don't get in trouble, she said | NAO & HOTARU

Et souvent, je rêve de toi,
Souvent, j’ai froid sans toi.

Seul loin de tes bras ;
J’ai l’impression d’en mourir.

Des baisers que l’on abandonne sur les peaux, des souffles que l’on abandonne contre des pulpeuses cent fois trop ravagées d’un amour jamais prononcé, jamais avoué. Myocarde fragile des sentiments qui se font pourtant roi dans l’esprit, et ses yeux qui ne quittent jamais les siens, de peur de se noyer dans un enfer putride, Nao, il a peur de mourir en enfer. Sans jamais renaître dans les paradis blancs.

Corps enlevé, ô mon enfant, tu ne rêveras plus des jardins d’Eden.
La nécrose au fond de la gorge ;
Amertume palpable, l’inconnu à la folie meurtrière face à lui.

Mais ce n’est pas Hotaru,
Le rire du diable qui résonne encore et encore.

Jusqu’à perdre raison, attaché à cette chaise, dans un lieu jamais visité. Les yeux se perdent, à la recherche d’un repère qu’il ne trouvera jamais, Nao. Il n’y a plus que la peur qui fait battre son cœur, il n’y a plus que les misères de tout un monde de l’ombre. La chair putréfiée, foudroyée d’un destin funeste. Et face à lui, le diable en personne, de son arme divine. Barre de fer brûlante qui vient se déposer comme une plume sur la peau qui explose, se déchire pour faire naître bien des plaies.

Symphonie, ô fatal requiem, de ces hurlements qui s’échappent de ses lippes, des larmes qui s’écoulent le long de ses joues, les supplices des dieux, pourtant aucun mot ne parvient à se faire entendre, seulement un prénom. Toujours le sien.

( s a u v e m o i ) qu’il aimerait lui murmurer dans les nuits fauves.

Mais personne ne viendra te sauver en ce jour qui signe la fin d’une innocence ; enfant candide d’une société qui brillait, et la gloire qui viendra à pourrir entre ses phalanges désastreuses. Cruor qui ruisselle le long de l’épiderme tant de fois aimé, épousé. Tout est différent en ce jour où les douleurs sont réelles.

« Arrêtez… » Seul mot dans la nuit noire.
Mais les démons n’écoutent déjà plus ses plaintes.
Captivés par l’harmonie de sa voix qui se déchire dans la solitude.

Et est-ce donc là le prix de ton amour, Hotaru ?

Viens le chercher si tu l’oses.
Et la photo attachée qui lui brûle la rétine alors que Hotaru pleure. De rage. Sei est à ses côtés, il essaye de le calmer depuis qu’il lui a donné l’adresse qu’il a trouvé, de là où Erin est. Avec Nao. Nao… Y’avait une chose, une personne, une seule que Erin n’aurait jamais dû toucher, c’était Nao. Nao, l’innocent. Nao qui n’a jamais rien demandé. Nao qui lui a sauvé la vie, en bien plus qu’une façon. Bien plus que juste physiquement. Bien plus que juste cette fois là où il a cousu délicatement mais avec maladresse ses plaies. Erin n’aurait jamais dû s’en prendre à lui. Et Sei le sait, que Hotaru va le tuer. Il le sait, il le connaît assez bien pour le savoir. Pour connaître ses yeux. Colère. Comme un orage de canicule. En pleine nuit. Le gens d’orage qui fait du bruit. Qui fait mal aux oreilles. Hotaru ne s’est pas encombré de son katana. Il a juste pris un pistolet. Pas besoin de faire dans l’événementiel. Il va juste le tuer. Sans chichi. Sans dentelle. Il va lui mettre le canon entre les deux yeux, et tirer. Comme Erin lui-même l’avait fait à Eiji y’a pas si longtemps que ça. Eiji. Il s’en était pris à Eiji. Et maintenant. Maintenant Nao. Non. Non. Il aurait jamais dû dépasser cette ligne là. C’était la ligne à pas franchir. Non. Il aurait jamais dû. Hotaru se gare, l’oreillette qui tombe lorsqu’il descend de sa moto. Et la voix de Sei qui résonne sur le pavé, qui lui demande d’y réfléchir. Il aurait dû raccrocher plus tôt. Ça a servit à rien.
La maison devant lui, il ouvre la porte avec fracas. Pas besoin de faire dans le délicat, Erin l’attend. Pas le temps de prendre des pincettes. Chaque minute qui passe, c’est une minute de plus où Hotaru ne peut pas sauver Nao. Une minute de plus que l’homme qu’il aime passe avec l’homme qu’il déteste le plus au monde. À se dire qu’il préférait probablement son père à ce niveau là.
Il sait pas où ils sont dans la maison, mais il connaît assez son frère pour savoir qu’il a dû faire dans le cliché. Alors Hotaru se dirige vers la porte qui mène au sous-sol. Manque cruel d’originalité, vraiment. Et Hotaru, il dévale les escaliers. Lui, normalement si posé, normalement si calme, il court. Il se casse pas la gueule, il est bien trop en forme physiquement, bien trop adrénaliné pour ça. Saute même trois marches lorsqu’il arrive en bas, pieds joints. Et la scène. Oh la scène. Nao crie. Il crie de douleur. Il crie son nom. Et lorsque le métal se décolle de sa peau, il le supplie d’arrêter. Et le visage d’Hotaru n’est pas neutre. Il a les yeux écarquillés, la colère, la haine, la rage évidente. Et il a la main sur la crosse de son flingue. Mais il peut pas. Il peut pas. Pas comme ça. Pas alors que Nao est là et peut le voir.
Alors il court vers eux, et opte plutôt pour donner un coup de pied précis et fort sur l’avant bras d’Erin qui tient la barre de fer encore à quelques millimètres de la peau de Nao. Nao, putain…
Il dit rien, ses yeux noirs suffisant à exprimer tout le dégoût, toute la haine, toute l’envie meurtrière qu’il ressent à ce moment précis envers cette personne qui partage son sang. Il prend place entre Erin et Nao. Barrière humaine pour protéger celui qu’il aime. Il ne le touchera plus. Plus jamais.
Pas tant qu’Hotaru sera en vie.
Pour autant, il sait pas quelle marche suivre. Parce que quoi qu’il fasse, il perdra Nao. Que ce soit par sa mort, celle d’Hotaru, ou parce qu’il le verra tel qu’il est vraiment.
Un monstre.

Hotaru voit la barre de fer. Il voit Erin s’en emparer et la swinger en sa direction. Mais il n’est pas assez rapide. Il ne l’a jamais été. Hotaru lève son pied pour aller à la rencontre de la barre et l’envoyer, de nouveau, valser au sol. Qu’il aille se faire foutre. Hotaru voit rouge, mais essaye de ne pas laisser la rage l’emporter. Parce que Nao est là, derrière lui. Son soleil. Et que Erin était sur le point de le lui prendre. De le lui enlever. Quel enfoiré. Il veut vérifier que Nao va bien. Il a ce sens là de la priorité. C’est lui. Mais il sait aussi que s’il se concentre sur Nao maintenant, ça laisse la possibilité à Erin de les attaquer tous les deux. Et Hotaru a besoin de toute sa concentration pour ne pas laisser la folie de son frère les toucher. Erin n’est pas comme toutes les personnes contre qui il a pu se battre auparavant. Il n’est pas comme les personnes qu’il a dû tuer. Même les nombreux potentiels hitmen des Nakano n’étaient pas au niveau de son frère. Il doit d’abord le neutraliser avant de s’occuper de Nao. Et ça le rend fou, parce qu’il ne sait pas comment le faire sans utiliser trop de violence. Sans lui faire peur. Il ne veut surtout pas lui faire peur, à Nao. Il ne veut pas l’effrayer. Il ne veut pas qu’il ait peur de lui. Même si, Hotaru s’en doute bien, c’est exactement pour cette raison que Erin a essayé de mettre ça en place aujourd’hui. Pour que Nao le voit tel qu’il est réellement. Le voit “Mad dog”; et pas Hotaru. Mais il se laissera pas faire. Son frère pourra bien aller crever en enfer avant qu’Hotaru le laisse gagner. Il ne lui enlèvera pas la seule personne qui le rend réellement heureux.
Alors il décide de faire confiance à Nao. Il sait qu’il aura compris qui il est, ou en tout cas qu’une partie de sa vie lui est cachée. Et il aura compris que ce n’est pas une partie glorieuse. Et qu’il ne fait pas parti des gentils. Alors il sort son couteau de sa poche arrière. Et il sait que Nao peut le voir. Il quitte pas Erin des yeux. Et sorti de nulle part, il lance un poing sorti de nulle part dans sa mâchoire. Le but n’est pas, cette fois ci, de l'assommer ou de le blesser réellement. Juste de le déstabiliser assez longtemps pour lui laisser le temps de se retourner vers Nao et de prendre son visage dans ses mains. Mains qui ne tremblent pas, pas même d’un chouilla. Et elles devraient probablement. S’il était un peu plus humain, elles trembleraient probablement. Mais Hotaru n’a jamais été très humain. Et la seule personne actuellement le rattachant à son humanité, c’est Nao. “Mon soleil, écoute moi… Ferme les yeux, d’accord ? Ferme les fort, et ouvre les que quand je te dirais de les ouvrir. Tu me fais confiance ? S’il te plait.” Il sent Erin se remettre sur ses pieds doucement mais sûrement derrière lui et passe rapidement le fil du rasoir tranchant sur les liens qui tiennent les mains de Nao attachées. “Mets tes mains sur tes oreilles aussi, d’accord ? Allez. Ferme les yeux. Tout sera bientôt terminé, je te le promets.”
Et il voit Nao fermer les yeux. Hotaru lui laisse un baiser rapide sur le front et se retourne vers Erin. La rage dans ses yeux qui se rallume dès qu’il le voit, lui et son sourire de taré. Son couteau qui remet bien en main. Sa paume est accoutumée aux beaux dessins en reliefs sur le manche. Il ne dit rien. Ne veut pas faire plus de bruit que de nécessaire. Il doit faire vite. Ne pas faire traîner plus que de nécessaire. Nao a fermé les yeux, mais il ne veut pas qu’il les ferme trop longtemps. Il ne veut pas qu’il s’inquiète trop longtemps. Il s’approche d’un pas décidé vers son frère avant de se baisser rapidement et d'envoyer un premier coup dans la hanche. Lorsque Erin le repousse, lui mettant lui aussi un coup de couteau bien placé, il hésite pas une seule seconde avant d’attaquer de nouveau. Et c’est à l’épaule qu’il le touche. Le couteau assez enfoncé pour toucher des nerfs importants. Des nerfs qui lui font lâcher son arme. Et qui le font toucher par terre. Des nerfs qui immobilisent l’entièreté de son corps quand ils sont touchés. Et cette artère qui saigne. Il récupère son arme et l’essuie sur la chemise d’Erin avant de la ranger dans la poche arrière de son pantalon. Oh il va le laisser là. Seul. Et il va se vider de son sang. Et d’ici à ce que quelqu’un le retrouve, il sera déjà mort. Pour le moment, il a pas le temps de vérifier, de prendre le temps d’être sûr. Parce que Nao est encore là. À attendre. Il se retourne vers lui, et lui lance un “Ouvre pas, pas encore. Prends ma main, on va sortir d’ici.” Parce que voir le corps paralysé d’Erin, ce serait pas bien mieux que de voir Hotaru le mettre dans cet état. Alors il lui prend la main et le traîne derrière lui. Et malgré sa hanche qui lui fait un mal de chien, il le prend dans ses bras et le porte jusqu’en haut des escaliers. Une fois en haut, enfin, il le lâche, et ferme la porte de la cave derrière eux avant de s’écraser par terre, sa blessure à la hanche lui faisant presque voir les étoiles. “Tu peux ouvrir les yeux Nao.” Et juste sur ses mots, la perte de sang fait son effet. Et Hotaru perd connaissance.