seven devils ( i v y )

seven devils

nobu + ivy
no rest for the wicked
(h e a v e n)

(( ootd )) - Prisonnier. Incapable de bouger. Incapable de crier. Et tu essaies pourtant. Tu hurles dans ta tête. Tes cris déchirants en deviennent insupportables. Réveille toi. Réveille toi. Ne t'endors plus jamais.

Tu ouvres les yeux dans un sursaut, tu tentes de reprendre ton souffle, t'y arrives pas. Tu te retournes brusquement, ton menton cogne contre le sol froid. Ca fait mal. T'es vivant. Des sanglots silencieux secouent ton corps. Ton corps va bien mais ton esprit est meurtri. Tu restes un instant à sangloter contre le sol, terrifié. Ton coeur bat trop fort contre ta cage thoracique, tu as du mal à retrouver une respiration régulière, tu as peur de réveiller les deux autres. Ton pire cauchemar, c'est ça. Etre bloqué, impuissant, hurler à t'en faire mal à la tête sans que personne ne puisse t'entendre. Sans que personne ne puisse te voir. Ton souffle s'échoue contre le carrelage un instant, tu fermes les yeux trop fort. Réveille toi. T'es réveillé, pas vrai ? C'est la réalité, pas un monde créé par ton cerveau malade, hein ? Tu essuies la sueur glacée sur ton front avec ta main tremblante avant de te relever doucement. Tu sors de la chambre à pas feutrés, tu essuies tes joues. Tu es vivant. Vivant. Tout va bien. Tu souffles. Tu détestes dormir, la nuit est sans aucun doute le moment le plus éprouvant de ta vie. Parce que tu sais jamais si tu vas te réveiller vraiment ou pas. La limite entre le rêve et la réalité est tellement fine parfois que tu peux pas être sûr d'être vraiment là. La première fois où tu t'es réveillé, t'y croyais pas. C'était forcément une énième scène faussement créé dans tes pensées, t'étais résigné à ne plus jamais te réveiller vraiment. Et puis on te l'avait répété assez de fois pour que t'y crois, que t'étais bien là, revenu d'entre les morts. T'avais juste un doute constant. Qui mentait ? Ton cerveau, ton corps, les gens ? Difficile à savoir.

Tes pas te mènent dans la cuisine, tu te sers un verre d'eau que t'avales d'une traite avant d'aller te réfugier près de la piscine. T'allumes pas le plafonnier, te contentant des reflets bleutés qui dansent dans la pièce entourée de grandes fenêtres. Tu t'assoies au bord de l'eau, y trempes une jambe tandis que l'autre sert de support pour ton visage fatigué. Plus t'y repenses et plus ça te redonne envie de chialer. Putain, remets-toi en, c'est rien, t'en fais à chaque fois que tu dors des cauchemars ou presque. T'étouffes un sanglot contre ta cuisse avant de te redresser subitement. Tu plonges proprement, l'eau tiède te refroidit instantanément le visage, entre par tous tes pores. Tu laisses ton visage percer doucement la surface de l'eau avant de plaquer tes cheveux en arrière avec ta main. Tu ressors. T'as pas vraiment envie de te baigner, tu voulais juste te réveiller, te secouer. T'es pas vraiment sûr d'aller mieux. Parfois t'aimerais juste mourir, comme quand t'étais dans le coma. Tout serait juste fini, tu crois. Et ça serait peut-être pas si mal. Tu retournes t'asseoir au bord de la piscine, les deux jambes dans l'eau cette fois. Tu courbes l'échine sans quitter l'eau du regard et pour une fois, ton éternel sourire de canaille n'est pas sur tes lèvres. T'es peut-être pas bloqué dans un rêve, mais t'es en quelques sortes bloqué dans cette vie. Dans ce traumatisme que tu refuses de partager avec quiconque, trop horrible pour en passer le poids à quelqu'un d'autre. Tu frissonnes.

(( ootd )) - Voyage qui se déroule mieux qu’il n’a commencé, sans la moindre hésitation. Le chaos du premier jour est derrière eux, Ivy pourrait presque prétendre l’avoir oublié mais ce serait mentir. Impossible d’oublier la voiture au toit arraché, et le froid dans lequel ils se sont retrouvés. Elle ne peut oublier avoir rêvé de faire demi-tour, de rentrer chez elle, de s'en aller loin de cet hôte bien trop insouciant et de retrouver la banalité de sa vie. Ni de les avoir maudit, lui et ses idées, ses décisions. Elle n’oublie rien de tout ça, et porte pourtant un tout autre jugement sur lui aujourd'hui. Car oui, Nob est maladroit, beaucoup trop inconscient et perdu dans la folie de ses plans foireux. Mais il est aussi gentil, amusant, et finalement lui offre à peu près le voyage qu’elle imaginait, maintenant que les premières étapes catastrophiques sont derrière eux. C’est grâce à lui si elle peut découvrir ce pays dans lequel elle n’aurait jamais eu les moyens de venir sinon, grâce à lui si elle peut rire, s’épanouir, s’échapper de sa vie si grise de tous les jours. Elle en a oublié les disputes incessantes avec son frère, la situation plus que délicate qui la lie à l’un de ses colocataires, leur pauvreté, leurs problèmes, leur tristesse.

Et ce jour-là encore la journée avait été mouvementée, remplie d’une myriade de nouvelles expériences, de découvertes -d’imprévus aussi. Mais c’était une bonne journée. Une de plus dans cet endroit. Une où l’inconnu qui l’avait invitée devenait de plus en plus un ami, une personne proche. Ils sont peu dans l’entourage de la Moon, petit cercle réduit à quelques personnes à peine. Aujourd’hui elle peut dire sans hésiter que Nob y a sa place. Et le bruit sourd dans la chambre où ils dorment tous les trois la tire hors de son sommeil profond, sans totalement la réveiller non plus. Elle se retourne dans son lit, tente de se rendormir totalement, y parvient pendant quelques minutes, puis se réveille finalement. Regard qui peine à y voir dans l’obscurité, pourtant elle est certaine de ne pas voir le youtubeur dans son lit. Et elle décide de se lever, enfile son gilet pour partir à la recherche de son ami. Passage à la cuisine pour récupérer une pomme dans laquelle elle croque, démarche discrète qui arpente les pièces une à une, jusqu’à ce que ses pas la mènent jusqu’à l’entrée de la piscine. Le voilà.

Ivy s’avance doucement, sourire aux lèvres. Quitte à ne pas réussir à dormir, autant profiter de ce moment pour pouvoir discuter calmement de tout et rien, le remercier comme il se doit pour cette opportunité, aussi. « C’est là que tu te caches. » Sa main frôle l’épaule de Nob avant qu’elle ne s’assoit près de lui, glissant doucement ses jambes dans l’eau. « Toi aussi, c’est le jetlag ? J’crois que mon cerveau arrive vraiment pas à se caler sur le bon fuseau horaire. » Et à trop fixer le léger mouvement de l’eau, elle ne réalise que trop tard que son ami semble avoir perdu de son éclat, lui qui d’ordinaire est toujours lumineux. Sourire qui se fane alors qu’elle s’inquiète pour lui. « Ça va pas ? Est-ce que… Il s’est passé quelque chose ? » Elle cherche son regard, ne sait pas vraiment quoi faire. « Tu sais, j’crois que je vais pas me rendormir tout de suite. Enfin c’que je veux dire c’est… si t’as besoin de parler, je suis là. Si t’as besoin de rester dans le silence, je suis là aussi, puis si t’as besoin d’être seul, je te laisse tranquille. T’as juste à me dire quoi faire »

seven devils

nobu + ivy
no rest for the wicked
(h e a v e n)

(( ootd )) - Tu sursautes même pas en entendant la voix derrière toi. Tu fermes les yeux un instant. Merde. Tu réponds rien. Tu voulais pas les réveiller, tu devais pas les réveiller. Pas sûr d'être capable de leur renvoyer l'image du Nobu qu'ils connaissaient tous les deux. Peut-être pas ce soir. Tu sens ses doigts sur ton épaule nue et elle s'assoit près de toi. Tu tournes pas le visage vers elle, tu continues à résolument regarder dans l'eau. Comme perdu dans tes pensées trop noires. Comme encore coincé, un pied dans la réalité, l'autre loin en Enfer. T'entends pas ce qu'elle dit, ou plutôt tu l'écoute pas. T'as l'impression qu'elle est loin Ivy. Pas dans la même pièce, pas dans le même monde. Tu tournes lentement ton regard brillant vers elle. T'es presque sûr que si t'essaies de la toucher, un mur de verre t'en empêchera. T'as presque l'impression que sa proximité est factice, qu'elle est loin, loin. Tu fermes les yeux trop fort un instant. Réveille toi, nob. Réveille toi ou crève. Tu secoues la tête pour chasser le sommeil, non, le cauchemar, qui t'engourdit encore. Non. rien.

Tu tentes d'esquisser ton éternel sourire affable mais ton visage ne renvoie qu'une grimace forcée à ton amie. Tu la regardes un instant en silence. T'as envie de crever. T'as envie de crever. T'as envie de chialer. Et ton visage se tord quand les premières larmes roulent sur tes joues. Tu passes brusquement ta main sur tes yeux. Arrête ça. Tu secoues la tête, cent fois, tu regardes le plafond. C'est rien. Ah... Pardon. Elle est pas venue pour ça, ivy. Elle est pas là pour que tu chiales sur son épaule, tu l'as emmenée en vacances pour qu'elle s'amuse, pas pour qu'elle subisse tes conneries. Tu souffles longuement pour faire passer l'envie de pleurer et tu lui prends brusquement la main, tu passes tes doigts entre les siens. T'as déjà... T'as déjà eu l'impression que... Ton regard cherche le sien. Et tu la regardes un instant sans rien dire. T'avais peur au fond, qu'elle arrête de te voir comme elle te voyait depuis le début. Comme tout le monde te voyait. Le bon pote, le mec sympa qui se tapait toutes les meufs qui passaient, qui profitait de la vie, qui vivait à cent à l'heure. Tu savais pas si t'avais vraiment envie qu'elle en sache plus sur toi. Tu murmures la fin de ta phrase, comme si c'était des mots interdits. Que t'étais pas vraiment là. Que c'était juste un rêve. Tout ça. La vie. Les gens. Tout. Tu détournes vivement le regard, tu le baisses sur vos mains entrelacées. Tu lui chuchotes tes angoisses. Comment tu peux être sûre que je suis vraiment là, que je te tiens vraiment la main, que nos pieds sont vraiment dans l'eau, qu'on est vraiment en Alaska, vraiment... vivants ? T'avais fait des heures et des heures de thérapie, des semaines, des mois passés à te répéter que c'était la vraie vie, que t'étais sorti du coma. Mais parfois quand tu cauchemardais, t'arrivais pas à t'en rappeler.

Tu lâches un rire amer si léger, si froid, qu'on aurait pu le prendre pour un flocon de neige se posant sur le sol. non. je déraille, hein ? laisse tomber. Pas elle. Elle croirait pas ce genre de trucs. Elle se sentait probablement pas prisonnière de son corps vu le corps qu'elle avait, ni de son esprit. Elle se sentait probablement pas impuissante au quotidien, malade. Elle voyait probablement pas de psy. T'étais juste un taré. Il fallait que tu te fasses soigner. Et t'aurais aimé le faire, t'aurais aimé en guérir. Pars pas. Hein. Tu te tournes pour t'allonger au bord de la piscine, tu poses ta joue glacée contre sa cuisse. tes doigts glissent à la surface de l'eau et puis tes yeux se ferment tout seuls. T'es fatigué, épuisé en fait. T'aimerais pouvoir dormir sereinement, t'en serais incapable pour le restant de tes jours. Y a que la mort qui t'apporterait la paix. J'peux pas dormir. Je veux dire... Si je m'endors, réveille moi. Ok ? On a qu'à discuter comme ça jusqu'à demain matin, non ? Ton coeur battait toujours la chamade dans ta poitrine. C'était une mauvaise idée d'être allongé comme ça. Tu peux me raconter ta vie tiens. Pourquoi t'es camgirl ? Tu pourrais être genre... mannequin. Ou j'sais pas.

(( ootd )) - Il ne lui aura fallu qu’une fraction de seconde à Ivy pour comprendre que quelque chose n’allait pas. La tristesse, elle y est confrontée quotidiennement, ne sait que trop bien lire le malheur dans le regard éteint des gens, parvient à le deviner dans leurs silences, et jusque même dans leurs mouvements. Nob il est d’ordinaire toujours plein de vie, son rire franc qui glisse hors de ses lèvres pleines, la malice qui teint ses iris. Nob c’est un soleil, mais actuellement il est éclipsé par quelque chose qu’elle ne pourrait nommer. C’est évident pourtant, même ceux qui portent les sourires les plus larges souffrent parfois, et pourtant jamais la coréenne n’aurait pu imaginer que son ami n’était pas une exception, celle qui confirmerait peut-être la règle. Alors elle ne peut cacher sa surprise, celle qui la déroute, fait battre ses cils trop rapidement. Puis c’est l'instinct qui prend le relais, lui intime de lui proposer sa présente autant qu’il le voudra. Parce qu’Ivy elle sait écouter, elle sait être l’épaule sur laquelle on peut pleurer, les bras dans lesquels on peut se réfugier. Elle sait rester silencieuse, être présente, ou s’effacer. Il n’a qu’à choisir ce dont il a besoin, elle s’exécutera. Et elles roulent, roulent encore les larmes le long de ses joues lorsqu’il s’excuse, qu’elle ne lui répond qu’en secouant la tête. Il n’a aucune raison de s’excuser.

Alors lorsqu’il saisit sa main elle la serre un peu, laisse son pouce caresser doucement celle de son ami, lui offre le point d’ancrage qu’il semble chercher. Et elle écoute. Attentive, le regard rivé vers son visage, rempli à la fois d’inquiétude et de tendresse. Qu’importe ce qu’il s’apprête à lui confier, elle sera là pour lui, sans jugement. Finalement sa langue se délie, le laisse partager ses doutes, ses craintes. C’est un peu abstrait, questions qui n’ont pas tant de sens ainsi privées de leur contexte. Et bien qu’évidemment elle aimerait lui en demander plus, savoir pourquoi il se pose de telles questions, Ivy elle reste silencieuse. Analyse les mots, les retient soigneusement. Il se rétracte, regrette avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre. « Jamais » Jamais elle ne partira, ça c’est au moins une réponse à laquelle elle n’a pas besoin de réfléchir. Et c’est avec la même assurance que ses doigts viennent doucement caresser les cheveux du japonais lorsqu’il s’installe, dans l’espoir de l’apaiser encore. Raconter sa vie. La Moon ne le fait jamais. Parce qu’il n’y a rien de beau à raconter, que ça n’a jamais intéressé personne, aussi. Nob n’a jamais été comme les autres après tout. « Mon père est mort quand j’avais treize ans, et ma mère nous a abandonnés mon frère et moi juste après. On avait aucune autre famille, on a dû se débrouiller pour survivre seuls, dans la misère. J’ai abandonné l’école tôt, et trouver un boulot sans diplôme en plus quand on est une étrangère, c’est impossible. »

Pause, soupir. « J’ai fait ce qu’il fallait pour qu’on crève pas de faim ou de froid, pour être camgirl y’a besoin d’aucune compétences évidemment. Mais j’ai pas honte de c’que je fais. Ça nous permet de survivre, entre autres. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, j’avais que mon corps alors ça me laissait pas tant de possibilités. » Sujet du mannequinat subtilement évité, caresses dans les cheveux mouillés qui s’arrêtent un instant pour mieux recommencer. « Non, j’ai jamais eu l’impression que tout ça était un rêve. J’aurais aimé parfois. Pour me réveiller et avoir une vie normale. Étudier j’sais pas quoi, avoir mes parents avec nous à table pour le dîner, ne pas être pauvre, ne pas avoir… tous ces problèmes. Mais non, la réalité c’est celle-là. C’est comme ça que je sais que t’es vraiment là Nob. » Son regard se baisse vers lui, sa main dérive sur sa tempe. « Je te vois, je t’entends, et je te sens sous mes doigts. » Doigts qui viennent légèrement lui pincer la peau. « Tu vois, tout ça c’est réel. T’existes. Et je suis heureuse que ce soit le cas. Tu m’as fait voyager pour la première fois de ma vie, tu m’as fait rire, voir et vivre des choses incroyables. Je suis sincèrement reconnaissante pour tout, et tout ça c’est réel. Tout toi, c’est réel. »