bootycall (natsuo)

Le message est court et concis, comme d’habitude. La demande de Natsuo évidente. Daichi sait ce qu’il veut, quand et où il le veut. Ça a toujours été comme ça depuis le début de leur petit arrangement. Mais ce n’est pas un problème, loin de là. Parce que chaque moment passé en compagnie de Natsuo, passé à le satisfaire, est un moment de moins à avoir à payer sa dette avec de l’argent gagné de ses mains. Puis s’il aime sa chaîne Youtube, il aimerait malgré tout avoir la possibilité de garder un peu plus de la recette que ce qu’il garde pour lui actuellement. Il dirait pas qu’il préfère payer sa dette en nature, mais dire que ça le dérange serait mentir. Daichi a un avis sur les métiers liés au corps humain qu’il ne partage qu’avec de rares personnes qu’il sait avoir une vision du monde proche de la sienne. Ou en tout cas qu’il sait ouvert d’esprit. Daichi n’a jamais eu de problème avec la prostitution à partir du moment où elle est consentit. Pas forcée. Et dans son cas, même s’il n’est pas réellement prostitué, c’est totalement consenti. Un jour, Natsuo est venu le voir, lui a proposé de passer des moments en sa présence, à réaliser ses fantasmes et à combler ses désirs, en échange de quoi il ferait descendre sa dette. Daichi a pas eu longtemps à réfléchir avant d’accepter. Son corps lui appartient, lui a toujours appartenu. De la même façon que son esprit, sa façon de penser lui appartiennent. Et le fait qu’il autorise quelqu’un à prendre le contrôle sur ses actions, ce n’est pas donner le contrôle à quelqu’un d’autre sur lui. C’est juste autoriser quelqu’un d’autre à, de temps en temps, utiliser son corps comme il le souhaite. Natsuo ne lui a jamais fait faire quelque chose que Daichi refusait de faire. Qu’on se le dise, il n’y a pas grand chose que Daichi ne ferait pas. Tant qu’il ne lui demande pas de faire des choses qui ne s’alignent pas sur la moralité de Daichi, il peut tout faire. Tant qu’il connaît sa valeur, personne d’extérieur ne peut le convaincre qu’il vaut moins que ce que Daichi sait valoir.
C’est un sourire aux lèvres qu’il se prépare. Il s’observe devant la glace. Il commence à connaître les goûts de Natsuo. Il sait comment s’habiller pour avoir le plus de chance de le contenter. Puis avec le tremblement de terre qui leur est tombé dessus y’a pas si longtemps que ça, Daichi suppose que le mafieux à probablement besoin de se destresser. Tout le monde aurait besoin de se destresser après un évènement pareil. Daichi, il a prit trois jours pour lui, au bord de la mer, à passer ses journées à humer l’air face à l’eau salée. Qu’importe les décombres aux alentours. Il a aidé comme il pouvait sur place, mais tout son temps libre, il le passait seul, à regarder l’horizon. Le monde est tellement grand. Et il s’y passe tellement de choses. Quelque chose dans l’immensité de la terre, de la mer, face à lui, le petit homme, le rassure. Comme s’il était sur la terre, comme marchant sur une mère protectrice qui pousse parfois des cris de colère.
Il arrive à l’adresse que lui a donné Natsuo. Il la connaît par cœur depuis quelques mois déjà. Son hôtel particulier. L’endroit qu’est pas exactement chez lui, mais un peu quand même. Le sourire l’a pas quitté depuis qu’il est sorti de son appartement, et c’est pas lorsqu’il sonne à la porte, ni lorsque Natsuo lui ouvre la porte, que le sourire disparaît. Au contraire. Lorsqu’il voit l’homme, son sourire s’élargit un peu plus et ses yeux ne deviennent que deux croissants de lunes. “Hey” qu’il lance, levant la main et l’agitant en signe de coucou. Il sait pas exactement pourquoi Natsuo lui a demandé de venir. Il se doute des grandes lignes, mais il ne sait jamais exactement ce qu’il va lui demander de faire. Ni combien il va retirer de sa dette s’il le fait. Il entre, un pas presque léger, et se retourne vers Natsuo lorsqu’il est enfin à l’intérieur, les mains jointes derrière son dos alors qu’il continue à sourire. “Qu’est-ce que j’peux faire pour toi, Natsuo ?” qu’il finit par lancer.
Parce qu’après tout, il est là pour quelque chose. Natsuo lui a demandé de venir. Et Daichi compte bien lui donner ce qu’il veut. Comme à chaque fois.