la colo des monstres

la colo des monstres

Elle pouvait sentir l'excitation grandir dans son ventre à chaque kilomètre parcouru. Elle commençait à avoir mal aux joues de tant sourire, collée à la fenêtre de la voiture, elle chantonnait les paroles de ce qui se diffusait à la radio. C'était un rêve pour la jeune: c'était la première fois de sa vie qu'elle aurait le droit de dormir hors de chez elle. Lyka avait toujours raté les soirées pyjamas, les weekends entre amis, les excursions à l'école. Pour une drôle et mystérieuse raison qu'elle avait cessé de chercher il y a fort longtemps, ses parents refusaient de la laisser sortir une fois la nuit tombée. Sauf qu'aujourd'hui; tout changeait. Ses parents lui offraient la chance de séjourner dans une colonie de vacances. Selon eux, il était temps pour elle de voir de nouvelles personnes et faire de nouvelles rencontres; il était temps d'agrandir son cercle, et elle était ravie à l'idée.


Sac sur le dos, valise à la main, elle regarda ses parents repartir, toujours aussi souriante. à moi la liberté! un petit saut sur elle-même suivi d'un rire, lyka se dirigea vers la porte principale. Enormissime. La poussant tant bien que mal, elle vit devant elle un réfectoire de style gothique. C'était un peu lugubre, mais ça la rendit encore plus joyeuse: ça sentait l'aventure à plein nez! Il n'y avait encore personne de présent, à l'exception d'un jeune homme. bonjour? tu viens d'arriver? elle laissa sa valise à même le sol, et approcha un peu plus. il n'y a que nous ici? bin, c'est quoi ces manières? elle sourit et tendit la main. moi c'est lyka au fait!

 

la colo des monstres

Assis convenablement dans le siège, maintenant son épine dorsale droite, et un livre entre les mains, le jeune homme à lunette poursuit sa lecture, dans un  silence olympien. Ses géniteurs, complices de ce piège, s'assurent que leur fils adoré, ne quitte guère ces pages remplies d'encre, pendant leur voyage. Ils s'imaginent que leur progéniture s'épanouira à travers des amitiés dans ce lieu — chose compliquée pour le jeune homme introverti et rêveur. Lorsque la voiture s'arrête enfin, le brun relève la tête, découvrant le paysage. Où sommes-nous ? La réponse de sa tendresse ne lui plait guère et l'effroi orne son faciès. Comment ont-ils osé l'amener dans cet endroit étrange ? Son palpitant lutte frénétiquement dans sa cage thoracique — et tel un petit mammifère, Hidekane s'apprête à faire un arrêt cardiaque, sous la frayeur.    

Planté depuis plusieurs minutes devant cette entrée colossale, l'introverti aux vêtements cintrés et au sac à dos remonté jusqu'au milieu de son dos, n'ose s'engouffrer dans cet établissement. Inspiration, expiration. Méthode de relaxation cuisante, et Hide entrebâille la grande porte, faufilant son visage dans l'encadrement. Ses iris noisette cachés par cette épaisse monture noire observent, de loin, cette cafétéria gothique. Ses pulpeuses s'entrouvrent sous la surprise, et ses doigts se resserrent autour des bretelles de son sac, pénétrant dans cet endroit pour assouvir sa curiosité. Ses pas hésitants, Hidekane rejoint lentement les deux comparses déjà présents en ces lieux, laissant une certaine distance entre eux. B-b-bonjour.

la colo des monstres

Ta respiration se fait beaucoup plus saccadé, tu retiens un grognement d'entre tes lèvres. Tes yeux sont entrouverts, ta peau, couverte d'un fine particule de sueurs. T'as l'impression de voler, l'impression d'être au-dessus de ton corps. La dernière fois que tu y avais goûté, il y a quelques mois déjà. T'étais en manque, clairement. Et tu sais que la jeune femme aussi, elle a tout compris lorsqu'elle a vu tes yeux se poser sur elle. Sur ce qu'elle t'offrait, sans même hésité. Tu lui a plu la première seconde, tu lui a donné envie de pouvoir te donner du plaisir. Et en ce moment, c'est exactement ce qu'elle fait. Elle t'en donne, sans même y penser une seule seconde.

Tu as bien entendu des bruits à l'étage du dessous mais le tout ne te déranges guère. Tu veux rester près d'elle, tu n'as pas fini de t'abreuver. Tu veux faire plus que trembler son nom, tu veux même pouvoir le hurler. Contenir ton plaisir pendant autant de temps n'a pas été chose facile pour toi, avec ton petit coeur fragile. Certaines personnes l'oublie mais tu as tout de même un coeur, sous tes airs farouche et sans remords. Peut-être même es-tu entrain de passer la meilleure journée de ta vie et personne ne le sais. La jeune femme t'attrape sans ménagement le cou, passant une main sous ton oreille droite. C'est trop pour toi, tu ne peux plus te contenir. Tu ronronnes, tu soupires, tu grognes. C'est la faim pour toi, tu le sais désormais.. et elle, elle te souris. Elle continue de poser son regard dans le tien, tandis que tu relèves la tête, rencontrant enfin le paradis. Tu soupires, te recules, avant de commencer à te lécher la patte droite de devant. La dernière fois que ta maîtresse t'as donné un bol de lait, date de quelques mois déjà. Tu parcours sans cesse les couloirs à la recherche de souris lorsqu'elle n'est pas présente dans les environs. Ce n'est que lorsqu'elle te rejoint ici, que tu sais que les ennuis commenceront. Que de nouveaux visages pourront s'ajouter à son tableau de chasse, dans son énorme maison de luxe, remplies de secrets profonds.

À l'aide de ta patte, tu parcours lentement les environs du plancher, à la recherche d'autre chose à te mettre sous la dent. Ne voyant rien de plus intéressant, tu décides de fausser compagnie à ta maîtresse, parcourant le grand couloir du haut, pour commencer à descendre les escaliers, voulant venir saluer les nouveaux visiteurs. C'est toujours ainsi que tu agis, mettant tes quatre pattes à l'oeuvre et ton fin museau de chat surdoué à l'oeuvre. Tu sais que les gens sont dans la cuisine, tu les entends parler. Tu peux déceler facilement qu'ils sont jeunes et surement, sans défense. Peut-être pourrais-tu les prendre par surprise? Ou bien rester là, derrière la porte, à attendre de voir qui sera ta première victime. C'est ce que tu décides de faire, ravalant lentement un ''miaou'' à peine audible, ce dernier tremblant au fond de ta gorge.