et son art ne se limite pas à sa belle voix, à son beau corps ou à sa capacité à faire tomber les jeunes filles comme des mouches lorsqu’il joue le parfait petit ami dans les dramas. Son art est bien plus étendu. Bien plus large.
Izaya continue son sombre monologue, et quelque chose se réveille chez Daichi. Il sait qu’il n’est pas en danger. Mais les mots ne le laissent pas pour autant indifférent. Parce que Daichi improvise, et qu’il les inclut dans son récit morbide. Et Daichi frissonne. Et lorsqu’il se lève, il ne le regarde que peu de temps, et lorsqu’il le voit passer derrière le banc, il se remet à regarder face à lui, le paysage trouble alors qu’il entend les mots suivants d’Izaya résonner dans son oreille. Il se mord la lèvre inférieure, une habitude qu’il a pris depuis qu’ils sortent ensemble. Parce qu’Izaya lui fit de l’effet, et que c’est le seul moyen qu’il a trouvé pour éviter que toutes ses émotions ne tombent immédiatement bien plus bas dans son anatomie. Et Daichi a envie de lui murmurer, sur ce chuchotement qu’il est à sa mercie. Et qu’il a cette impression qu’il n’arrêtera jamais de l’être. Et si ça pourrait être effrayant, pour Daichi ça ne l’est pas. Daichi trouve ça excitant.
Et il se tend légèrement lorsqu’il sent une pointe pointue dans son dos. Et il a tant confiance en Izaya qu’il sait qu’il n’est pas en danger, mais ça ne l’empêche pas de laisser s’échapper un léger hoquetement de surprise alors que sa colonne vertébrale se tend vers l’avant, comme pour échapper à la pointe. Mais il se détend aussi vite qu’il s’est tendu, parce que c’est Izaya là derrière lui. Et qu’il ne lui fera jamais de mal. Lorsque la pointe se pose sur sa nuque, Daichi penche légèrement la tête en arrière pour appuyer sur la pointe. Pas assez pour voir Izaya, mais assez pour se rendre compte que ce n’est rien de dangereux. Il ne tente plus de contenir le sourire qu’il a sur le visage.
Et enfin, Izaya lance une phrase qui sonne comme une phrase de fin d’une histoire tragique. L’amour tragique de quelqu’un de trop confiant. Et comme pour suivre sa narration, Daichi lâche un soupir. Pas son dernier, ceci dit. Juste quelque chose qui lui permet de se débarrasser de toute la tension que lui a infligée la scène imaginaire dans laquelle l’a placé le garçon qu’il aime.
Mais toute la tension s’évapore et ne reste de Daichi qu’une flaque de surprise et d’amour lorsque zaya lui dit qu’il l’aime. Même si ce n’est pas directement. Il le dit, et Daichi, ça le fait rougir. Et il attrape sa lèvre entre ses dents de nouveau, comme si elle avait toujours été censée être là. Et lorsqu’il voit la boîte qu’il lui présente, il lui faut un moment pour comprendre que c’est un cadeau. Et Daichi sourit d’un sourire d’enfant heureux qui découvre ses cadeaux à Noël avant de prendre le petit paquet des mains d’Izaya dans les siennes. Il se retourne enfin pour le regarder, et comme à chaque fois, Daichi a l’impression de se retrouver face à une lune magnifique. Une lune qu’on essaye de transformer en soleil à tout prix. Alors que sa beauté argentée ne la rend que plus magnifique. Il se retourne et ouvre la boîte comme si c’était la chose la plus précieuse au monde. Et lorsqu’il voit ce qui se trouve à l’intérieur, il est bouché-bée. Oh mon dieu, Iza… Le collier est magnifique. Et il sait qu’il lui ira parfaitement. Et ça le fait sourire parce que c’est. Quelque part, c’est encore une preuve d’à quel point Izaya le connaît et sait. Sait ce qui lui va, ce qui lui plaît. Qui il est. Il se retourne de nouveau vers le blond, la vision trouble par les larmes qui ne demandent qu’à couler. De plaisir. D’amour. Tu veux bien me le mettre ? Il lui retend la boîte, les yeux scintillants. Izaya, merci. Il est magnifique. Je l’adore. Il se retourne de nouveau, avec un sourire éblouissant sur les lèvres. Et je t’aime. Tellement. Et les larmes coulent, finalement, les doutes de début de soirée annihilés. Parce qu’il est heureux.
Si heureux.

( Pando )