the chase ( h o t a r u )

Quitter les bras réconfortants de Nao a été compliqué. Mais les messages pressés d’Erin lui on pas vraiment laissé d’autres choix. Encore un. Encore un nouveau hitman engagé par les Nakano. La différence cette fois ci c’est que le contrat est pas de le tuer lui, mais d’essayer de le convaincre de bosser pour les Kyudo en tant que taupe. Et pour ça, Hotaru doit tuer quelqu’un qui est proche de lui et lui faire penser que c’est les Nakano. S’arranger pour que sa colère soit suffisante pour qu’il accepte de travailler contre eux tout en restant dans le gang. Hotaru devrait probablement se dire que la personne qu’il va tuer ce soir est totalement innocente, ne le mérite pas. Mais quand est-ce que Hotaru s’est posé ses questions ? Jamais. Il ne se les pose jamais. Il n’a pas envie, besoin, ni le temps pour se poser toutes ces questions. Une personne de plus ou de moins sur terre, c’est pas ça qui va changer grand chose. Il aurait pu prendre son katana, parce qu’il a l’habitude de donner le coup fatal avec, mais il a pas vraiment envie de retourner dans son “appartement”. C’est pour ça que depuis la mort d’Eiji, il passe la plupart de son temps avec Sei, Nao ou même seul, à juste traîner dans les rues. Alors il décide de partir en emportant juste ce avec quoi il était aller voir Nao, ce avec qui il se trimballe tout le temps : son couteau papillon. C’est pas énorme, et il sait que normalement contre quelqu’un d’armé il prend plus que ça, mais de ce qu’il sait de sa cible, c’est pas quelqu’un de dangereux.
Lorsqu’il arrive dans la rue, il est agressé par le vent, mais ça lui fait un bien fou. Il est parti sans même réveiller l’homme avec qui il dormait. Il n’a pas envie de lui expliquer qu’il part bosser. Il n’aime pas en parler. Il ne veut pas lui en parler. Il se dirige vers le travail de la personne, sachant exactement que dans une dizaines de minutes, elle va sortir de son travail pour aller chercher un café. Hotaru sait pas trop pourquoi son frère voulait qu’il tue sa cible là maintenant. Ça va paraître plus suspect qu’autre chose. Mais après tout,c’est vrai que pour une fois, l’idée est pas de faire croire à une disparition choisie, mais de faire penser à un enlèvement ou quelque chose comme ça. Sans que les flics soient mis au courant pour autant. Juste garder ça entre les Kyudo, les Nakano, et leur nouveau pauvre hitman. Lorsqu’il voit sa cible sortir, il la regarde marcher vers une rue beaucoup moins animée. À croire qu’elle veut lui rendre sa tâche plus facile. Mais plus Hotaru observe l’homme marcher, plus il se rend compte de quelque chose. La façon dont elle marche, c’est pas du tout irrégulier, et la posture, c’est une posture qu’Hotaru pourrait reconnaître : il a la même. Cette cible si innocente, si facile qu’on lui a présenté ne l’est pas tant que ça. Cet homme sait se battre, et il a l'air alerte. Et  si l’augmentation de la fréquence de ses pas est une quelconque indication, il a remarqué qu’il était suivi.
Tant mieux.
Ça rendra son job un peu moins ennuyeux.
Lorsqu’il se rend compte que le mec le dirige vers un endroit qui n’est pas son starbucks habituel, Hotaru se prépare à la confrontation imminente. Et enfin, lorsqu’ils arrivent dans un cul de sac et que l’homme se retourne, Hotaru n’attend pas une seconde avant de lancer le premier coup de couteau. La cible est un jeune homme, jeune. Trop jeune probablement. Dix-huit ? Dix-neuf ans ? On lui a dit qu’il était le petit frère du hitman engagé. Et si son combat actuel est un avant-goût de la façon dont son frère pourrait se battre, Hotaru est presque impatient de pouvoir partager un combat avec lui, un jour. Presque.
Il se défend bien, et lorsque Hotaru lance les derniers coups, lacérants la chair du jeune homme, désormais dans l’incapacité totale de se défendre, il se rend compte rapidement, mais pas assez tôt que quelqu’un les observe. Il replit le couteau et le range dans sa poche. Ce n’est pas un flic, ni même quelqu’un d’assez courageux pour tenter de l’arrêter. Lorsque ses yeux tombent sur lui, il est bien plus proche que ce qu’il ne pensait. Est-ce qu’il s’est approché de lui ? Il lui dit de se barrer et que les flics vont arriver. Est-ce que les flics l’ont suivi ? Le gamin ? Hotaru regarde le corps à leurs pieds, et lève les yeux au ciel. Très légèrement. Il prend les mains du jeune homme fraîchement décédé et le traîne dans un petit retranchement qui le cache de la vue de ceux qui voudraient entrer légèrement dans le cul de sac. “Viens là. Si tu restes ici tu vas attirer leur attention sur la ruelle, et j’peux pas me le permettre.” Et juste au cas où il hésiterait, tu plonges tes yeux vides dans les siens. “Et grouille toi.” Dans le petit retranchement, il y a peu de place. À trois, vous passez à peine. Heureusement que sur les trois, y'en a un d'allongé par terre, qui prend moins de place.

Il est surpris Hotaru, quand le type vient les rejoindre, lui et le cadavre. Quiconque de normal, même qui fuit la police, aurait probablement été vers la police, plutôt que vers un inconnu avec un cadavre. Surtout s’il a, comme le pense Hotaru, vu l’inconnu tuer le dit cadavre quelques secondes plus tôt. Mais il se dit que ce n’est pas à lui de juger les motivations ou les étrangetés de telles ou telles personnes. Pour l’instant, le type fait ce qui l’arrange, et c’est ce qui lui importe. Il l’a vu vomir un peu avant de venir le rejoindre, au moins, il est pas totalement insensible. Pas comme lui. Mais c’est différent, parce que Hotaru est habitué à ça depuis sa naissance, ou presque. Il a vu des gens se faire tuer depuis qu’il était gamin, c’est pas quelque chose d’inhabituel pour lui. Puis surtout, ça lui fait absolument rien d’être celui qui provoque la dite mort. C’est qu’importe. Et à tous ceux qui disent qu’ils manqueront à des gens, il répondra que s’ils étaient dans l’oeillère d’Erin, ils sont bien plus en paix morts que vivants. Puis que finalement, il n’aura fait qu’avancer l’inévitable. Lorsque le gars les rejoint, Hotaru voit qu’il essaye de se tenir le plus proche du mur, le plus éloigné du cadavre, et de lui. Et qu’il a les mains sur sa bouche pour éviter de faire du bruit. Hotaru l’observe faire, ses bras le long de son corps. Il fait à peine attention aux policiers. Les regarde d’un oeil, au cas où il devrait agir vite, mais c’est la crainte que le gamin fasse un faux mouvement qui l’intéresse. Puis se cacher de flics comme ça, il l’a déjà fait. Même s’il n’a jamais été aussi proche de se faire attraper. Parce qu’ils ne sont jamais arrivés aussitôt après un meurtre. En général, Sei a eu le temps d’arriver, de nettoyer le sang, et ils finissent cachés tous les deux.
Cette fois c’est différent. Parce que si les policiers baissent les yeux (ce qu’ils sont trop stupides pour faire), ils verront le sang. Mais ils tournent les talons, manifestement incapables de trouver ce qu’ils sont venus chercher. Et lorsqu’ils repartent, le gamin retire sa main de sa bouche et prend une longue inspiration. Pendant un instant, il semble soulagé. Un court, très court instant. Parce qu’il semble se souvenir que le vrai danger venait probablement pas des policiers. Pas qu’il vienne d’Hotaru. Vraiment. Hotaru s’en balance. Ce gamin semble avoir assez à perdre pour pas aller le balancer à la police. Puis il déteste manifestement plus la police que l’idée d’un cadavre à ses pieds. Hotaru imagine que ça veut dire qu’il peut lui faire confiance pour l’instant. Même s’il devra en parler à Erin. Probablement. Ou au moins à Sei, voir ce qu’il en pense. Le gamin lui demande pourquoi il l’a buté, mais lui dit de pas le lui dire avant même que Hotaru ait pu, comme il voulait le faire, hausser les épaules. Il allait pas lui dire qu’il était hitman. Et certainement pas lui dire que c’était juste une cible parmis tant d’autres. Mais il fait rien. Continue de regarder le gamin. Juste parce que pour sortir de la ruelle, le gamin doit sortir avant lui. Il a la main tendue entre son regard et le cadavre. Et Hotaru comprend qu’il est dégouté, quand même. Il lui demande s’ils peuvent sortir, et Hotaru pointe le bout de la ruelle du menton, pour lui dire de sortir. “Gamin. J’ai pas besoin de te faire le charbia. Tu connais la chanson. Si tu parles, blablabla ?” Il a l’épaule appuyé contre le mur, il sort un paquet de clope du derrière de son jean, sort une cigarette, regarde le gamin. Lui tend le paquet. “T’en veux une ? Pour faire passer le goût du vomit.” qu’il finit par lancer, avec un visage tout aussi inexpressif que depuis le début de leur rencontre. Il pourrait sourire légèrement, mais il le fait pas. Il a pas l’habitude de sourire. Il se sent pas non plus mal pour le gamin. Il sait pas vraiment pourquoi il lui propose une clope, non plus. Peut-être parce que même s’il le vit pas, il peut comprendre que le gamin vient de vivre une situation perturbante. Et qu’il a pas envie d’attendre Sei seul. Puis que ce sera plus facile de décider quoi faire du gamin s’il est présent quand Sei arrivera.
Un peu de tout ça.
À la fois.

Hotaru, ça l’a jamais dérangé d’attendre Sei seul. D'être seul, tout court. Après tout, il est né dans une famille, mais a toujours grandi plus ou moins seul. Pas vraiment, mais un peu quand même. Dans la mafia, tout le monde est toujours un peu seul. Jusqu’au jour où on l’est plus. Ce jour là est arrivé grâce à Nao pour Hotaru. Avant, y’avait Eiji, qui remplaçait un peu ce côté solitaire de la vie de mafieux. Mais aujourd’hui, Eiji n’est plus. Et Nao a pris sa place. Avec un rôle différent. De frère de cœur, il est lui celui qu’il considère comme la prunelle de ses yeux, comme son bijou, son oasis. Puis y’a ses plus proches amis, Shinju et Sei. Shinju avec qui il tue sans vergogne et sans remords. Et Sei qui les aide à disposer des corps et à organiser tout ce qui ne requiert pas de muscles et de presser une détente. Sei est une grosse partie du cerveau. Et les deux autres sont les exécutants. Hotaru est le décisionnaire. Et Shinju est juste là. Mais il l’aime tout autant. À l’inverse de Sei et de lui, elle a sa vie à côté. Les Kyudo ne sont pas sa vie. Hotaru aimerait parfois que les Kyudo ne soient pas sa vie. Il aimerait pouvoir partir, s’enfuir, avec Nao, loin. Mais il le fait pas. Pas par loyauté envers Erin. Mais par amour (amour ?) envers sa mère. Par loyauté envers le nom. Peut-être. Puis parce qu’il serait traqué et tué. Au final. Ce gamin, qui a juste vomi. Juste vomi, depuis le début de cette rencontre, il l’intrigue, un peu. Il a l’air fort. Mais pas assez pour vraiment faire partie des bas fonds de ce monde. Hotaru en a rencontré des tarés. Et ce gamin ne semble pas en être un. Loin de là.
Lorsqu’il lui propose une clope, au final, peu lui importe s’il décide de la prendre ou non. Mais il le fait pour le geste. Comme pour lui dire qu’il n’est pas le prochain sur la liste. Après tout, s’il ne s’est attiré les foudres de personne, alors Hotaru n’a aucune raison de s’en prendre à lui. Et si un jour, c’est le cas. Bah il le tuera ce jour là. Parce qu’après tout, c’est son job. C’est son rôle. Il tend la main vers le paquet de clopes et en sort une. Et lorsqu’il lui dit qu’il a un truc en échange, Hotaru observe le gamin prendre une barre de snickers de sa poche. Hotaru la prend. Il aime pas particulièrement ça, il a pas forcément le palais sucré, mais qu’importe. Quelque part, il comprend l’idée de pas prendre sans donner en retour. Après tout, la mafia, les mafias, le monde (?) existe selon cette idée. Qui est-il, Hotaru, pour refuser ça ? Il met la barre de chocolat dans sa poche, et sort son téléphone, écrivant un texto rapide à Sei. Ok. Failli y passer. Qqun avec moi. Jsp où t’es, mais viens plus vite. Il range son téléphone alors que le mec se remet à parler. Lui demande s’il va le laisser partir. Hotaru dirait oui. Probablement. Le gars est recherché par la police. Il va pas aller au commissariat pour le dénoncer. Et si jamais il pensait à donner un tip anonyme, Hotaru saurait que ça vient de lui. Ce serait stupide de sa part. Un acte suicidaire, vraiment. Puis il a cette impression qu’il lui a laissé une assez forte crainte pour qu’il pense à venir se frotter à lui, ou aux gens pour qui il travaille. Sans compter qu’il sait toujours pas que ces gens, c’est sa famille. Que finalement, Hotaru travaille presque pour son propre compte. Il lui demande s’il a du feu, et Hotaru lui lance le briquet, imaginant qu’il va le rattraper. Supposant qu’il peut le rattraper. Il a l’air d'être un mec dégourdi. “Y’a quelqu’un d’autre qu’arrive. Reste ici tant qu’il est pas là.” Il plonge ses yeux dénués d’expression dans les siens. “Tu comptes pas aller balancer ça à la police t’façon, si ?” Il a pas le visage froid. Il est pas glacé. Il est pas le cliché du tueur sans cœur qui prend un malin plaisir à tuer les gens. Il est juste. Vide. C’est pas qu’il les déteste. C’est pas qu’il aime ça.
C’est juste qu’il ressent rien.
Tuer des gens, c’est devenu habituel pour lui,
depuis bien trop longtemps.

Grandir comme fils cadet d’une famille comme la sienne, ça a quelques avantages, et beaucoup de désavantages. Une protection totale, une sécurité de voir la “justice” rendue. Mais face à ça, une enfance pleine de violence. Hotaru mentirait s’il disait que toute son indifférence lui venait de son éducation. Il ressentait probablement pas grand chose, de base. Paraît que durant ses plus jeunes années déjà, avant le début de l'entraînement, il passait ses journées à bouger les yeux sur ce qui l’entourait, sans réellement réagir. Hotaru n’étais pas un bébé qui pleurait ou qui riait. Hotaru était un bébé silencieux. Puis il a eu envie, un jour, de voler un jouer à son grand frère. Et personne n’y a jamais vu que du feu. Parce que le jouet a disparu et n’a jamais été retrouvé. Parce que Hotaru savait, déjà à quatre ans, que pour voler quelque chose à son frère, fallait qu’il aille fouiller dans son coffre à jouet en pleine nuit lorsqu’il dormait. Hotaru s’est toujours dit que sa mère savait, parce que sa mère a toujours tout su. Elle avait ce regard dans les yeux, comme si aucun secret n’existait pour elle. Comme si elle avait la connaissance absolue de tous leurs pires vices. Mais elle ne le lui a jamais reproché. Erin a toujours été l'héritier, le préféré de papa, celui qui reprendrait le business familial. Hotaru a toujours été le préféré de maman. Celui avec qui elle s’asseyait pendant des heures, à discuter. Lui et Hana. Puis Hana est décédée, à cause d’un enchaînement d'événements qu’il a provoqué en grande partie. Et sa mère n’a plus jamais été la même. Mais Hotaru, rien. Oh ça lui a fait de la peine. Oh il a pété un câble lorsqu’il l’a trouvé avec Eiji. Mais. Mais c’est vite passé. Et même s’il y repense parfois, et que ça lui fait du mal, sur le coup, il ne ressentait plus rien une semaine plus tard. Hotaru n’a pas peur de la mort. Et il n’a aucune culpabilité à y envoyer des inconnus un peu plus tôt que prévu. Après tout, la faucheuse est une de ses plus proches amies.
Il attend Sei, le dos posé contre le mur. Et les yeux braqués sur le jeune gamin qui a failli les faire découvrir. Il sait pas trop ce que Sei va bien pouvoir lui dire. Il sait pas trop comment il réagira. Mais il saura mieux gérer ça que lui. Hotaru est flippant, naturellement. Mais les menaces et autres choses du style, c’est pas son truc. Il reprend une taffe de sa clope en attendant son ami. Il devrait pas trop tarder à arriver. La réaction du garçon lorsqu’il lui répond est amusante. Mais son visage ne laisse rien paraître. C’est inattendu, perché, mais pas “drôle” per se. Il le rassure sur le fait qu’il ira pas voir les flics, mais ça, Hotaru le savait déjà. Bizarre. Ouais.
Bizarre. C’est un mot qu’il entend souvent Hotaru, quand on le décrit. Ce qu’il dit après, Hotaru le regarde plus lorsqu’il l’entend. Ni lorsqu’il répond, d’une voix calme, posée, et totalement désabusée, comme s’il récitait une recette de cuisine. “Si j’avais peur des fantômes, j’serais pas dans ce business.” Il a presque envie d’ajouter qu’il serait aussi devenu fou avec le nombre de personnes qu’il a déjà tué. S’il était hanté par toutes les âmes à qui il avait pris la vie, il ne serait jamais seul, Hotaru.
Lorsqu’il entend du bruit, ses yeux se concentrent immédiatement sur l’entrée de la ruelle, la main sur son flingue, prêt à dégainer. Et Sei entre dans la ruelle comme si elle lui appartenait. Ce qui est, peut-être un peu le cas. Lui qui connaît la ville et toutes ses rues et ruelles mieux que le meilleur des cartographes. Il s’approche d’eux, le regard curieux et bien plus expressif que celui d’Hotaru. Pourtant, les deux comme deux jumeaux, qui se ressemblent à un point que quelqu’un qui ne les connaît pas bien pourrait les confondre de loin. “C’est lui le “quelqu’un” ?” Hotaru hoche la tête doucement et se décolle du mur pour aller se mettre aux côtés de Sei, tous les deux face à Kiha. “Il ira pas chez les flics, il a des problèmes avec eux.” Sei hoche la tête et tourne les yeux vers le corps abandonné dans la ruelle. “T’es sûr de toi ?” Hotaru hausse les épaules. Ouais. Il est presque sûr qu’il ira rien dire. “Ok. Hey toi.” que Sei dit enfin en direction du garçon. Hotaru sait pas vraiment s’il a essayé de parler entre temps ou s’il a fait quoique ce soit. Pas qu’il puisse pas se concentrer sur deux choses en même temps, mais juste que maintenant que Sei est là, il a plus trop besoin de se concentrer sur absolument tout. “Tu t’appelles comment ?”

Hotaru comprend vite que pour son meilleur ami, un hochement d’épaules de sa part est pas assez pour faire juste confiance au gamin face à eux. Quelque part, il a probablement raison. C’est d’ailleurs pour ça que Hotaru laisse ces affaires là à Sei. Parce qu’il a toujours raison. Hotaru est froid, et ne ressent aucune culpabilité à tuer, ne sourit pas et semble ne rien ressentir, mais il a tendance à s’en foutre de tellement de choses qu’il peut faire confiance trop facilement et laisser passer trop de trucs qu’il ne devrait pas laisser passer. Et Sei est là pour l’empêcher de faire ça, de laisser des gens partir qui en savent trop. Alors quand Sei demande son nom au gars, Hotaru pose son corps sur le mur et attend. Il attend parce qu’il sait qu’il n’a plus rien à dire, ni à faire lors de cette conversation. Il prend la barre chocolatée que le gars lui a donné tout à l’heure et l’ouvre. Le bruit du papier fait réagir Sei qui le regarde de côté, un sourcil levé. “What the fuck ?” Hotaru hausse les épaules et montre le gars du menton, comme si ce simple geste allait expliquer tout ce qu’il aurait pu vouloir dire. Mais qu’il ne dit pas. Principalement par ennui. Il a pas l’air heureux, qu’on lui demande son nom, le garçon. Et vraiment, si c’était juste Hotaru, il aurait haussé les épaules et l’aurait laissé partir, en mode “ok gars, qu’on se revoie jamais”. Mais c’est pas Hotaru qui gère cette discussion, c’est Sei. Et le temps passe, et le corps est toujours là. Et Hotaru sort son téléphone portable, la barre chocolatée tenu entre ses dents alors qu’il shoot un texto à Nao pour lui dire qu’il va arriver un peu en retard à leur rendez-vous. Ça le soûle. Il aimerait bien que ça se termine vite. Mais il comprend Sei. Et Sei a raison. Ils doivent faire attention. Et Hotaru fait trop facilement confiance, c’est une évidence.
Lorsque Sei décide de répondre, son raisonnement fait sens, encore une fois, et Hotaru se retrouve une fois de plus comme élève face à un professeur qui lui montre comment ça devrait se passer. “Écoute,” qu’il dit comme pour reprendre sa façon de parler, au garçon, ”On veut pas d’embrouilles non plus. On veut juste ton nom au cas où. C’est pas ta tête ton problème. Elle est même plutôt sympa, ta tête. C’est ta mémoire. C’est ce que t’as vu ce soir, le problème, fais pas genre t’as pas compris ça. T’as l’air d’être un gars intelligent, j’pense que t’as réalisé qu’on est pas les gentils, et que t’as intérêt à nous dire ton nom. Juste comme ça. Juste au cas où. Prends ça comme une… assurance. Pour nous.” Il lui sourit, et Hotaru est toujours surpris par le fait que le sourire de Sei est toujours aimable. Même quand il est clairement en train de menacer quelqu’un. Les gens trouvent Hotaru et son manque d’émotions flippants, mais Hotaru est sûr qu’ils devraient plutôt avoir peur de Sei. ”Dis nous juste comment tu t’appelles, qu’on en finisse, j’ai un date et j’suis en retard.” qu’il finit par lancer finalement, Hotaru. Sei se tourne vers lui, le visage clairement mécontent de son intervention. À quoi Hotaru répond d’un hochement d’épaule que les trois commencent à connaître. Il s’en fout, de ce qui se passe ici. Puis au pire, si ça se passe mal ce soir, ce sera à Erin de régler l’addition. Et Hotaru a envie de voir Nao. Il comprend Sei, mais il a fait son job, et il a juste envie de se casser.