elaina (jump to the sky)

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(la vida loca)
Le mot diplôme résonne comme une cacophonie et tu voudrais ne pas l'entendre. Tu fais la grimace, secoue la tête, hausse un peu les épaules, comme si tu t'en foutais, comme si tu n'avais rien à faire de ça. Un diplôme, qu'est-ce que c'est ? La validation d'une société sur les capacité à apprendre par coeur, à retenir et recracher sans cesse les connaissances, c'est la pression de bien faire sans jamais savoir pourquoi est-ce qu'on doit bien faire, pour qui est-ce qu'on doit bien faire, "j'ai arrêté à quinze ans... Pas de lycée, donc j'y suis pas allé." Tu n'avais pas honte de la dire, tu n'avais pas peur que l'on te juge même si elle le ferait probablement, comme tout le monde. Pourtant, tu n'es pas plus idiot qu'un autre et tu ne sais pas moins de choses non plus, tu les as simplement apprises différemment, à ta manière, même si tu n'en donnes pas l'impression.
Tu n'aimes pas les impressions ; tout est trompeur chez les gens, tout et chez toi le premier, tu le sais.
"Bonne question !", tu te le demandes aussi, parfois. Pourquoi ? Mais c'est une question rarement répondue, tu n'as pas vraiment de raisons. Tu rêvais de la ville, du monde, des gens, du bruit incessant, des jolies filles, peut-être des jolis garçons. Tu rêvais de tout ça, mais ce n'était pas tous les jours parfaits, tous les jours plaisants. Parfois tu regrettais, parfois tu aurais aimé rester chez toi, parfois la statue au coin de la rue te manque, parfois c'est maman qui te manque et d'autres fois, tu es bien heureux d'être là. Tu es heureux d'être parti, d'avoir tout quitté, tout plaqué, pour rien, juste pour ta vie, pour ta liberté.
"Si je te révèle tout maintenant, c'est pas drôle tu sais...", mais ce n'est pas comme si tu as grand chose à dire, de toute manière. Tu n'es clairement pas le roi de la drague, à vrai dire, tu n'es même pas sûr de savoir draguer, quand est-ce que tu as essayer de séduire quelqu'un pour la dernière fois ? De manière sobre et délibérée, en tout cas... Les coups d'un soir un peu trop arrosés, ça te connaît mais il n'y a pas besoin de dire grand chose dans ces moments-là.

Elle vit ici depuis plus longtemps que toi. Ici, Tokyo. Impressionnant. Plus impressionnant que tes quelques mois dans la ville. Une raison valide. Tu aimerais bien te perdre, toi aussi, la prochaine fois quand tu auras le temps, peut-être que tu flâneras dans les rues, comme ça. Comme elle. Pourquoi pas, (mais tu n'as pas le temps), tu n'as jamais le temps.
"Wow". Los Angeles, tu connais. Tu l'as vu dans les films, plusieurs fois, ceux que les copains montrent que vous vous ennuyez. C'est loin, ça, enfin tu crois. Tu voudrais bien savoir comment elle a fini ici, pourquoi Tokyo et pas une autre ville, dix ans c'est beaucoup, elle a fait quoi pendant dix ans, pourquoi, pourquoi ? Ca revient souvent ce soir.
Tu hais les pourquoi.

Voilà que tu te remets à rire, c'est qu'elle est drôle, celle-là, de s'inquiéter de ça soudainement alors que jusqu'à maintenant, ce n'était pas vraiment le cas. Ca te fait vraiment rire, tu en aurais presque les larmes au coin des yeux, "dix-sept ans, comme un grand !" tu t'es exclamé, enfant, amusé, rigolant encore, sautillant presque sur place d'excitation, "J'ai fugué de chez papa et maman, maintenant t'es responsable de moi", et tu aurais presque aimé que cela soit vrai, ça aurait rendu les choses plus facile mais tu balayes tout ça de la main, elle peut bien au moins savoir une autre vérité, "vingt-quatre ans, et je suis un business man", tu dis cela avec ton plus accent anglais (pas vraiment impressionnant), "j'suis proprio de bains... Pas des onsen, y en a un dans mon village, il est grave bien en plus, mais pas ça, des bains, pour prendre des vraies douches." et ça, ça te plaît, "c'est de plus en plus rare, surtout dans Tokyo, parce que maintenant tous les appartements sont logiquement faits avec des salles de bain, mais avant non, alors les gens venaient se laver là, tu vois ? Mais en fait, maintenant, il y a encore des personnes qui viennent, surtout des papis et des mamis, et ils sont troooop mignons souvent, et ils prennent leur bain, se détendent, ils peuvent même rester un peu plus pour prendre leur temps, puis ils repartent, voilà je travaille là, comme ça et c'est à moi." tu étais presque essoufflé, tu t'étais peut-être emporté, mais c'est que tu parles rarement de ton travail, tu dis rarement des choses à propos de tout ça, les gens n'aiment pas, les gens s'en foutent, ce n'est pas intéressant, mais s'ils savaient tout ce que tu voyais, tous les gens que tu découvrais, les rencontres que tu ne voudrais pas perdre, celles qui te font pleurer.
Ils ne savent rien.

"Et toi ?", parce que tu es tout aussi curieux qu'elle, parce que tu as bien le droit, c'est donnant-donnant comme situation, "tout à l'heure, t'as dit que poser c'est ton job", parce que tu fais attention à ce que l'on te dit, toi, au moins, "t'es mannequin ? quelque chose du genre ?" mais en même temps, ça te fait plisser le nez, "faut pas être grande normalement, pour le mannequinat ?"
et tu ne sais pas vraiment pourquoi tu es comme ça, toujours maladroit.

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(la vida loca)
Elle l’observait, presque outrée. Et même un peu choquée. Qui autorisait ses enfants à arrêter l’école ? Quinze ans, c’était jeune pour décider de sa propre vie. Un diplôme, c’était le minimum, en particulier dans ce pays. Elaina, elle devenait de plus en plus curieuse, mais il allait finir à croire qu’elle en avait quelque chose à faire. Ce qui n’était pas le cas. Ou un peu. Difficile à dire. Elle avait envie de le secouer en lui disant que l’absence d’un lycée n’était pas une excuse. Alors quoi ? Tous les gamins de sa campagne finissaient dans les champs une fois le collège terminée. Mais elle se taisait. Il était bien trop tard pour lui faire la morale. Ses parents étaient vraiment inconscients. Sûrement la raison pour laquelle il n’avait aucune idée de sa présence dans une ville qu’il ne semblait même pas apprécier. Elle était vraiment tombée sur un cas. Et elle n’était pas certaine qu’il reste quelque chose à sauver chez ce crétin.  « Oh oui ça serait vraiment dommage de me dévoiler tes talents.» Inexistants. Ici, les femmes étaient civilisées et elles désiraient un peu plus de classe que ce qu’il était capable d’offrir avec ses cheveux en batailles et ses cigarettes pliées.

Il semblait impressionné par sa ville natale qui n’était pourtant rien de plus qu’un vulgaire mensonge. On dissimulait la population mourante derrière le sourire refait des célébrités. Et elle manquait de s’étouffer quand il lui avouait son âge. S’arrêtant net, elle posait sa main sur son bras.  « Tu déconnes ?? » Oh bon sang. Elle avait encore fait le pire choix. Elaina, elle n’était vraiment pas faite pour les relations sociales. Son regard cherchait le sien pour y lire une lueur de vérité, mais ne trouvait que son sourire satisfait qui lui donnait envie de lui arracher les yeux.  « Putain t’es con !!! » qu’elle disait en lui donnant un coup d’épaule. Mais elle avait du mal à croire qu’il soit un business man. Encore un mensonge ? Il vendait quoi ? Des sucettes à la sauvette ? Il ne tardait pas à lui expliquer dans un long monologue qu’elle comprenait à peine.  « Attends. Laisse moi résumer. Tu gère un truc dont personne n’a besoin ? Va falloir revoir ton business plan là. Et qui… Qui prends des douches hors de chez soit ? C’est… dégoutant. » Il semblait aimer cet endroit qui lui appartenait. Il avait quelque chose lui. Elaina. Elle n’avait rien. Tout ce qu’elle avait obtenu c’était grâce à son nouveau nom.  « Tu voudrais pas en faire quelque chose d’autre ? De plus vendeur ou attrayant ?» C’était l’étudiante en markéting qui parlait. Presque concernée par sa vie.

Elle hochait la tête à la mention du mot mannequin. Un job qu’elle avait obtenu par piston, bien évidemment et qui valait bon nombre de regards noirs.  « Tu…» Est-ce qu’il était capable de ne pas la froisser ?  « Je pose pour une marque de maquillage. Alors c’est surtout mon visage et mes mains qui importent et puis je défile pas. C’est simplement pour des campagnes publicitaires. J’imagine que t’as pas la télé et je te vois mal lire des magazines de mode, alors je vais faire comme si je n’avais rien entendu…» Elle faisait souvent la sourde ce soir.  « Donne ton téléphone. » Oui, elle donnait des ordres aussi. Et pas pour lui donner son numéro. Elle comptait simplement avoir un nouvel abonné. Peut-être qu’il se rendrait compte qu’elle n’était pas juste petite.  « Je vais à l’université aussi. Tu devrais essayer. » Ce n’était pas impossible de passer son diplôme à son âge s’il s’en donnait les moyens. Son bras collé au sien, elle continuait sa marche d’un pas lent. Parce qu’elle n’avait pas hâte de rentrer.  « Viens. On attend le lever de soleil et tu me paye un café avec tes 2000 yens.» Merveilleuse idée.

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(la vida loca)
Ta blague fonctionnes et tu la vois inquiète à propos de ton âge, ça te fait rire. Son vocabulaire résonnait soudainement avec le tien et tu prenais ça comme une légère victoire. C'est qu'elle se s'étendait, la princesse, et ça aussi ça t'amuse. « hey oh ! » Tu prétends être offensé pendant quelques secondes mais elle n'a part tort, alors tu ne peux pas vraiment lui en vouloir. Il n'y a que toi pour faire ce genre de plaisanteries et voyant son visage passer par toutes les couleurs, il semblait que vraiment, elle avait soudainement légèrement paniquée à ta nouvelle.
Tu aimerais bien avoir dix-sept ans. Ça te manquerait presque... Presque. Parce qu'il y a cette ombre qui pèse sur tes épaules, celle de tes dix-sept ans gâchés, mais tu n'en diras rien.

Elle te stoppe dans tes explications et tout ce qu'elle en a retenu, c'est rien. Tu grimaces. « tu serais surprise de savoir combien de personnes viennent... Puis par exemple, dans les share house parfois... Ils préfèrent... », tu te renfrognes un petit peu, tu fronces les sourcils, « J'entretiens notre culture, moi, madame ! », et tu en étais presque fier, mais elle semblait trouver ça réellement dégoûtant. C'est dommage. Elle ne sait tout simplement pas ce qu'elle rate. Tu l'aurais bien invitée, une fois, en passant, mais tu es presque certain qu'elle dirait non alors tu gardes tout ce la pour toi, tu ne dis rien. Bien sûr que non, tu ne veux pas me changer, le rendre plus attrayant ou tu ne sais quoi. Dans un premier temps, parce que tu n'en as pas les moyens, puis surtout parce que ce n'est pas ce que tu as envie de faire. Tu n'as pas l'âme d'un vendeur ou de tu ne sais trop quoi. Tu ne sais pas faire tout ça, toi t'es plutôt là pour l'humain, pour l'échange, pour les rencontres. C'est ce qui est important, le reste, tu n'en as que faire.

C'est fascinant. Son monde est fascinant. Tu ne sais pas trop ma différence entre tout ça, les grands mannequins, les petits mannequins, mais apparemment ça existe alors pourquoi pas. Tu veux bien la croire. « bien vu, j'ai pas de télé. » Parce que ça ne t'intéresse pas non plus, t'as pas le temps, parfois tu squattes celle des autres, mais tu n'avais même pas les moyens de te l'offrir quand tu es arrivé, et tu n'as jamais essayé d'en avoir une après, pourtant tu pourrais.
Encore des ordres et tu fais la moue, « Tu me donnes enfin ton numéro ? » mais tu es presque certain que ce n'était pas la raison pour laquelle elle voulait ton téléphone, quoi que, pourquoi pas, c'est que ça va mieux maintenant, non ? Un petit peu. Le mot université te donne la nausée. T'es allé là-bas. Une fois. Plus jamais. Tu ne supportes vraiment pas ne serait-ce que l'idée de rester assis pour écouter un professeur parler de tu ne sais trop quoi qui te servira rarement dans la vie. Tu détestes ça, « Sans même être allé au lycée ? Tu veux que j'meurs en fait, avoue... Le taser, la rivière... Tu veux ma peau ! » Et revoilà en train de rire doucement, n'importe quoi.
Quelle bonne idée, tu l'acquiesces. Toi, ça ne te dérange pas. Tanaka-san ne dira rien si tu es dehors toute la nuit, avec un inconnu ? C'est une véritable question, simple curiosité. Tout ça t'avait l'air si strict que tu n'en voyais pas réellement la limite. Si tu avais été Tanaka, peut-être que tu ne l'aurais jamais laissée faire. C'était un peu une folie, au fond, tout cela. Une soirée pas vraiment comme les autres.
Ça t'arrive rarement.
Vôtre rythme s'est ralenti, toi aussi, un peu. « t'etudies quoi du coup ? Ça te plaît ? », enfin tu n'es pas sûr que ce genre de choses puissent vraiment plaire. Faire des études par intérêt ? Tu ne comprends pas, tu l'avoues, puis elle doit être parfaite, avoir des bonnes notes, tout comprendre et tout ça t'énerve rien que d'y penser mais ta curiosité est soudainement stoppée par tes propres pensées, « dis-moi que tu as déjà goûté les café du distributeur. Les canettes. Dis-moi que tu as déjà goûté ça... » parce que si ce n'était pas le cas, alors, tu étais à ça de la traîner pour son café maintenant. Étrangement, tu ne pouvais te passer de ces petites canettes pas forcément bonnes, parfois un peu trop forte. Elles avaient un certain charme que tu ne pouvais décrire.
Peut-être que ça te rappelait chez toi.

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(la vida loca)
Elle avait juré. Et voilà qu’elle devenait une sauvage par sa faute. Elle ne pouvait même utiliser l’alcool comme excuse, elle n’avait bu que deux verres de champagne. Il avait de très mauvaises influences. Et aucune ambition. Comment est-ce qu’il pouvait se contenter de si peu ? Ce n’’était pas suffisant pour être heureux, de gérer un commerce pour quelques personnes âgées. Elle pensait même à jeter un coup d’oeil à ses livres de compte pour vérifier que ce n’était pas une vaste blague. Ça ne l’étonnait pas qu’il soit aussi pouilleux s’il avait à peine de quoi se verser un salaire.  « Tu devrais en vouloir plus. Prévoir l’avenir. Parce que tes petits vieux… tu risque de perdre ta seule clientèle rapidement.» Ce n’était qu’un constat. Peut-être qu’il y avait une population vieillissante à Tokyo mais son histoire de douche était bien trop farfelue. Elle se foutait bien qu’il finisse à la rue après tout. Il avait fait ses propres choix et il ne semblait pas très ouvert au changement. Il n’aurait qu’à retourner dans sa campagne, il semblait y avoir se place. Il se fondait sûrement mieux dans le décor.

Il n’y avait que des types comme lui qui n’avaient pas de télé, elle était d’ailleurs étonnée qu’il puisse avoir un téléphone capable de prendre des photos.  « Non je t’abonne à mon Instagram. T’aurais fini par le faire, alors autant ne pas perdre de temps non ? » Ce n’était pas vraiment une question. Elle était bien meilleure pour donner des ordres et elle comptait sur lui pour les exécuter. Il avait vraiment besoin de se montrer plus distingué et on apprenait le savoir vivre à l’école.  « Le taser c’est seulement si tu dépasses les limites. Je vois pas où est le problème. » Et il était évident que l’on croirait sa version. Elle était riche. Et lui ? Il n’était personne. La loi ne serait jamais de son côté.  « Rien ne t’empêche de l’obtenir. C’est juste une formalité ce diplôme. Le lycée. C’est simple.» Elaina, elle avait survolé le classement, et elle continuait. Elle voulait être la meilleure. Elle devait l’être. Pour prouver qu’elle n’était pas qu’un joli visage. Elle ne voulait plus juste être la fille de Monsieur Mori. Elle voulait qu’on la reconnaisse pour son intelligence et ses compétences.

 « Tanaka est à mon service, et s’il veut le rester, il n’a pas son mot à dire. Il me conduit là ou je veux et quand je veux. C’est pour ça qu’il est payé. Pas pour me baby-sitter. » Et tant qu’une photo ne se retrouvait pas sur le net, elle pouvait être sereine. Raison pour laquelle elle s’autorisait cette sortie nocturne, une fois la ville endormie.  « Le marketing tu connais ? » Sûrement que non. Mais elle s’y connaissait en image et en réseaux sociaux. Elle n’avait jamais peur de monter au front et de se battre pour ses convictions. Elaina était une lionne et elle aurait pu lui sauter à la gorge pour l’avoir bousculé. Mais elle se retrouvait au bord de la rivière à écouter ses conneries.  « Non. Je ne touche pas à ce genre de chose. C’est aussi dégoûtant que tes douches. Je te parles d’un vrai café. Torréfié. Pas ta soupe de pauvre.»  Il était hors de question qu’elle pose ses lèvres sur une canette comme une vulgaire paysanne. Oh, elle l’avait remarqué son regard brillant de défi.  « J’ai dit NON. » Et elle s’arrêtait d’avancer. Croisant les bras sur sa poitrine. Elle ne bougerait pas d’ici tant qu’il ne se serait pas sortie son idée débile de la tête.  « C’est moi qui décide. » Madame la duchesse.

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(la vida loca)
Tu n'aimes pas trop ce qu'elle te dit, en fait, tu n'écoutes plus que d'une oreille, s'abonner à son instagram, le taser, l'école. Tu sais bien faire ce genre de choses, ne pas écouter quand tu ne veux pas, ne pas entendre, ne pas te souvenir, "ça sert à quoi que je m'abonne si tu le fais pas en retour" que tu avais fait remarqué ; tu n'as aucune envie de la suivre si elle ne le fait pas en retour, c'est que le mannequinat, elle, ce n'est pour l'instant pas ton centre d'intérêt, loin de là.
Tout ce que tu peux penser, c'est que tu n'aimerais vraiment pas travailler pour elle, tu fais un peu la moue, pauvre tanaka-san, tu espères qu'en réalité elle le traite un peu mieux que ça, parce que sinon... Sinon, le pauvre, c'est tout, tu ne peux pas y faire grand chose de toute manière. Il est juste quelque peu désagréable d'apparaître comme un esclave mais au final, c'est peut-être comme ça qu'elle le voit, un peu. Tu espères, pendant quelques instants que Tanaka-san se rebellera un jour ; et ce jour-là, tu aimerais bien être là.
Rêves.

Tu étais perdu dans tes pensées mais elle te ramena bien vite à la réalité, non qu'elle te dit, mais ça, ce n'est pas une réponse que tu entends.
Personne ne te dit non.
Tu es presque choqué, offensé, tu fais celui faussement blessé par ses paroles, "un quoi ? ah non, hein, je paye, je décide" et est-ce que tu avais tort ? Bien sûr que non ; elle pouvait dire ce qu'elle voulait, c'était tes pauvres billets, c'était ton pauvre choix et si elle n'était pas d'accord, elle n'avait qu'à payer.
"Pas de caprice, princesse", tu te mets à rire et parce qu'elle est arrêtée en plein milieu du chemin (quelle impolie), tu es venue tirer sur son bras. Ce n'est pas comme si elle pouvait vraiment te résister de toute manière et s'il fallait que tu te mettes à la porter, tu n'hésiterai pas -tu t'en fiches bien de savoir qu'elle est célèbre, qu'elle est pas comme tout le monde ou tu ne sais quoi, toi, quand tu as décidé quelque chose, tu es têtu.

Enfin, c'est ce que tu croyais.
Tout fut très soudain, trop peut-être, tu n'es même pas sûr que ce soit la réalité.
En aurais-tu trop pris ? Est-ce que tout ça était un rêve ?
Tu l'espérais mais la douleur lancinante qui parcourait ton visage te disait le contraire. La douleur lancinante qui parcourait ton corps alors que tu t'écrasais à la surface de l'eau te disait le contraire.
Tu aurais mourir sur le coup.
La surprise t'a fait boire la tasse et tu aurais aimé rester au fond de la rivière pour une éternité et plus encore.
C'est embarrassant, beaucoup trop embarrassant et ce n'est pas comme si tu n'avais pas eu à affronter des choses embarrassantes dans ta vie. Oh mon dieu, tu voudrais mourir sur place, boire un peu plus la tasse, couler tout au fond et ne jamais remonter.
Si maman te voyait... Tu ne sais pas ce qu'elle dirait. Tu as de la chance qu'à cette heure avancée de la nuit, en cette période, il n'y ait pas grand monde (tu l'espères), tu pourras passer presque inaperçu comme ça.

"Tout va bien !", non, ça ne va pas, mais tu ne peux pas te mettre à pleurer ici, ce n'est pas possible. Tu essayes de te faire entendre de celle qui t'accompagnait, mais c'est compliqué. Tout ce que tu veux, c'est sorti d'ici, c'est qu'il fait froid, en plus.
Et si tu mourrais réellement ?
Ah non, pas maintenant.
"Yoooo, yooooo", et c'est maintenant que tu regrettes de ne pas avoir son prénom, mais à quoi pensais-tu (tu ne pensais pas), tu te détestes parfois, "Il me faut... Une échelle !! Une échelle !!!" et la cigarette n'a pas aidé tes poumons, tu le sens, tu souffres de l'effort soudain, plus rien ne va, "Aide-moi !!... A trouver... Une échelle !"

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(la vida loca)
Pourquoi est-ce qu’il discutait tous ses ordres ? Il ne pouvait pas simplement les appliquer comme un gentil garçon ? Elle n’allait pas s’abonner à un compte de campagnard. Que penseraient ses fans ? Eux qui surveillaient le moindre de ses mouvement sur les réseaux. Elle n’avait pas envie de se retrouver au milieu d’un scandale. Parce qu’elle prenait suffisamment de risque en marchant à ses côtés. C’était son idée. Bien évidemment. Mais elle était déjà prête à rejeter la faute sur lui. Il lui tenait tête et elle détestait ça. Personne ne lui disait non. Pas aussi ouvertement.  « Tu refuse mon refus ? Tu crois pouvoir être en position de le faire ? » Des caprices de princesse qu’il avait dit. DES CAPRICES DE PRINCESSE ?  « Attends je crois que t’as pas compris le concept là. » Et il avançait sans l’écouter l’effronté ! Têtue, elle restait sur ses positions, les bras croisés et les pieds bien enfoncés dans le sol. Mais quand il la trainait, elle n’avait clairement pas assez de force pour résister. Elle s’apprêtait à chouiner. A dire que dans ce genre de distributeur il y avait trop de bactéries et qu’elle ne voulait pas attraper de maladie.

Mais tout s’était passé très vite, elle s’était retrouvée sur le sol, le genou légèrement écorché et quand elle levait le regard, son paysan avait disparu.  « MAIS ÇA VA PAS ESPECES D’ABRUTI ? » qu'elle hurlait à l’homme qui l’avait bousculé mais qui était déjà trop loin. Ça ne résolvait pas le disparition de la grenouille. Epoustant son genou, en se relevant, elle le cherchait sans l’apercevoir. Il s’était caché ? Parce que ce n’était pas drôle. En colère, elle était prête à lui arracher la tête s’il repointait le bout de son nez. Mais sa voix lui parvenait. Un peu lointaine.  « Oh shit ! » Et elle se précipitait près des barrières pour se pencher légèrement. Il était tombé ? Son coeur s’affolait dans sa poitrine, mais elle ne pouvait pas laisser transparaitre sa panique pour ne pas l’effrayer.  « T’as rien ?? » Et s’il s’était cassé la jambe ? Et si elle devait aller le chercher ?

Toujours penchée pour le suivre du regard, elle se félicitait de ne pas avoir bu plus de deux verres.  « Oui bah calme toi ! Tu sais nager, tu vas pas mourir. » Oui c’était sa façon bien à elle de le rassurer.  « Avance en même temps que moi, je crois que y’a une échelle un peu plus loin. » Elle profitait de cet instant pour rappeler son chauffeur en lui demandant d’apporter des couvertures sur un ton autoritaire. Oh Elaina, elle était bien contente d’avoir troquer ses talons contre une bonne paire de baskets.  « Ici, j’ai trouvé !!! » Est-ce qu’il était toujours vivant.  « T’es là ?? » Elle ne pouvait même pas l’appeler. Parce qu’ils étaient trop fiers l’un comme l’autre pour se présenter officiellement. Cette soirée était un véritable fiasco et elle n’avait même pas eu le temps de l’abonner à son compte. Un véritable drame.

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(la vida loca)
Si tu avais été mort, ça aurait été de sa faute. Bien sûr. Et tu l'aurais hanté jusqu'à la fin de ses jours. Elle t'aurait vu dans ses rêves, au pied de son lit, au petit-déjeuner s'il le fallait : tu ne l'aurais pas lâché. Elle aurait eu ton fantôme en colère sur les épaules et bien fait pour elle.
Mais, par chance, tu n'es pas mort.
Dommage.
Tu en as marre de nager, t'as pas l'habitude de faire autant de sport en une soirée, ça te dépasse tout ça, toi, tu n'avais pas signé pour ça quand tu as accepté cette soirée huppée ; tu t'attendais à un peu trop de champagne et des filles faciles mais t'es tombé bien bas, finalement.
Tu as presque envie de te laisser couler, qu'on vienne te chercher, pourquoi tu dois faire tout ça de toute manière, c'est vraiment pas ton genre, n'est-ce pas ce dont tu rêvais il y a quelques années ? Mais soudainement sa voix retentis, elle a trouvé, trouvé quoi ?, tu aurais presque oublié.
"Bah non, j'ai disparu, pouf", tu lui cries presque dessus alors que tes doigts gelés s'accrochent à l'échelle.
sauvé.

Tes vêtements dégoulinent, tu as froid, tu claques des dents mais tu ne perds pas la face. Tes bras se serrent légèrement sur ta poitrine, comme ta compère plus tôt dans la soirée, mais tu donnes un léger coup dans tes cheveux pour essayer de les recoiffer (sans utilité). Tu voudrais dire quelque chose, mais tu n'es même pas certain de ce que tu dois penser, "c'était quoi ça ?" que tu demandes en reniflant sans grande retenu, c'est que tu as le nez qui coule maintenant... "si je le retrouve y va manger ma main et pas que, il doit pas être loin, il devait être complètement bourré, yo j'te jure que je vais lui casser les dents." C'est que maintenant, tu n'es pas content. C'est que maintenant, tu es en colère.
Et tu retrouves tes esprits, petit à petit (tu aurais presque complètement dessaoulé) "Du coup...", tu sembles chercher quelques instants dans tes poches avant d'en sortir des billets trempés, presque déchirés, "pas de café..." et tu bougonnes, parce que pour toi, à l'instant, c'est ce qui te semblait le plus important.
Le reste, tu t'en foutais un petit peu, enfin, presque.
"Mon téléphone." Catastrophe. Tu as levé les yeux vers la princesse toujours à tes côtés, puis tu as jeté un regard à la rivière, "tu crois que je le retrouve si j'y retourne ?", non parce que tu étais prêt à sauter à nouveau, là.

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Elle lui avait trouvé de quoi sortir et il osait employer ce ton là ?! Elle n’y était pour rien s’il était maladroit au point de tomber à l’eau. Si les rôles avaient été inversé, Elaina, elle aurait sûrement hurlé. Bien plus fort que lui. Et elle aurait eu envie de le tuer. Se décalant pour le laisser remonter, elle observait ses vêtements dégoulinants. Il était presque mieux comme ça.  « Je sais pas, peut-être que ta tête lui revenait pas ? Ça serait pas étonnant...Bienvenue à Tokyo.» C’était pourtant bien la première fois qu’elle assistait à une telle scène. Les hommes ivres, elle en croisant souvent, mais des violents comme celui ci ? Il méritait une bonne correction. Mais elle posait sa main sur le bras de son inconnu pour le rappeler à l’ordre.  « Ouais bah tu vas rien faire du tout là. Tu ferais même pas le poids face à moi dans cet état.» Il allait finir par attraper une pneumonie. Et non, elle ne s’inquiétait absolument pas pour sa santé !

Pourquoi est-ce qu’il lui parlait encore de son stupide café ? Elle avait échappé à une mort certaine Elaina.Hors de question d'aller chercher ces fichues canettes.  « T’as le sens des priorités dis moi.» Il avait du prendre un coup sur la tête. Parce qu’elle le trouvait déjà stupide, mais il ne pouvait pas l’être à ce point là n’est-ce pas ? Au point de vouloir y retourner pour chercher un téléphone qui ne fonctionnerait même plus. Qu’est-ce qu’il allait en faire. Le mettre dans du riz en espérant en faire pousser un autre ? Elle pressait son bras un peu plus fort. Elle n’avait pas la force de le retenir s’il décidait d’y retourner, mais elle tentait de se montrer un peu plus autoritaire.  « Mais non ! T’y vas pas. C’est qu’un portable. » S’il n’y avait que ça. Elle lui en rachèterait un. Elaina, elle ne voulait pas finir avec un cadavre sur les bras.

 « Aller viens. Je vais te ramenez chez toi.» Et quand elle disait elle, elle pensait à monsieur Tanaka. Tirant sur son bras pour le faire avancer, elle le trainait jusqu’à la voiture où son chauffeur attendait les couvertures sous le bras.  « Aller enlève tes fringues.» C’était simplement pour ne pas mouiller les sièges en cuir et non pas pour découvrir ce qui pouvait se dissimuler sous ses haillons. Elle fréquentait des mannequins et des célébrités à longueur de temps, alors la nudité, elle s’en foutait un peu.  « Quoi ? Je vais pas t’agresser détends toi. » qu’elle disait en secouant la tête.  « Faudra mettre de la glace sur ton visage.» Parce qu’il n’était déjà pas terrible, mais avec un oeil au beurre noir ? Il ferait sûrement fuir le peu de clients qu’il avait. Ce qui en soit, n’était toujours pas son problème. Alors pourquoi est-ce que l’idée l’avait effleuré ?

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C'est qu'un portable, qu'elle te dit et peut-être que pour elle ce n'est qu'un portable mais pour toi, c'était un peu plus que ça ; tu ne serais pas à dire que c'est ton seul lien avec le monde, mais peut-être que c'était ton seul lien avec les choses d'ici, ton petit monde, même s'il t'arrivait souvent de l'égarer, de l'oublier, de l'ignorer, c'était rassurant de savoir que l'on pouvait te contacte.
Mais plus aujourd'hui et ça, ça te fait bouder, comme les enfants.
Tu ne sais pas trop ce qui t'empêche de ne pas l'écouter et de plonger à nouveau : le froid de la rivière, la nuit, sa main sur ton bras
Tu ne sais pas, et tu n'as pas trop envie de savoir, de toute manière.

Ridicule. Cette situation était de plus en plus ridicule. Comment tu avais pu finir trempé (putain c'est qu'il fait froid), comment tu avais pu finir dans la rivière, "yo tu crois que j'vais passer aux infos ?", ce sera toujours mieux que cette vidéo. Tout à coup, tu voyais la célébrité passante de l'homme qui survit à sa chute mais ça ne dure que quelques instants.
Ce n'est pas comme s'ils t'avaient vu, dommage, tout ça pour rien.
Tu es gêné, tu peux le dire, ça n'arrive pas souvent mais un peu trop cette nuit. Sourire embarrassé à Tanaka qui vous jette un coup d'oeil étrange mais qui ne dit rien (il n'a sûrement pas le droit), "pardon ?" Tu fais l'homme faussement indigné par sa demande, comme si tu te mettais nu si facilement, puis tu n'as pas vraiment envie qu'on te ramène, mais il semblait qu'elle lisait dans tes pensées, tu pouffes légèrement, "ok miss je déshabille les gens", tu rigoles et enlèves ton t-shirt. Tu ne sais pas si tu as encore plus froid qu'avant mais tu essores la chose et fait une grimace.
Vraiment, quelle idée.
Tu fais de même avant ton pantalon (bah quoi ?) et c'est la rivière entière qui en sort quand tu appuies dessus, ça te dégoûterait presque, "hm, j'en ai pas, c'est pas grave." Tu t'en fiches bien des marques. Tu remercies le chauffeur alors que tu prends la couverture pour t'y enrouler.
hop, dans la voiture.

"Ca fera un peu héros, genre je me suis battu et tout, je vais pouvoir frimer devant les potes" que tu lui dis alors que la couverture, tu viens la mettre aussi sur elle (pourquoi il n'y a que toi qui en aurait ?), "J'suis un grand garçon" que tu réponds en rigolant mais ça ne dure que quelques instants avant que tu reprennes ton sérieux.
Tu as oublié les bonnes manières, c'est maman qui ne serait pas contente.
Dans un geste soudain, tes mains froides se posent sur ses joues pour que tu puisses observer son visage, "Toi, ça va ? Tu n'as rien ?" Après une inspection intensive de son visage, il a l'air d'aller plutôt bien et c'est toi qui risquait de te prendre un nouveau coup, si tu continuais, "tu t'es fait mal quelque part ? il t'a frappé aussi ? hé j'vais l'écraser, Tanaka-san, roulez-lui dessus si vous le revoyez !" et voilà qu'à nouveau, tu t'excitais.

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