Help , i'm alive. (ft eiji)

Ses mains serrant ton cou , tu te sens suffoquer. Comment t'en es arrivée là ? Tu es convaincue que tu vas crever ici ce soir , entre ses mains mais tu utilises tes dernières forces pour lui donner un coup de genoux et tu t'en vas en courant , tu quittes la chambre sans prendre le temps de récupérer tes escarpins et ta veste , peu importe , tu dois fuir loin d'ici pour ta survie. Tu appels l’ascenseur en appuyant sur le bouton comme une furie mais il met trop de temps et tu entends ton client t’interpeller alors tu paniques davantage et tu décides d'emprunter les escaliers de secours. Ton cœur bats à cent à l'heure , tu es essoufflée  , tu ne sais même plus comment respirer tellement tu es choquée de ce que tu viens de vivre. T'as encaissé les coups et tu t'es souvenue de ton beau – père. Tu quittes l'établissement , te retrouvant en robe légère et nue pieds sous la pluie battante. Ton maquillage a coulé , tu ne ressembles plus à rien. Désorientée , perdue , ouais ça tu l'es. T'oses même pas te retourner parce que tu penses qu'il est toujours derrière toi. Tu  ne vois personne sur le trottoir mais quelques voitures qui s'arrêtent au feu au rouge , alors tu continues de courir et tu tapes à la vitre à la portière du côté passager d'une belle Jaguar avec tes petits poings. « S'il vous plaît !! » Tu implores la voix brisée.  Tu as encore le réflexe de tourner la tête pour vérifier s'il est derrière toi , tu  n'as pas envie de mourir ce soir alors t'essaies d'ouvrir la portière et t'as de la chance , elle n'est pas verrouillée alors tu entres dans la caisse de l'inconnu. T'es toutes trempée et tu ressembles à un clown , ta lèvres inférieure saigne et tu gardes ta main autour de ton ventre parce que t'as mal à cause de tous ces coups de pieds que t'as pris. Tu sursautes légèrement alors que ton regard croise celui du conducteur. Il ne t'es pas inconnu. Les nakanos veulent sa tête sur  un plateau. Tu détournes le regard , tu fais comme si t'avais pas tilté.  T'as l'air d'être en plein cauchemar. « Vous pouvez me déposer n'importe où , il y'a un fou qui me court après. » Ta voix est paniquée mais tu te dis que quand la voiture sera partie d'ici tu pourras souffler ou pas.

tu as passé la journée avec ton copain. et pour être honnête, t'aurais voulu rester. mais si t'avais décliné son invitation à t'installer chez lui, c'était pour une bonne raison. et elle était toujours valable. il était hors de question que tu le mette en danger plus que nécessaire. alors c'est à contre-coeur que tu lui disais au revoir presque tous les soirs et que tu rentrais en voiture, parce que tu partais toujours trop tard. tu fais un peu trop ronronner le moteur, tu roules un peu trop vite. t'as jamais passé ton permis, pourtant ta conduite est souple. tu roules juste beaucoup trop vite. tu respectes juste aucun panneau, aucune règle. tu t'arrêtes quand même au feu rouge, pas envie de mourir tout de suite. plus envie. un grand bruit te fait tourner la tête vers la fenêtre du côté passager. ton visage impassible ne trahit aucune émotion lorsque la fille frappe contre la vitre pour te supplier de la laisser entrer. tu fronces simplement les sourcils, indécis. tu sais pas si tu dois la laisser entrer et prendre un risque. pourquoi est-ce qu'elle avait choisit ta voiture et pas une autre, pourquoi est-ce qu'elle ouvrait subitement la porte pour se glisser à l'intérieur ?

tes yeux inquisiteurs scrutent les traits de son visage. tu la connais, t'en es certain. t'as du mal à remettre le doigt dessus au début mais ta mémoire ne te fait jamais défaut et la scène te revient subitement en mémoire. des bruits de suffocation, une corde contre la gorge d'un traitre et les yeux de la fille qui n'avait même pas hurlé. peut-être trop habituée à ce genre de scène. ou peut-être qu'elle avait comprit ton regard. et la revoilà qui entre dans ta vie sans y avoir été invité, t'as peur au fond, qu'elle ait été envoyée. des traits noirs ornent ses yeux, traces de maquillage ayant trop coulé, sa lèvre saigne. et puis ses mains se quittent pas son abdomen. elle a été frappée. pourtant, ce serait bien le genre de ton paternel, de t'envoyer une prostituée pour te cueillir. peu importait ce que la fille en question aurait à subir pour que ça semble crédible. tu tournes tes yeux vers la route, tu ne sais toujours pas quoi faire de cette fille. tu ne sais pas si tu ferais mieux de la jeter dehors ou de démarrer puisque le feu est vert depuis un moment. c'est une ombre dans ton rétroviseur qui te décide. un mec, qui sort d'un bâtiment. il a l'air de la chercher. tu souffles. pourquoi il te court après ? y a personne pour vous protéger ici ou quoi ? pourtant quelqu'un était censé faire ce job. ça n'avait jamais été le tien. tu redémarres, laissant le mec sur le carreaux. pas question qu'il la retrouve. il t'a bien amochée. ton regard descend sur son cou rougit. elle aurait des bleus. elle avait faillit mourir. tu mords ta langue. t'es pas sûr qu'elle se souvienne de toi. je sais que tu travailles pour mon père. tu fais une pause avant de reprendre d'une voix glaciale. mais si tu lui dit un mot à mon sujet, j'hésiterai pas à te coller une balle entre les deux yeux. comme ça, c'était clair.

En réalité , tu es une battante cependant il faut bien admettre que ce soir tu perds tes moyens. Les coups de ton client bien trop en rogne contre toi te rappellent des mauvais souvenirs alors tu as l'impression que le passé te rattrape et tu n'aimes pas ça. Une poupée avec pas mal de dysfonctionnements , c'est ce que tu es mais tu excelles dans l'art et la  manière de le cacher aux autres. La plupart du temps , tu joues un rôle sous tes sourires de façades mais c'est encore moins éclairé que sous un tunnel en toi. Tu n'as pas le temps de pleurer sur ton sort alors tu te dis que ce sont les aléas du métier , c'est pas la première  fois que tu t'en prends une et ce ne sera pas la dernière. Si tu avais su que tu tomberais sur le fils du grand chef en toquant à la vitre de cette jaguar , tu t'en serais passée. Peut-être bien que tu dois songer à avoir une arme avec toi ou un objet avec lequel te défendre lorsque tu vois un client. Avec tous les coups que tu as reçu , c'est une chance que tu sois pas morte , tout ton corps est courbaturé , tu as mal rien qu'en bougeant mais tu n'en es pas morte , c'est déjà ça. Tu ne ressembles à rien alors quand tu montes dans cette voiture tu te sens honte lorsque le jeune homme pose les yeux sur toi. Tu n'oses même pas le regarder , aussi parce que tu le reconnais , tu sais ce qu'il est ou plutôt qui il est. Ouais , tu t'en souviens très bien de ce soir ,où il a étranglé un client de sang froid avec une corde. T'en as eu des sueurs froide , t'en as fait des cauchemars , c'était bien la première fois que tu voyais quelqu'un se faire buter devant tes yeux. C'était comme si la peur avait paralysé tes cordes vocales , tu ne pouvais pas crier et puis t'avais certainement pas envie de te retrouver toi aussi six pieds sous terre alors t'es restée calme mais tu t'en souviens , comme si c'était hier. Tu as fait comme si tu ne le connaissais pas mais lui , il semble se souvenir de toi comme tu te souviens de lui. Il doit penser que tu serais capable de le balancer pour gagner l'estime de son père peut-être, c'est ce que ferait les autres putes avares de reconnaissance :  « Je dirais rien , pas parce que tes menaces me font peur mais parce que je suis pas une balance. » Dis -tu sérieusement en osant le regarder cette fois , il t'a reconnu alors tu n'as plus rien à perdre. Pourquoi tu le balancerais , t'as aucune ambition mais vu l'état dans lequel tu te trouves , il a du rapidement le comprendre. Tu tires la ceintures de sécurité vers toi pour pouvoir la mettre et tu étouffes un gémissement de douleur en la verrouillant. Te redressant , tu reportes ensuite ton regard sur la route en face de toi :  « C'est quand même étonnant que t’ai pas quitté le pays... » Tu te mets à penser tout haut. Il faut dire que son histoire a été sur les lèvres de toutes tes collègues pendant un moment , c'était un peu le petit thé du matin. Tu connais l'histoire mais tu saisis pas bien pourquoi il s'est contentée d'aimer cette fille appartenant au clan rival , des filles il y'en a des centaines. Toi , tu saisis pas trop le concept de l'amour , t'es jamais tombée amoureuse et t'as commencé à vendre ton corps très jeune.
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elle fuit ton regard, elle semble avoir envie de regarder partout sauf de ton côté. tu la comprends un peu. surtout si elle t'a reconnu. elle dit que tes menaces ne lui font pas peur mais ses mots puent le mensonge. pourtant, tu fais semblant de la croire, laissant un sourire fin se dessiner sur tes lèvres. pourquoi t'es pas une balance ? par loyauté ? si t'étais loyale à ma famille, tu me balancerait. elle faisait aucun sens avec ses histoires, elle avait l'audace de penser que t'allais la croire. tu savais bien que les gens qui ne balançaient pas étaient rares. et elle, elle te connaissait pas. elle devait avoir une image terrible de ta personne. un mec froid, qui tue sans remords, fils de la famille dorée qui pouvait avoir sa tête sur un plateau en claquant des doigts. elle n'avait peut-être pas vraiment tord. pas tout à fait. elle boucle sa ceinture et tu remarques malgré toi les signes de sa douleur. tu serres la mâchoire.

t'es plus l'homme que t'étais et t'as du mal à rester de marbre face à la douleur des personnes que tu considères comme innocentes pourtant tu restes muet assez longtemps pour qu'elle pose sa question, le regard rivé sur la route. souffle rieur. ça étonnerait surement tout le monde, s'ils savaient. pourquoi je m'en irai ? c'est chez moi, Tokyo. et surtout, c'était ailleurs qu'on te cherchait, pas au nez et à la barbe du clan, planqué en plein milieu du terrain de jeu, en plein soleil. tu lui fais pas assez confiance pour lui en dire plus. pour être honnête, tu lui fais pas confiance du tout et tu rigolais pas. au moindre signe hostile de sa part, t'es prêt à lui éclater le crâne contre le tableau de bord. toi c'est étonnant que tu bosse toujours pour ma famille. ce faisait plusieurs années déjà, que vous vous étiez croisés. pourtant elle n'avait pas évoluer, toujours le même job atroce. et que tu sois toujours vivante.

Pauvre mec. Il n'en a fait qu'à sa tête et le voilà maintenant à se faire traquer par sa propre famille.  Tu devrais avoir peur de lui parce qu'il serait capable de te tuer de sang froid mais en y pensant , pourquoi tu devrais avoir peur de lui ? S'il est capable de se mettre sa famille à dos pour une fille alors c'est qu'il ne doit pas être si monstrueux que ça. Il est capable d'aimer , une chose que toi t'es incapable de faire. Tu dois beaucoup aux Nakano , c'est eux qui t'ont sorti de la merde qu'est la rue , sans eux , on aurait sûrement retrouvé ton corps dans une benne à ordure. Il a raison. Tu devrais te montrer bien plus loyale que cela envers eux. « Parce que … Je ne me mêle pas des affaires d'en haut. Si je te balance , on aura tous les deux des problèmes. » Lui réponds – tu en détournant le regard sur la vitre. Tu sais que les choses peuvent être mal interprétées et encore pire si certaines des putes s'amusaient à créer des rumeurs par jalousie. Tout le monde cherche à être en haut mais toi c'est pas ton délire. T'as pas envie de finir en miette alors que t'es déjà en morceaux.

A sa place , t'aurais quitté le pays , t'aurais recommencé ta vie ailleurs mais c'est pas ce qu' Eiji a fait. Tu trouves ça plutôt curieux qu'il soit resté ici sachant que son père est à ses trousses. « Je sais pas , après ce qui t'es arrivé , n'importe qui aurait songé à recommencer une nouvelle vie… T'as de l'argent , tu peux avoir qui tu veux , t'as juste à claquer des doigts. » Tu devrais tourner ta langue dans ta bouche avant de parler parce que tu en dis trop. Si t'avais sa vie c'est ce que tu ferais en tout cas. Tu pouffes doucement à sa dernière remarque. « Ouais , c'est que je me débrouille pas si mal que ça … C'est grâce à eux que je survis. J’accepterais qu'ils me tuent s'ils n'ont plus besoin de mes services. » Dis -tu tout naturellement. C'est pas une fatalité pour toi. Tu n'es personne sans eux et tu n'aurais plus aucune raison d'être.

tu fronces un peu les sourcils. elle n'a pas tord. si elle faisait remonter l'info, elle aussi serait dans la merde. jusqu'au cou. elle se ferait remarquer. peut-être qu'elle n'avait aucune ambition du tout finalement. mais si c'était le cas, tu ne voyais pas pourquoi elle était toujours là. elle te fait rire. un peu. elle n'a rien compris, comme le reste des gens qui te connaissaient avant. qui je veux ? et si la seule personne que je veux est ici ? tu te tais subitement. t'en as déjà trop dit. tu sais pas pourquoi t'as dit ça. tu mets jay en danger juste avec ces quelques mots. tu dévie lentement le regard vers elle. tu pourrais la tuer. vraiment. c'est pas comme si elle était en état de se défendre. et même si elle l'avait été, t'aurais pu écraser son cou de cygne entre tes phalanges sans qu'elle ne puisse rien faire. mais t'as changé, pas vrai ? t'as arrêté de tuer. et jay ne veut pas que tu tues pour lui.

tu te concentres un peu sur la route jusqu'à ce que tu l'entendes rire. tss. elle est presque pathétique cette fille. elle te fait pitié. c'est grâce à eux que tu survis mais t'as pas envie de vivre, plutôt ? t'as aucune ambition dans ma famille et ils te prennent probablement une grande partie de ta thune. je vois pas pourquoi tu restes. du travail, y en a à tous les coins de rues. des job où tu te fais pas tuer. ou violer. tu secoues la tête. on t'avait bien appris à ne pas avoir d'empathie, surtout pas pour les putes. mais tu n'étais plus le chien de ton père, t'avais le droit de penser par toi-même. et tu commençais à comprendre que vous aviez tout faux, que votre mode de vie était erroné, le pire de tous. vous connaissiez pas l'amour, pas seulement dans un couple mais entre frères et soeurs ou même entre amis. vous pouviez vous fier à personne d'autre qu'à vous-même. et vous viviez pour quoi ? voir le lendemain ? mais s'il était aussi gris qu'aujourd'hui, à quoi bon ? j'étais comme toi, avant. tu hausses les épaules. si toi t'étais sorti des griffes de ta famille, pourquoi les gens comme elle restaient là ? à survivre, à attendre demain. qu'un truc se passe. mais y a jamais rien eu. y a rien d'autre que la mort à attendre des Nakano. je suis bien placé pour le savoir. le sang sur les murs. les morceaux te reviennent en mémoire. tu veux pas te souvenir de cette chambre d'hotel. de ta petite amie en miettes. pourquoi tu vis si c'est dans l'espoir qu'ils te tuent quand ils auront fini de salir ton corps ? tu murmures.

Tu hausses les sourcils à sa réponse que tu trouves surprenante. Il peut avoir qui il veut , c'est vrai mais avec ce que tu as entendu et ce que tu sais , t'es certaine que toutes personnes qui oseraient s'approcher de lui auraient une vie maudite. C'est un Nakano , en fuite en plus de cela alors il doit être un poison pour toutes les personnes qu'il approche. Il n'a donc rien appris des erreurs du passé ? Tu as envie de le lui dire , de le lui balancer à la tronche .  T'as envie de lui rire au nez en l'écoutant mais tu te contiens , l'amour pour toi c'est qu'une connerie , sans doute parce que tu l'as jamais vécu. Toi ta virginité tu l'as vendu et tu ne t'en souviens même pas. « Tu es fou amoureux ? » Lui demandes – tu en osant le regarder cette fois. « Surtout fou. » Tu pouffes et tu secoues la tête.  T'es  pas dans sa situation , tu méprises l'amour juste parce que t'as jamais eu la chance que ça de le rencontrer mais secrètement , tu rêves qu'on vienne te sauver de l'enfer dans lequel tu t'es foutue. « Tu peux la rendre heureuse cette personne ? Avec ta famille à tes trousses ? Tu veux vivre comme tu l'entends mais ça implique des conséquences ... je ne t'apprends rien.  » Ne commets pas les mêmes erreurs. Tu le prenais pour un lâche au départ et puis tu commences à te rendre compte qu'il a été comme un oiseau en cage pendant longtemps. Si tu trouvais la bonne personne , celle qui te complète , peut-être bien que tu perdrais la tête comme lui , que tu serais prête à mourir pour elle.

Ce serait mentir de dire que tu n'as pas déjà songer à t'enfuir , souvent après que tu ais reçu des coups mais où tu irais te réfugier si tu t'en allais ? Tu ne veux mettre personne en danger. Tu te mens à toi-même en faisant comme s'ils étaient une famille pour toi , tu as peur de faire face à la réalité. « A t'entendre , tout à l'air simple. J'ai juste à prendre mes cliques et mes claques et m'en aller pour une nouvelle vie mais je suis pas comme toi , j'ai pas les moyens , j'ai aucune famille  et j'ai certainement pas envie de me faire tirer dessus pour m'être rebellée.   » Tu sais ce qui t'attend et t'es pas assez courage pour affronter ce genre de situation toute seule. T'as pas sûre qu' Eiji soit comme toi , toi tu considères qu'il a plus de chances que toi. « Et toi , pourquoi tu continues de tomber amoureux si tu sais que c'est dangereux pour toi et les autres ?  » Ta question est aussi brutale que la sienne. Un rictus sur les lèvres. Tu aurais voulu lui répondre ; je suis déjà morte. 

sa question te laisse interdit. elle semble se moquer de toi, tu lui réponds pas, te contentant de laisser flotter un sourire triste sur tes lèvres. elle connait pas l'amour. comme quatre-vingt pourcent des gens que tu connais sans doute. et tout s'imbrique soudainement, le pourquoi elle reste, le pourquoi elle a l'air si désespérée, au fond du trou. pourquoi elle n'a aucune ambition ni rien. elle ne t'apprend rien, effectivement. tu lâches le volant d'une main pour caler ton coude contre la fenêtre et passer ta main dans tes cheveux. c'est de ça dont je te parlais. j'ai eu le choix. je pouvais survivre et j'aurais été en sécurité, la personne dont je parle aussi. ou je peux vivre même si je dois être en danger à tout moment et accepter le fait que je puisse mourir demain. le dilemme avait lourd au début, c'était difficile de choisir entre le bonheur et la sécurité de l'être aimé. tu avais surement été un peu égoïste, mais il t'aurait été impossible de ne pas l'être. et puis, ce n'était pas à toi de choisir pour l'autre. il avait fait son choix aussi.

tu t'esclaffes en l'entendant parler comme si ça avait été facile pour toi. ma famille veut me tuer, tu crois que ça compte comme une famille ? c'est vrai que j'avais mit de l'argent de côté, mais si j'ai pu le faire, je vois pas pourquoi tu pourrais pas. tu seras carrément moins recherchée que moi. tu crois vraiment qu'une prostituée en fuite intéresse les hautes sphères ? t'as qu'à buter ton mac et on parlera plus. oui, c'était simple. surement plus simple que de rester esclave (sexuelle en plus) pour le restant de ses jours (qui étaient comptés). tu crois qu'on choisit de tomber amoureux ? tu l'as jamais été. constat froid, définitif. t'es assez observateur pour ne pas avoir besoin de poser de questions. mais si tu crois que tu le seras jamais, tu te trompes. toi aussi tu l'avais cru un temps. tout le monde y croyait un peu au début, t'en étais sûr. et quand ce sera le cas, peu importe que ce soit dangereux pour toi et les autres. tu seras prête à tuer et à mourir pour cette personne. alors le danger c'est quoi à côté ? rien du tout. ça vaut le coup d'être en danger. ta voix est toujours douce est posée, au contraire de tes gestes parfois trop brusques. alors le contraste est toujours saisissant pour les gens qui ne te connaissent pas.

Froid , distant , égoïste , inconscient. Quelques instants plus tôt , c'est ainsi que tu qualifiais cet homme assis au volant. Le démon dans ses prunelles , son âme assombri par la noirceur et ce pauvre type qui suffoque entre ses poignes de fer , l'image te revient sans cesse et tu as du mal à croire que le cœur de ce tueur puisse battre au rythme de l'amour. Tu t'en moques , la jalousie te pique et tu te mords nerveusement l'intérieur de la joue. Il est capable d'aimer et toi tu ne l'es pas. Il a du sang sur les mains alors pourquoi mériterait-il le bonheur plus que toi tu ne le mérites ? La vie est injuste ou plutôt … Ta vie est injuste , pauvre fille. « Au moins tu auras vécu pleinement ... si jamais tu te faisais buter. C'est déjà ça. » Aimer , ce doit être une sensation extraordinaire. L'amour ça change un homme , c'est ce qu'ils disent tous et toi tu te demandes si tu ne devrais pas commencer à y croire à cette saloperie. Tu ne veux pas espérer , tu ne veux pas te faire du mal. Qui voudrais d'une pute , d'une poupée d’occasion ?

Tu aimerais que tout soit aussi simple. Tu aimerais avancer mais tu persistes à te faire croire que tu n'as pas besoin d'avancer parce que la peur de ne pas savoir où aller est bien trop grande dans ton ventre.  « C'est vrai. T'as pas l'air plus intelligent que moi en plus. » Que tu lances ,  sur un ton presque sarcastique. Tu pourrais t'en sortir si tu le voulais vraiment , il te reste encore un rêve , celui auquel tu ne crois plus depuis bien longtemps. « T'es complètement dingue. Tu rêves. Autant me jeter dans le vide , c'est la même chose. Tu me donnerais un flingue pour buter mon mac ? » Tu te tournes vers lui , tu l'interroges sérieusement , curieusement. Si tu t'en vas un jour , t'aimerais être certaine de ne pas te retrouver morte dans une benne à ordure.

Tu t'enfonces de nouveau dans ton siège , tu n'oses même pas faire face à ton reflet sur la vitre , tu fixes tes genoux.  Il a raison. Tu n'es jamais tombée amoureuse , c'est si triste que ça ?  Tu te dis que tu ne devrais pas l'écouter plus que ça . Il te donne envie de connaître l'amour , quelque chose de bien trop inaccessible pour toi. « Ça doit te rassurer d'avoir trouvé une personne qui t'aime pour ce que tu es... avec ton sang sur les mains. » Franche , un peu brute. Tu dis ce que tu penses. Tu n'es pas si différent de lui de toute façon : « J'suis pas sûre de pouvoir faire aussi bien. L'autre jour , j'ai rencontré un mec trop mignon et j'ai menti sur ma vie alors même s'il tombe amoureux , ce sera pas vraiment moi. » Voilà pourquoi l'amour ce ne sera jamais pour toi.

nouveau sourire triste qui flotte sur tes lèvres. vous aviez pas peur de mourir, ni l'un ni l'autre. vous aviez grandi entourés de cadavres. t'avais tué et elle avait vu ses collègues se faire décimer, des mecs crever devant ses yeux. la mort, ça arrivait, pour tout le monde. peu importe que vous soyez riches ou pauvres, heureux ou malheureux, vous alliez mourir. tout le monde allait mourir. la seule chose à faire, c'était vivre. pleinement. comme elle l'avait dit. profiter du temps qui passait toujours trop vite. elle te fait rire. un peu. j'ai même pas fini le lycée, si tu veux tout savoir. c'est pas de l'intelligence qu'il te faut. c'est un peu de courage. tu glisses un regard vers son visage tuméfié. t'étais pourtant sûr qu'elle en manquait pas.

tu fronces les sourcils en entendant la suite. un flingue ? tu sais t'en servir peut-être ? si c'était le cas, t'étais prêt à la dépanner. mais t'allais clairement pas mettre un flingue dans les mains d'une meuf qui risquait de se tirer dans le pied toute seule. y a pas qu'une façon de tuer... y en avait des milliers. mais, tu devrais pas le tuer toi-même. tu devrais pas tuer. engage quelqu'un. tu ne savais que trop ce que ça faisait, d'avoir des morts sur la conscience. toi, t'avais pas compris tout de suite. t'avais même compris que très récemment à quel point t'avais merdé. mais t'avais pas envie que la même prise de conscience ne lui arrive. qu'elle laisse ça à quelqu'un qui avait déjà la conscience tâché de pourpre.

elle a raison. t'avais de la chance d'avoir trouvé jayden. mais il était loin de tout savoir sur ton compte. t'étais loin de t'être livré à lui et malgré toi, t'avais un peu peur de sa réaction. jayden. il était pur. il était tout ce qu'il te manquait, ton opposé polaire. pourquoi tu mens ? tu soupires. t'es mal placé pour lui faire la morale. je mens jamais sur ma vie. et si on me pose des questions j'y réponds. mais tu vois, la plupart des gens veulent pas savoir. et ils ont pas besoin de tout savoir. j'ai fait des horreurs que personne pourrait accepter. je préfère emmener tout ça dans la tombe. tu roules un peu en silence, tu réfléchis. si t'as honte de ta vie, pourquoi tu continues ? si je me suis barré c'est pour ça. je me rendais pas compte du mal que je faisais avant. mais le jour où j'ai commencé à regretter ce que je faisais, j'ai compris que je devais arrêter. on a le droit de changer, de tout effacer d'un coup d'éponge, de recommencer. on a droit à une deuxième chance. ta voix s'éteint doucement.