blessed are those who see the bright side ✗ kuma

but you can’t get away from yourself. you can’t decide not to see yourself anymore. you can’t decide to turn off the noise in your head.

Premier tic. Ongles rongés jusqu’au sang.
Le gamin réfléchit sans cesse, les mains moites, le coeur qui cogne contre sa cage thoracique prêt à la fracasser, la gorge nouée. Dans sa tête se livre chaque jour un combat sans fin, sans gagnant. Mais avec cependant un perdant. Lui. Ses mains écorchées frottent souvent ses yeux rougis par la fatigue, essuient parfois son front humide d'adrénaline devenue peur. L’anxiété semble ne jamais le quitter. Kuma qui a peur. Peur que sa préférence pour les garçons soit dévoilée. Peur d’être jugé, moqué, harcelé. Peur par dessus tout de sa tante, du pouvoir qu’elle a sur lui. Elle pourrait le briser, bien trop facilement même.  

Deuxième tic. Canines plantées dans sa lèvre inférieure.
Elles sont scellées, ses lèvres. Kuma réduit au silence depuis tant d’années qu’il craint parfois d’oublier comment parler. Gamin témoin de tant d’horreurs, spectateur des pires crimes, rendu muet par les menaces, par la terreur de subir pareil -de subir pire que ce dont il connait l’existence. Sa tante au visage si doux, au sourire bienveillant. La même qui, à l’abri des regards extérieurs, vend les jeunes comme des objets. Neveu qui sait tout, doit vivre en sachant que la nourriture qu’il mange est financée par la vente de ces pauvres gens. Complice malgré lui en gardant le silence, mort s’il ose parler. Rêve constant de fuite. Partir loin pour ne plus rien voir. Lâcheté.

Troisième tic. Sourire forcé.
Kuma acteur malgré lui. Lui qui vit comme si sa mère n’était pas qu’une toxico qui lui donne à peine quelques nouvelles, oublie trop souvent d’en demander de lui. Comme s’il aimait vraiment sa petite amie -pourtant si jolie, si populaire. Comme s’il ne se servait pas d’elle pour étouffer les rumeurs, pour que ses années de lycée soient supportables. Kuma qui sourit comme s’il ne vivait pas sous le toit d’une criminelle, qui détourne honteusement les yeux face aux affiches de personnes disparues placardées dans la ville. Môme dissimulé sous tant de mensonges que personne ne peut prétendre le connaître vraiment. Kuma qui cache le monstre qu’il est réellement.

Quatrième tic. Battement rapide des cils.
Pour chasser les larmes incontrôlables et leur soif de liberté presque aussi insatiable que la sienne là lui. Kuma qui se bat contre l’anxiété, Kuma qui nie sa dépression, Kuma qui ne peut s’empêcher de trembler face à la cruauté de celle qui l’élève. Il est grand, très grand pour son âge. Mais il est aussi faible, oh si faible. Ce n’est qu’un enfant, ce n’est qu’un humain chargé de bien trop de secrets.

Cinquième tic. Respiration saccadée.
Il veut aimer. Il veut être aimé. Oser. Pouvoir exprimer ses sentiments, mettre des mots sur ce qu'il ressent. Parce qu'il peine beaucoup trop à communiquer. Il veut sourire, ne pas avoir honte de ce qu'il est, de ses convictions, de ses désirs, de ses absences de désirs même. Il y a encore quelque chose qui brûle en lui. Il y a ce désir un peu fou, insensé, irréel. Celui d'être à sa place dans ce monde. Il crève d'envie d'être heureux. Il crève d'envie d'être accepté tel qu'il est. Il crève tout court.