How can I pretend. (ft Aiko)

C'est comme ça que tu as toujours vécu , tu sais que parfois tu peux tomber sur des clients tordus et hier soir c'est ce qu'il s'est malheureusement passé pour toi. L'alcool dans le sang , il a très vite changé de visage et tu as pris des coups , tu t'es débattue comme tu as pu mais lorsqu'il t'a empoigné par la gorge tu as sérieusement cru que tu crèverais cette nuit- là. Ce n'est pas la première fois que ce genre de chose t'arrive mais tu as eu la frousse et ce qu'il s'est passé te pousse à te poser des questions que tu ne devrais pas te poser. Tes lunettes de soleil sur le nez , tu as décidé en ce début d'après -midi de te rendre chez ton l'herboriste. Ton corps te fait entièrement mal , tu as des courbatures , des hématomes et puis cette œil au beurre noir que tu caches sous tes lunettes. Au fond , tu sais bien que cette vie que tu mènes est un problème mais tu sais aussi que si tu venais à tout stopper tu ne serais plus rien. Tu fais ça depuis que tu as seize ans , tu ne sais faire que ça.

Poussant la porte de la boutique , un sourire forcée se dessine sur tes lèvres fendues. Tu as toujours été souriante en venant ici , tu aimes cette endroit et l'odeur des plantes , ça te réconforte. « Bonjour Aiko !  » Que tu lances avec une voix que tu veux enjouée. T'as une sale tête mais t'essaies quand même de ne rien laisser paraître. Tu t'approches du comptoir alors qu'un client s'en va : « Je vais prendre comme d'habitude.  » Et par comme d'habitude , tu parlais bien évidement de drogue. « Et ... Est-ce que tu as quelque chose pour les courbatures ?  » Demandes - tu curieusement. Elle pourrait bien te préparer quelque chose de plus naturel qu'un médicament que t'irais acheter en pharmacie.

La nuit est tombée, doucement les boutiques voisines de la mienne commencent à fermer. Je me prépare à fermer boutique aussi. Remettant en ordre les rayons et faisant un peu de ménage. Je prépare également une autre partie de la boutique, qui n'ouvre que la nuit et dont l'accès est caché et réservé à ma clientèle la plus stricte. J'observe la rue et les boutiques fermer. L'heure tourne et une fois 21 h mon autre commerce débute. Si un jour on m'avait dit que j'allais finir par vendre de la drogue, j'aurai ris haut et fort. Sauf que c'est vraiment le cas aujourd'hui. J'aimerai en rire mais devoir faire ça pour m'en sortir n'est vraiment pas une partie de plaisir. L'échec de mes études et ma boutique qui ne me rapporte pas assez sont suffisants pour foutre ma vie en l'air. Chaque jour je pris pour m'en sortir et trouver une autre solution que vendre des choses illégales mais, je ne trouve pas. Et plus les jours passent plus je désespère et m'habitue à ce rythme de vie. J'espère juste ne pas le faire durer trop longtemps, j'espère réussir à arrêter ce cirque un jour. Tôt ou tard.

Ma clientèle arrive au fur et à mesure. Ils ne sont pas nombreux et se comptent sur les doigts de la main. Mais au moins ils me permettent de ne pas finir le mois à découvert. Assise à mon comptoir, je regarde l'heure défiler. Plus qu'une demi-heure et je peux rentrer chez moi. La porte s'ouvre et j'aperçois une tête blonde familière. C'est une nouvelle cliente mais qui vient souvent. " Salut Alex. " Mes clients du soir sont différents de ceux de la journée. On est familiers et je connais tout leur prénom. Je l'observe un moment, elle porte des lunettes de soleil, bizarre. Elle passe sa commande et me demande quelque chose de peu habituel. Je reste silencieuse quelques secondes et l'observe un peu plus. On dirait que quelque chose ne va pas. Je le remarque mais, ne fait pas de commentaires. " Bien sûr, j'ai ça. Où est-ce que tu as des courbatures ? " Je fait le tour du comptoir et me dirige vers un endroit de ma boutique, lui faisant signe de me suivre. Une fois près d'une rangée de plantes médicinales, je la regarde plus en détails. Il lui est arrivé quelque chose c'est sur.

Ce n'est pas  la première fois que ça arrive mais lorsque ça arrive c'est toujours un peu surprenant pour toi , tu t'attends pas vraiment à te faire tabasser sans raison. T'as déjà pensé à  investir dans une arme mais tu trouves que c'est beaucoup moins dangereux d'apprendre un sport de combat mais t'as pas le temps pour ça , ni les moyens. Le gang te prend déjà une bonne partie de ce que tu gagnes et lorsque les clients te donne des extras c'est souvent en nature. Tout travail à ses désavantages et toi t'en as vécu un hier soir. Tu positives , tu te dis qu'au moins t'es pas morte et que tu as sur encaisser , c'est pas comme si tu n'avais jamais pris de coups , ton beau-père était le premier à t'en donner et avec le temps , tu as appris à ne plus ressentir la douleur.

T'as quand même honte de ce qu'il s'est passé , de ne pas avoir su te défendre comme tu le devrais et de débarquer chez cette herboriste avec une tronche pareille. Tu n'aimes pas jouer les victimes mais il faut bien admettre que tu en es une. Tu suis Aiko dans un endroit de la boutique. Elle de demande où tu as des courbatures « Je… Un peu partout à vrai dire , j'ai un peu de mal à me pencher aussi. » Tu te pinces nerveusement la lèvres inférieure. Tu soupires doucement , t'as pas le choix de toute façon , il faut bien que tu te soignes. Tu lèves ton pull afin de lui dévoiler les ecchymoses sur ton ventre , résultat des coups de pieds violents que tu as reçu : « Est-ce que … tu as une crème pour ça aussi ? C'est pas dramatique , c'est juste que c'est moche. » Et tu continues de sourire comme pour ne pas l'inquiéter. Tu peux pas vendre un corps aussi abîmé.

C'est en demandant à Alex où est ce qu'elle a des courbatures que je devine sous ses lunettes des cernes ou bien des hématomes. Il lui est arrivé quelque chose c'est sûr mais, elle semble vouloir le cacher. Jusque là je ne dis rien car, je ne veux pas m'imposer. Après tout je reste une vendeuse et elle ma cliente. Je lui demande des précisions concernant ses douleurs et elle me dit qu'elle a mal un peu partout et a du mal à se pencher. J'hoche alors la tête et cherche la seule plante que je connais qui agit contre les courbatures. L'arnica. J'en prends une boite quand Alex soulève son t-shirt pour me montrer des hématomes sur son ventre. J'écarquille les yeux, c'est plus grave que ce dont je pensais. " Alex... que t'est-il arrivé ? " Ou plutôt qui t'as fait ça ? C'est à elle de me le dire, car je doute qu'elle se soit infligé cela toute seule. A moins d'être maso mais, j'en doute fortement. Son sourire m'inquiète un peu plus, elle semble se voiler la face. Alors, je pose la boite que je tenais dans la main pour mieux me tourner vers elle. " Tu sais ici, je vends seulement des plantes médicinales, ça ne risque pas de soulager la douleur de ces hématomes et courbatures. Peu importe ce qu'il t'es arrivé, il faut que tu ailles en pharmacie ou aller voir ton médecin afin de mieux te soigner. Au mieux ce que je peux te donner, estompera les douleurs mais, ça ne va pas les faire disparaître en deux jours. " J'attrape d'autres boites, comportant de l'huile d’argan et de l’huile de calophylle inophylle. Je me tourne de nouveau vers elle. " Mélange bien ces deux huiles et appliquent les sur tes bleus chaque jour. Pour tes courbatures, met quelques gouttes de celle ci dans le creux de ta paume et frotte doucement. " Je réfléchis encore, ces trois huiles essentielles sont les meilleurs, je n'ai rien d'autre à lui proposer. Je souris légèrement, comme pour essayer de la rassurer. Mais, je ne pourrai pas la forcer à aller voir un médecin.  Qui suis-je après tout pour lui dire quoi faire ?

Heureusement que tu connais cette herboriste sinon tu serais restée chez toi à supporter les douleurs des blessures que t'a laissé ton agression. Tu as déjà pensé à aller en pharmacie mais tu as peur qu'on te pose des questions auxquelles tu n'as pas envie de répondre. Tu te sens déjà assez honteuse de ce qu'il s'est passé , tu préfères te dire que tu l'as un peu trop irrité ce client et que tu as eu ce que tu méritais.  Cette fâcheuse tendance à minimiser les choses … Tu sais bien que ce qu'il s'est passé est grave au fond de toi , que ce que tu vis est difficile mais tu préfères  nier et faire comme si tout allait bien. Sous tes airs de poupée fragile , tu es plus forte que tu en as l'air. Pleurer sur ton sort est une chose que tu t'interdis de faire , tu restes digne et quoi qu'il puisse se passer , tu trouves toujours un moyen de te relever et de ne pas perdre la face.  Du peu que tu connaisses Aiko , tu te dis que tu peux lui faire confiance et lui montrer les hématomes laissés sur ton ventre. Ce salaud ne t'as pas loupé , encore un peu et il te cassait une côte. Il y' aurait pu avoir pire , tu essaies de dédramatiser , même en laissant Aiko découvrir ces bleus. Tu vois bien sa réaction , ça te donne presque envie de chialer. Ça te rappelle de très mauvais souvenirs. « Je sais mais ils me poseront des questions et je pense pas que ce soit une bonne idée d'aller chez mon médecin non plus… Je suis sûre qu'avec le temps ça partira. C'est pas grave , je saurais me montrer patiente avec ce que tu me donnes. » Et puis tu auras juste à te maquiller pour ne pas imposer ça aux clients et prendre sur toi si tu as mal. Tu lui souris légèrement , tu es au moins reconnaissante du traitement qu'elle te propose. Tu passes une main dans tes cheveux , personne ne sait ce qu'il t'es arrivé et encore moins ton coloc. Tu t'es caché dans ta chambre pour ne pas avoir à le croiser. « J'ai eu un petit problème avec un client hier soir. Je crois qu'il avait peut-être un peu trop bu ou alors je l'ai mérité j'en sais trop rien. » Tu hausses les épaules , un petit sourire nerveux sur le coin des lèvres. « Enfin c'est pas si grave , c'est pas la première fois … J'ai l'habitude t'en fais pas. »

Je sens la détresse dans le regard d'Alex et dès lors qu'elle me dévoile sa peau recouverte de bleus, je comprends que quelque chose de grave se passe. En général, les problèmes des gens ne m'affectent pas plus que ça. Mais là, c'est différent. On dirait que sa vie est en danger. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais, les violences ne mennent à jamais rien de bon en général. Alors je m'inquiète pour ma cliente. Alex n'a pas l'air d'être une mauvaise fille, juste perdue et qui fait surement des mauvais choix. Mais qui n'en fait pas ? Je l'écoute et la conseille du mieux que je peux. Sa voix est alarmante et son choix montre la détresse dans laquelle elle se trouve. Je fait donc tout pour me montrer rassurante. " Un médecin peut garder le secret médical tu sais. Il peut vraiment t'aider. " Et je suis bien placée pour le savoir, même si je n'ai pas le diplôme, j'ai été formé à être médecin. Le secret médical est une des base de mon métier. Et plus Alex me parle plus je m'inquiète. Je fronce les sourcils et réduit un peu la distance entre elle et moi. " Personne ne mérite d'être battu. Je ne connais pas ton métier mais, peu importe. Ce n'est pas normal que tu sois habituée à cela. Encore plus si ce n'est pas la première fois. Et si un jour ça tourne mal et que tu perds la vie ? " Mes mots sont durs mais, après tout, ça risque de lui arriver et parfois ce n'est pas évitable lorsqu'on est habitué à de telles violence. Je prends ses produits et retourne à ma caisse. Lui ajoutant une crème qui atténue les douleurs. Je mettrais ça sur le compte de la maison. " Si jamais tu en ressens le besoin ou l'envie de me parler, je suis là. Je suis qu'une simple vendeuse mais je peux t'aider peut-être. " Au moment où je termine ma phrase, j'aperçois deux hommes entrer dans ma boutique. Deux hommes que je connais bien depuis plusieurs semaines maintenant. C'est l'heure de l'échange. J'ouvre ma caisse et sors l'argent hebdomadaire de mes ventes. Leur part du marché. Je pose l'argent sur le comptoir, le glissant en direction du premier homme sans dire un mot. Les laissant vérifier que le compte y est, j'observe Alex qui est surveillée par le deuxième type. Je n'aime pas quand ils débarquent alors que des clients sont là. Ces types sont effrayants. " C'est bon pour vous ? " Une simple vérification, avant d'avoir l'autorisation de prendre la livraison et de la stocker. Pourvu que ça ne dure pas longtemps.

Ce genre de mauvaise expérience te fait parfois te remettre en question , c'est pour cette raison que tu n'aimes pas les vivre. Tu te demandes comment tu as fait pour en arriver là et c'est exactement le genre de questions que tu ne devrais pas te poser. Tu n'as pas l'air de donner à ta vie la valeur qu'elle mérite , c'est vrai , tu as pris quelques coups et ton corps est un peu abîmé mais ce n'est pas pour autant que tu décides de claquer la porte au nez des Nakano , tu es chez eux depuis bien trop longtemps et tu leur appartiens alors la décision ne te revient pas. « Je suis pas certaine qu'un médecin garderait le secret , il me balancerait aux flics et c'est moi qui aurais des problèmes. » C'est ce que tu veux éviter à tout prix , les problèmes. Tu fais toujours ce que l'on te dit sans brancher. On t'a appris à ne pas trop réfléchir et si tu le faisais , tu sais que tu pourrais sombrer en te rendant compte de ce que ta vie est devenue alors tu te comportes la plupart du temps comme une poupée sans cervelle , c'est ce qu'ils veulent de toi de toute façon. Tu secoues la tête en écoutant les paroles de ton interlocutrice. « J'ai pas été battu. C'était juste un accident. Il était juste un peu bourré...» Tu insistes , tu le répètes comme pour t'obliger à croire ce que tu dis. toi- même tu n'y crois pas et tu as peur d'y laisser ta vie un jour mais tu es bloquée là - dedans. Qu'est-ce que tu deviendrais si tu venais à partir ? Et puis qui a dit que tu le pouvais ?

Tu te recules alors que deux hommes suspects s'imposent dans la boutique et dépose un sac noir sur le comptoir. Tu observes Aiko leur donner ce qu'il veulent et tu fuis le regard des deux hommes qui se poste à tes côtés. Ouais , tu vas pas trop l'ouvrir , t'as pas envie qu'on t'esquintes encore plus que tu ne l'es. Tu assistes à l'échange et tu te rends compte qu'elle est pas si différente que toi finalement. Lorsqu'ils quittent la boutique , tu reposes ton regard sur Aiko et tu te lances. « Parfois je me pose des questions que je devrais pas me poser , tu sais ...Si t'arrêtes de coopérer avec eux , ils ne seront pas contents … C'est pareil pour moi et puis si j'arrêtais de faire ce que je fais , qu'est-ce que je deviendrais ? » Tu espères qu'elle ne te jugera pas. C'est bien la première fois que tu parles à quelqu'un de ce que tu ressens , toi qui a pour habitude de faire comme si de rien n'était. Peut-être que les douleurs physiques que tu ressens te rendent plus vulnérable aujourd'hui.

Alors que je discutais avec Alex, ma cliente, des types sont arrivés pour effectuer la transaction habituelle. Les mêmes qui viennent chaque semaines. Et alors que je leur ai donné l'argent, ils ont simplement hoché de la tête pour me faire comprendre que c'était ok. J'ai pris leur sac et l'ai stocké derrière, dans ma réserve. Et une fois sortit de ma boutique, je retournais auprès de ma cliente. " Tu sais j'ai faillit être médecin. j'ai fait des études pour ça, c'était mon objectif de le devenir et ça l'est encore. Je peux t'assurer qu'un médecin ne balancera rien au flic, même si il y a un réel danger de mort pour son patient, il l'aidera d'une autre manière. " J'essayais là un peu de la rassurer, après tout je ne dis que la vérité. J'ai fait médecine, je sais de quoi je parle. Après, je ne pourrais pas la forcer de se faire aider ou de m'en parler. C'est à elle de le décider. J'en apprends enfin plus sur son agression, elle nie avoir été battu. Mais ça me paraît tout comme. J'hoche de la tête négativement, et pose ma main sur son épaule. " Bourré ou pas bourré, ça reste de la violence injustifiée. C'est pas normal dans les deux cas et il faut pas laisser l'excuse de l'alcool. Sinon qu'est ce qu'il te fera la prochaine fois ? "  Je me doute qu'elle se voile la face, n'importe qui ferait la même chose. Après tout c'est humain, mais, si je peux l'aider rien qu'un peu, je le fait. Je retourne ensuite à mon comptoir, jetant un coup d'oeil dehors. Puis je me met à compter l'argent qu'il me reste. Alex revient vers moi et ses paroles me surprenne. C'est la première fois qu'un client me dit cela. Mais dans un sens, c'est pas étonnant. Elle sait pourquoi elle est là et je sais pourquoi elle est ici. On est toutes les deux, aussi coupable l'une que l'autre. Je ne suis pas toute blanche et Alex non plus. " Je sais mais… je compte pas faire ça toute ma vie. C'est juste le temps de remonter la pente, dans quelques mois j'arrête. C'était pas du tout mon objectif d'en arriver là et… je regrette un peu d'ailleurs. Mais c'est de ma faute je peux m'en prendre qu'à moi même. " Les derniers mots d'Alex me marque, elle se confit, s'ouvre un peu plus à moi. Je sens son inquiétude. Cette fille est complètement perdue et livrée à elle même. un peu comme moi. " Je pense qu'il y a toujours une solution. On est tous voués à faire mieux. Je suis sûre que tu peux t'en sortir Alex, tu peux faire bien mieux. Et on peu t'aider… je peux t'aider. " Tout aussi sincère qu'elle l'est, je le suis aussi, à mon tour.

Demander de l'aide ? Qui voudrait t'aider ? Depuis tes seize ans tu as toujours subi dans le silence alors pourquoi tu le briserais aujourd'hui ? Pourquoi tu vis ? La question d' Eiji résonne encore dans ton esprit. Une question que tu as laissée sans réponse. Entendre Aiko parler de son rêve te fait penser au tien. Tu en avais un toi aussi avant que ta vie ne devienne ce qu'elle est aujourd'hui. Tu rêvais de devenir danseuse contemporaine , à l'époque tu avais encore de l'espoir et des rêves pleins la tête. Aujourd'hui plus rien n'est pareil , tu as l'impression que tu es vide , sans rêve , sans espoir , sans croire que la vie que tu mènes puisse changer un jour. «  Tu aurais fait un bon médecin ,j'en suis sûre... Pourquoi tu n'as pas pu aller jusqu'au bout ? » Tu es indiscrète , trop curieuse , peut-être qu'elle ne souhaiterait pas y répondre à ta question. Aiko te secoue par ses mots , elle a raison. La prochaine fois , il pourrait te tuer. Tu risques sans cesse ta vie en faisant ce que tu fais.
L'herboriste pose une main réconfortante sur ton épaule. Tu comprends qu'elle veuille t'aider et avant même qu'elle n'ait fait quoi que ce soit , tu lui en es reconnaissante. Tes amis se comptent sur les doigts de la main mais aucun ne connaît l'enfer que tu vis  parce que tu n'as jamais voulu déranger qui que ce soit avec des problèmes qui ne concernent que toi. « Oui , je sais … Je... c'est peut-être un peu dangereux. » Tu l'admets difficilement. Tu as toujours fait comme ça pour te protéger. Tu enfiles ton masque et tu te voiles la face. Aiko t'aide à te rendre compte de la gravité de la situation , tu commences à y voir clair sauf que tu n'aimes pas ça , ça te rend vulnérable et c'est exactement ce que tu as toujours voulu éviter.

La situation d' Aiko n'est pas si différente de la tienne. Vous faites toutes les deux des choses que vous ne voulez pas faire pour vous en sortir. Vous n'avez pas le choix. Toi , tu n'as aucun diplôme en poche , tu as fugué à l'âge de seize ans et les Nakano t'ont recueilli pour faire de toi un esclave sexuel. « Mais tu n'avais pas le choix... Au moins , tu te bats pour avoir ce que tu veux. Est-ce qu'une fois que tu auras remonté la pente , tu vas garder ta boutique ? Tu vas t'en aller ? » Lui demandes -tu curieusement. Tu n'as pas envie qu'elle s'en aille. Ta gorge se noue alors qu'elle te tend la main pour te sortir de l'enfer. Si elle savait toute la peur qu'il y' a en toi à l'idée de ne plus être celle que tu es. « Mais … Qu'est-ce que je pourrais devenir ? Je n'ai aucun diplôme et qu'est-ce que je vais faire ? Je saurais pas quoi faire si je les quitte. » La voix quelque peu paniquée , tu t'en poses des questions. Tu as peur de te retrouver seule.