healing ✗ (nori)

(ootd) Elle aurait dû se passer comme toutes les autres, cette journée. Elle avait commencé tout à fait normalement d’ailleurs, cours aussi interminables qu’ennuyeux avant d’enfin se rendre au gymnase pour son entraînement quotidien. C’était fatiguant parfois, la pratique intensive de sport, c’était difficile souvent pour son coeur aussi, et pourtant nécessaire. Pour rien au monde, Haku n’abandonnerait le volleyball. Après tout, c’est lui qui l’avait choisie, cette filière, cette carrière aussi. Alors qu’importe l’épuisement, il ne peut réprimer ce sourire qui lui va si bien de naître sur ses lèvres lorsqu’il installe le filet et prépare le terrain avec ses coéquipiers. Leurs rires résonnent dans le grand bâtiment, se meurent un peu lorsque leur coach fait son entrée et leur impose de se concentrer. C’est la règle ici, une fois les portes franchies, on ne s’amuse plus. Ils visent les championnats cette année, et sont prêts à tout pour les atteindre. Alors lorsque la sonnerie du téléphone de l’attaquant les interrompt, tout le monde le regarde de travers, pourtant l’entraînement n’a pas encore commencé (et ils ne sont même pas encore en tenue) alors tout autorise Haku à décrocher.

Et c’est un grognement qui lui échappe, dès que son interlocuteur se présente comme médecin de l’hôpital. Il est habitué à leurs appels, bien trop habitué aux rendez-vous interminables et réguliers pour divers examens qui, au final, ne mènent jamais à rien. Elle est incurable sa maladie après tout, et seule une greffe pourrait le sauver, mais il refuse. Alors il n’a pas envie de leur parler, pas envie de les écouter lui dicter comment vivre sa vie, se prépare même à raccrocher avant d’être coupé dans son élan. Nori a été hospitalisé. Sourcils froncés, Haku cherche loin dans sa mémoire pour associer ce nom familier à un souvenir. Et ça lui revient finalement. Le garçon de l’application, celui trop bon pour son propre bien. « D’accord mais, pourquoi vous m’appelez moi ? » Ce n’est pas qu’il s’en fiche, loin de là, mais après tout ils ne se sont parlés qu’une seule fois, ce garçon a probablement une myriade d’autres personnes bien plus proches de lui. La voix à l’autre bout du fil reprend, explique que son contact était la première chose qui s’était affichée lors du déverrouillage du téléphone. Et Haku est encore plus perdu.

Puis il comprend. Il se rappelle de leur discussion, de son petit-ami abusif, violent. Et si, en plein désespoir, Nori avait essayé de le contacter pour qu’il le sauve ? Frisson qui court le long de sa colonne vertébrale, un rapide « J’arrive » avant qu’il ne raccroche, quitte le gymnase en courant, ignorant les cris de son coach. Casque enfilé aussi vite que possible avant de faire vrombir le moteur de sa moto et de rouler à toute allure entre les voitures bien trop lentes à son goût. Heureusement l’hôpital n’est pas si loin, et une fois arrivé l’étudiant s’empresse de demander le numéro de chambre, gravissant les marches deux à deux. Il est essoufflé Haku, lorsqu’il pousse la porte, mais ce n’est pas important. L’inquiétude a précipité ses gestes, et sans doute aurait-il dû signaler sa présence à un docteur, lui faire demander si Nori voulait bien le voir, après tout, peut-être que la dernière personne qu’il voudrait voir à son chevet, c’est un inconnu. Mais tant pis. Mâchoire et poings serrés face à ce visage qu’il découvre pour la première fois. Ce visage tuméfié. « C’est lui qui t’a fait ça ? » Colère qu’il peine à contenir, réfrène malgré tout autant que possible pour ne pas l’effrayer. Il s’oblige à adoucir son expression, détendre ses muscles en soupirant un bon coup avant de s’approcher. « Tu as beaucoup mal ? »