chase ☼ hotaru

Le monde est gris. Et Hotaru sait que Nao le voit en noir et blanc. Et ça lui fait peur. Ça lui fait peur parce qu’il plus il découvrira des choses sur lui, plus il le verra tel qu’il est. Bien plus proche du noir que du blanc que Nao espère découvrir chez lui. Et ça lui fait du mal, à hotaru, de se dire que jamais, Nao ne l’accepterait tel qu’il est vraiment. Il préfèrerait que Nao ne connaisse pas la vérité sur lui, jamais. mais malheureusement, il n’a pas le choix. Ça se révèlera un jour ou l’autre. Déjà depuis Erin. Mais ce n’est pas même la moitié de tout ce qu’il y a à savoir.
Le monde est gris, et Hotaru aime parfois y mettre des touches de couleurs. Alors il peint. Il peint à l’intérieur de son appartement, et il peint les murs de sa ville. Il a fini une peinture, récemment. Pour relater le kidnapping de Nao. C’est sa façon à lui, de se défouler. D’essayer au moins, de passer outre ce qu’il s’est passé. De laisser ses émotions se déverser dans quelque chose qui ne soit pas des meurtres et de la violence. Moins il tuera, moins il sera violent, plus il peut espérer que Nao l’’acceptera en apprenant qui il est vraiment. Mais peut-il réellement espérer ? Probablement pas.
Ça fait quelques jours qu’il a repéré ce garçon. Un jeune gars qui se pose de temps à autres devant ses peintures murales, qui les observe avec attention. Et Hotaru aime bien que les gens observent ses peintures. Principalement parce que personne n’arrive réellement à comprendre ce qu’elles signifient. C’est pas si figuré que ça, mais c’est bien souvent tellement glauque, tellement glauque que les gens n’osent pas imaginer que ce qui est représenté est réellement ce qui l’est. Pour de vrai. Et aujourd’hui, Hotaru est appuyé à une bâtisse alors qu’il regarde ce jeune homme maladroitement représenter une œuvre que Hotaru ne connaît que trop bien. La sienne. Il l’observe faire. Ses gestes sont mauvais. Et il est manifestement pas habitué à utiliser des bombes de peinture. Mais Hotaru continue à l’observer, essayant de voir jusqu’à où il va tenter de reproduire la choses. Bien sûr, il manque plein de détails. Bien sûr il manque les détails principaux. Parce qu’après tout, il ne sait pas ce que la peinture est censée représenter. Donc forcément, il essaye de la répliquer sur la forme. Mais y’a que quelques bonnes couleurs et quelques formes qui sont justes.
Et alors que Hotaru l’observe, ça ne l’empêche pourtant pas d’écouter ce qui se passe autour d’eux. Et d’entendre très clairement les sirènes de la police approcher d’eux. De lui, du garçon. Et il continue à peindre. Hotaru se rend vite compte qu’il a pas entendu la police. Et qu’il est en train de copier une de ses peintures. Et sans parler du fait qu’il kifferait pas forcément que le jeune se fasse arrêter, il aimerait pas non plus que les flics remontent jusqu’à ses peintures. Parce que ça explique des choses sur les Kyudo. Des choses dont la police ne devrait jamais avoir conscience. Alors Hotaru s’approche de lui et lui tapote sur l’épaule. Le visage fermé, il lui prend la bombe des mains, la jette dans le sac, le ferme, et jette le sac sur son épaule avant de lui prendre le poignet dans une poigne ferme. “Conseil gamin, quand t’essayes de grapher en ville, tend l’oreille pour entendre quand la police arrive.” Et Hotaru marche vite. Il court pas, pas besoin, mais il a le pas extrêmement rapide. Il traine le gamin derrière lui, et finit par le poser contre un mur, dans une ruelle. Il dépose le sac de bombes à côté d’eux, et se pose lui-même sur l’autre côté de la ruelle, les yeux braqués sur lui. “Maintenant t’attends gentiment qu’ils regardent cette mauvaise réplique que t’as fait, et qu’ils repartent chercher d’autres criminels ou je sais pas quoi.” Et Hotaru décide d’attendre avec lui. Parce que.
Parce qu’il n’a rien d’autre à faire.
Parce qu’il s’ennuie.

Hotaru regarde le garçon à côté de lui. Et il a l’air d’un enfant. Il a l’air choqué, totalement paumé. Et en toute sincérité, Hotaru sait même pas s’il est encore vivant ou juste s’il se laisse porter. Mais d’un coup, il semble retrouver pied dans la réalité et il finit par lui répondre. Et lorsqu’il parle, c’est pas trois mots. C’est une avalanche qui sort de ses lèvres. Et Hotaru continue de l’observer. Les yeux un peu blasés. Dans quoi est-ce qu’il s’est embarqué ? Il lui pose des questions, mais Hotaru n’essaye pas même de répondre parce qu’il n’en aurait de toute façon pas le temps. Mais Hotaru entend ses remerciements. Et c’est déjà ça. Ce type a l’air surexcité, mais au moins il est poli. Pas que la politesse soit quelque chose auquel Hotaru porte particulièrement attention. Il va pas taper la discut et s’excuser à toutes les personnes qu’il tue. Et finalement, le gamin lève les yeux vers lui et l’observe. Comme un chercheur observerait l’évolution d’une bactérie. Et ça lui fait bizarre, Hotaru. Quand il y trouve assez d’intérêt, c’est lui qui observe les gens comme ça, en général. Mais Hotaru relève la tête, pour regarder l’endroit d’où ils sont partis. Les flics sont toujours là. Et il a comme l’étrange impression qu’ils sont pas sur le point de partir. Du tout. Et Hotaru descend pas de nouveau les yeux vers le garçon, le regarde pas. Parce que ça l’angoisse, de se faire observer comme ça. Comme au microscope. Puis. Non. C’est pas vraiment ça le problème. Le problème c’est que c’est un complet inconnu. Qu’a essayé de refaire une de ses œuvres (celle de la mort d’Hana, en plus) et qu’a semblé n’en avoir rien à faire de potentiellement se faire chopper par la police. Genre. Qui es ce gars ? Et vient-il seulement de cette planète ? Comme, ça existe vraiment des personnes comme ça ? C’est pas que des personnages qu’on voit dans les animes pour faire du comic relief ?
Mais il se remet à pleurer, et Hotaru peut pas empêcher, cette fois ci un de ses sourcils de se lever de surprise. Quoi ? Hotaru le regarde de nouveau, désarçonné. Le visage vide d’expression. Visage si quelque chose, choquée par la remarque. Bah. Ouais, il est humain. Et oui, il sait sourire. Il trouve juste jamais de raisons de le faire. À part quand Nao est aux alentours. Mais Nao est particulier. Nao est unique.
Puis il parle du “tag”, et Hotaru lève les yeux au ciel. Un tag. Sa peinture murale. Hotaru n’est pas un vieux snob qui veut absolument que son travail soit reconnu ou quoi. D’ailleurs il préfèrerait que ce ne soit jamais le cas. Mais de là à appeler ça un tag ? Il lui demande s’il connaît le “tag”, lui demande s’il est amateur de “tag”. Lui laisse encore une fois pas la place de répondre, et assume que sa réponse sera positive. Et Hotaru peut pas s’empêcher d’être agacé par le comportement. Tout en étant étonnement amusé. Alors il lâche un long soupir avant de reprendre la parole. “C’est pas un tag, c’est une peinture. Un graph, à la rigueur. Mais pas un tag. Un tag c’est un truc pourri que tu fais en deux spi sur un mur. Cette peinture a pris deux ou trois jours à faire.” Il observe l’étranger à son tour. Il est un peu plus petit que lui. Et il a un visage d’enfant. “La prochaine fois que t’essayes de reproduire une peinture, essaye de comprendre ce que c’est, avant. C’est pas juste des taches de couleurs.” Puis il regarde de nouveau l’endroit. Et les policiers sont toujours là. “J’crois qu’ils vont squatter le coin en espérant que tu retournes sur le lieu du crime.” Il dit les derniers mots avec un ton un chouilla plus sarcastique que le reste. Qu’il a dit avec la même voix, du début à la fin. Il prend les épaules du gamin et le tourne face au policier pour qu’il voit ce qu’il veut dire de lui-même avant de le lacher. Il recule un peu, et fait demi-tour en se mettant à marcher. Il s’ennuie.
Il a besoin de se casser de là.
Avec ou sans le gamin qui le suit,
c’est lui qui voit.

Il parle. Parle. Parle. Et au bout d’un moment vraiment, Hotaru se dit que ses paroles ne sont plus qu’une bouillie de choses incompréhensibles. Il comprend le sens de ses mots. Il comprend ce qu’il veut dire avec ses phrases. Mais ça lui donne juste envie de fuir et de se retrouver seul, dans une salle insonorisée, loin. Mais alors très loin. De lui.
Et d’un autre côté. Ça l’intrigue. Vraiment beaucoup. Il se demande pourquoi il parle autant. Il se demande si quelqu’un lui a déjà clairement demandé de se la fermer. Ou à l’inverse si dans son groupe d’amis (parce qu’un gamin comme ça a sans nul doute un groupe d’amis) ils parlent tous comme ça. Et Hotaru est effrayé d’imaginer que ça puisse être le cas. Il a déjà du mal à imaginer une seule personne qui parle autant. Alors plusieurs ? Dans sa bouillie de parole, il comprend qu’il lui propose des bonbons, comme si ça pouvait l’aider à délier sa langue. Comme si ça allait le rendre plus agréable. Hotaru n’a jamais été une compagnie très agréable. Et lui proposer des bonbons n’est certainement pas le moyen de changer ça. Déjà, parce qu’il n’aime pas ça. Puis parce que Hotaru n’est pas particulièrement fan de la socialisation autour d’un repas. De la socialisation. En général. Il finit par lui demander s’il le fait chier, même. Mais quelque part, ça lui passe au-dessus, à Hotaru. Il a pas envie de répondre. Il est juste intéressé par ce qu’il a dit plus tôt. Il se demande si y’a un bouton on/off livré avec le modèle d’humain qu’il vient de rencontrer, aussi. Mais garde la pensée pour lui, au fin fond de son cerveau. C’est pas le genre de pensée qu’il a l’habitude d’avoir.
Pour lui, les boutons on/off, il est celui qui les contrôle.
Et ils ressemblent à la gâchette de son flingue.
Mais l’idée meme de mettre une balle dans le gamin face à lui, ça lui donne une étrange nausée. Pas qu’il répugnerait à le tuer s’il le devait. Pas non plus qu’il ait du mal à imaginer quelqu’un qui veuille payer pour l’éliminer. Ou plus exactement pour le faire taire. Littéralement. Juste que le monde a peut-être besoin de gens joyeux et insouciants comme lui, pour balancer l’ordre des choses. Et être de l’autre côté du spectre des gens comme Hotaru. Ceux qui apportent la tristesse et la désolation.
Alors Hotaru ignore ses dernières questions, ses dernières remarques et répond aux premières, celles sur la peinture, et sur le reste. Et la réaction est quasi immédiate. Il le félicite, lui dit qu’il est cool. Pas du tout bizarre. C’est bien rare qu’on lui dise qu’il l’est. Mais probablement encore plus qu’on lui dise qu’il ne l’est pas. Les gens ne se font en général pas la réflexion. Ou ne lui en font en tout cas pas la remarque. Lui demande s’il peut être considéré comme faisant de la peinture. Et Hotaru ne sait pas quoi répondre. Il sait juste que c’est pas un tag, ce qu’il a fait. Puis au final, s’il a utilisé de la peinture et qu’il a essayé de faire autre chose qu’une signature vulgaire, ça peut probablement être considéré comme de la peinture, oui. Mais il répond pas. Parce qu’il se met à parler de la police. Et qu’il en profite pour filer.
Pas forcément pour le fuir. Juste parce qu’il veut pas rester là. Il a l’impression d’étouffer. Il a fait d’autres remarques entre temps sur ses réflexions. Et Hotaru se demande s’il est stupide, à ne pas encore avoir compris que la seule raison pour laquelle il connaît aussi bien l’oeuvre qu’il a essayé de reproduire, c’était parce qu’il en était l’auteur. Qu’importe. S’il ne le comprend pas, Hotaru n’est certainement pas celui qui le lui dira. Ça fait des années qu’il garde son identité secrète. Ce n’est certainement pas pour la révéler au premier venu. Et encore moins à quelqu’un qui parle à cette vitesse, et autant. Il révélerait la vérité plus vite que le meilleur des magazines de potins d’idols. Et il sent que le gamin le suit. Se demande vaguement jusqu’où il pourrait le suivre. Mais décide que faute de réponse apportée, il évitera d’aller vers les quartiers trop chauds de la ville. Car s’il est un peu connu dans le coin, la pipelette n’y serait clairement pas dans son élément. Il marche dans la rue, passe à côté de cafés. Continue à marcher, ne l’attend pas, mais le gamin est déjà à ses côtés et tient le rythme. Reo. Il s’est présenté, lui a demandé de faire la même chose. Et Hotaru ne l’a toujours pas fait. Il n’a pas envie de le faire. Mais il finit par se retourner vers lui, deux minutes plus tard. “Pourquoi ? Tu veux savoir mon nom. Qu’est-ce que ça t’apporte ?” Il sait pas trop ce qu’il cherche à faire. Peut-être à le faire réfléchir à l’instabilité de leur rencontre. Au fait que c’est la première et dernière fois qu’ils se voient, très certainement. Puis au final aussi, un peu… Il aimerait bien, Hotaru, que ce pauvre gamin, Reo, se rende compte que c’est dangereux, de suivre des inconnus. Hotaru est dangereux. Pas mal intentionné. Par chance. Mais dangereux. Et Hotaru se demande si Reo se doute, juste un peu, que la personne avec qui il marche si gaiement a un flingue caché dans son jean.

Ils continuent à marcher. Hotaru quelques pas devant, et Reo qui le suit de près. Hotaru ne répond à aucune de ses questions, à aucune de ses paroles. Et s’il pensait il y a quelques minutes que ça suffirait pour qu’il le laisse tranquille, il sait maintenant que ce n’est pas le cas. Il sait maintenant que le garçon le suivra. Et Hotaru se surprend lorsqu’il se rend compte que ça ne le dérange pas plus que ça. Ça ne l’amuse pas particulièrement, mais il ne considère pas Reo comme un poids à porter. Juste. Juste comme quelqu’un de présent, qui anime sa marche, et qui occupe son ouïe. Pas qu’il écoute réellement tout ce qu’il dit. Pas qu’il comprenne où il veut en venir non plus. Mais il l’entend. Et il comprend quelques trucs malgré tout. Il lui propose qu’ils soient amis. Et Hotaru n’a pas envie de briser ses espoirs d’un “non” froid alors il préfère ne rien dire. Hotaru n’a pas besoin de plus d’amis, et même si c’était le cas, ce pauvre garçon ne survivrait probablement pas deux minutes dans le monde de mort qu’est celui d’Hotaru. Pas qu’il le tuerait, non. mais il se ferait tuer si vite. Et il serait dans l’incapacité de se défendre parce qu’il n’aurait pas même le temps de comprendre que la personne lui voulait du mal en premier lieu. C’est une cible si facile.
Il lui parle de boire un verre, et encore une fois Hotaru l’ignore, continue de mener ses pas et Reo vers l’endroit qu’il a désormais décidé de lui montrer. Il ne sait pas vraiment quand il a compris que ses jambes le menaient vers là et quand il a décidé que ce serait une bonne idée de s’y rendre. Mais il se dit que peut-être une fois qu’ils y seront, Reo se concentrera sur autre chose que le fantasme irréalisable de devenir son “ami”.
Il lui propose de parler art finalement. Et Hotaru pourrait lui répondre qu’ok, ils peuvent. Mais il préfère attendre. Il veut attendre. Parce que étonnement, il est presque excité de ce qu’il a prévu de faire lorsqu’il aura atteint sa destination. Parce que quelque part, c’est pas vraiment de la fascination mais de l’intérêt. De savoir ce qu’une personne naïve peut bien voir et comprendre de ses œuvres. Hotaru sait que Sei les lit comme lui. Et il sait aussi que certaines personnes qui ont vécu des choses dures et qui ne connaissent pourtant pas sa vie les interprètent comme il les a peintes. Pourtant, tant de monde les voit différemment. Tant.
Lorsqu’il lui propose une cigarette, il sort son propre paquet pour le lui montrer. Il n’en sort pas une. Il le fera lorsqu’ils auront arrêté de marcher. Et ils arrivent déjà à des ruelles connues lorsque Reo recommence à parler de la peinture.
Ça tombe bien.
Il finit par s’arrêter face à un mur. Face à une peinture. Face à la peinture. Il finit par se retourner vers Reo, les yeux sérieux. “Ce que j’en pense ? Toi, qu’est-ce que t’en penses ? Regarde cette peinture Reo, et dis moi ce que t’y vois.” Il se retourne vers la peinture. Du rouge, beaucoup de rouge. Le sang. Des touches de blanc. Qui volent. Les plumes du matelas que Hotaru a déchiqueté lorsqu’il a découvert le corps. Du marron, plusieurs teintes. Les meubles de la chambre d’hôtel. Du beige, une forme cachée derrière le rouge et les autres couleurs. Le corps mort de sa sœur. Puis deux tâches beiges, comme des grosses tâches qui pourraient oui ressembler à des fleurs pas encore écloses. Eiji et lui, accroupis, à pleurer Hana. Puis du violet, du jaune, du vert. Parce que ce jour là, ses émotions étaient dans tous les sens. Et qu’aucune couleur n’aurait réellement pu réussir à représenter ça parfaitement.

Il sait pas trop ce qui l’a poussé à l’amener là. C’est pas comme s’il voulait absolument que ses œuvres soient vues. Au contraire, même. Il se souvient toujours de ce jour où il a vu ses œuvres sur un tumblr d’une meuf. Il a dû demander à quelqu’un d’envoyer un message anonyme pour les lui faire enlever. C’est personnel. Et si les personnes décident de prendre des photos et de les garder pour eux, aucun problème. Mais les poster sans sa permission, ça le dérange. Alors c’est illogique pour lui, de faire ça. D’amener quelqu’un face à son œuvre. Mais y’a quelque chose chez ce garçon. Il a envie qu’il la comprenne l'œuvre. L’idée qu’il ait eu envie de la reproduire, mais sans en comprendre le sens, ça le frustre. Évidemment que le sens est pas évident. S’il l’était, la police se serait peut-être intéressée à la peinture pour comprendre d’où venait l’inspiration de l’artiste. Puis il veut pas forcément lui expliquer explicitement non plus ce qu’est la scène, parce qu’il a pas envie de terroriser une âme qui lui semble si innocente et naïve. Il veut juste qu’il comprenne que la scène est pas quelque chose de positif et de beau. Que c’est pas juste des belles fleurs dans un champ de roses. Que ça vient d’un endroit plus sombre et plus orageux de l’esprit de l’artiste. Se son esprit. Pas que Hotaru ait réellement un jour fait une peinture positive. Il aurait pu, après avoir rencontré Nao. Mais il a l’impression que ses sentiments pour Nao sont trop personnels, trop intimes pour qu’il les peigne à la vue de tout le monde. Puis il est sûr que ce qu’il en ressortirait pourrait faire rougir n’importe quel passant, donc il se retient de mettre ça sur les murs de la ville.
Il ne s’est pas étonné des questions lors du chemin qui les a mené vers la peinture, et n’y a pas répondu intentionnellement. Après tout, il n’allait pas lui déballer la vérité. Il n’en avait pas besoin. Parce que le garçon, Reo, allait comprendre assez rapidement où ils se rendaient. Il hoche la tête une fois qu’ils s’arrêtent et que Reo lui demande s’il veut qu’ils l’étudient. C’est léger, probablement trop léger pour que le garçon voit le mouvement. Surtout qu’il a les yeux rivé sur la peinture. Ça fait un moment que Hotaru n’est pas allé la voir. Et il remarque rapidement que quelques couleurs ont perdu de leurs éclats, et que quelques bouts ont été lavés à coups de brosse. Ça l’ennuie. Il se fait une note mentale de repasser un de ces jours pour lui redonner une touche de couleur. Et rattraper les endroits qui ont été détruits par des abrutis qui ne comprennent pas l’Art.
Et Hotaru attend alors que le garçon s’approche de l'œuvre pour la regarder de près, comme pour observer les détails plus que l’ensemble. C’est pas une mauvaise idée. L’ensemble n’est qu’un enchevêtrement de couleurs, après tout. Et tout ce qu’Hotaru fait est parfaitement détaillé. Toujours. Et Reo comprend que c’est lui l’artiste. Mais Hotaru n’est pas choqué, parce qu’il n’a rien fait pour le cacher, alors il hoche simplement la tête. Il est content de savoir qu’il trouve l'œuvre belle, mais ça il le savait déjà puisqu’il a essayé de la reproduire. Puis Hotaru n’a aucun doute concernant ses œuvres et son art. Il sait qu’il est bon. S’il n’était pas censé tuer des gens pour le reste de sa vie, il ferait probablement de la peinture son métier. Il repère les différentes émotions.
Et il s’avance encore un peu plus, et il finit par repérer la couleur qui semble prédominer. Et la question qu’il lui pose le surprend légèrement Hotaru. Il s’avance à ses côté, pose sa main sur l’oeuvre, la où la première forme beige est reliée à une trace de rouge qui semble continuer à n’en jamais finir et pose ses yeux sur le garçon à côté de lui.”À l’époque, non. J’étais en colère. Et triste. Je venais de perdre quelqu’un d’important pour moi. Et cette fresque ? Ça a été ma façon de faire mon deuil.” Et Hotaru ne se rend compte qu’après avoir parlé qu’il s’est dévoilé à ce jeune homme à côté de lui. Et si ça le surprend, il n’en montre rien. C’est nouveau, de s’ouvrir comme ça.
Mais il est surprit de constater que ça fait du bien.