one bad night ( i v y )

one bad night

kiha + ivy
I'll rip your fucking face off

(( ootd )) - Tu soupires et tu lâches ton téléphone en rejetant la tête en arrière. tu grognes, tu jettes la manette de play dans un coin avant d'enfiler une veste et d'attraper tes clefs. c'est à l'autre bout de la ville son putain d'hotel en plus. déjà t'aimerais bien savoir pourquoi elle laisse des enculés l'emmener à l'hôtel. faire la pétasse à la cam c'est une chose, puis ça lui ramène de la thune. mais aller à l'hôtel c'est autre chose. et si c'est une question de thunes t'allais clairement trouver un autre moyen de lui payer ce qu'elle voulait. t'avais beau lui hurler dessus que tout le monde savait qu'elle s'était tapé tout le quartier et que c'était qu'une pute, t'en pensais pas un mot. et cette fois, tu sens l'urgence dans ses mots tapés à la va-vite. tu tournes la clef et tu fais ronronner le moteur de ta voiture. ta. voiture. probablement ce que t'avais de plus précieux. pour ça que tu la leur avais jamais montrée. trop peur que ça parte en couilles. mais au fond, ton coeur battait trop vite pour que tu prennes le temps d'y aller à pieds, en métro, en skate ou peu importe. alors tu transformes vite le ronronnement en rugissement et tu files sur la voie rapide, avalant les kilomètres trop rapidement, slalomant entre les autres voitures. coup de chance, y a pas de flics sur la route, sinon tu sais juste pas ce que t'aurais fait en fait. t'es trop énervé pour rouler correctement, déjà que les limites de vitesse de base c'est pas ton truc alors là, encore moins. tu t'arrêtes sèchement en tirant le frein à main, puis n'importe où. t'allumes les feux de détresse, ça passera très bien.

tu mets ta capuche sur ta tête puis t'hésites. tu souffles. tu fais demi-tour. tu reviens. sérieux, t'y vas là ? t'entre. le mec te dit un truc, tu lui fais un signe style j'ai une chambre ferme ta gueule bouffon. quarante deux, c'est où putain. tu prends les escalier, tu te dis que c'est au quatrième étage. tu trouves pas. puis tu trouves. rah, t'hésites. tu frappes ??? service de chambre. sérieux ? t'appuies sur la poignée. verrouillée, normal. mais il répond pas l'enculé. tu frappes encore. mais la patience c'est pas ton fort. t'écrase ta semelle contre la porte. une fois. deux fois. trois fois. ça craque. t'entends une voix à l'intérieur. tu finis par enfoncer la porte et tu te stoppes net. un frisson parcourt ton corps de bas en haut. enfoiré. tu sautes sur le mec en arrachant sa main dégueulasse de ta soeur. et tu lui éclates la tronche. tu vacilles. tu sens tes genoux cogner contre le sol mais t'as l'impression d'être dans un rêve ou peut-être un cauchemar, t'as la tête qui tourne un peu, t'as un sifflement qui bourdonne, qui résonne, t'entends que ça. bam. bam. bam. ton poing qui s'écrase dans son visage de gros fils de pute. c'est pas pour rien que t'as perdu ton calme non plus. c'est que t'as vu ce qu'il essayait de faire. t'as vu la caméra devant le putain de lit. t'as vu ses doigts sur le poignet d'ivy. t'as vu les genoux de ta soeur encrés au sol frotter la moquette. t'as vu son visage de grosse merde. et tu vas le défigurer. tu vas l'tuer. tu vas l'tuer. il verra plus jamais ta soeur. tu vas l'tuer.

(( ootd )) - Ivy elle est en colère, furieuse même envers lui, hors d’elle dès qu’elle pense au fait qu’il n’est pas rentré depuis des jours. Déserteur depuis cette soirée, invisible depuis ce baiser. Alors Ivy elle est aussi blessée, se déteste d’avoir été assez stupide pour croire qu’il était sincère -comment aurait-il pu l’être ? Sasha il a le monde entier à ses pieds, c’était évident pourtant qu’il n’aurait eu aucune raison de s’intéresser à elle. Oui elle n’était sans doute qu’un défi de plus, qu’un nom à ajouter à son palmarès. Et puis Ivy elle est si malheureuse, surtout. Il l’a abandonnée, il a abandonné tout le monde chez eux, n’a même pas daigné être présent pour l’anniversaire des Moon, pas un message, rien. Il s’est volatilisé comme s’il n’avait jamais été là, et la seule chose qui leur permet de confirmer qu’il a bel et bien existé, c’est ses affaires restées dans son coin de la chambre, amas de vêtements ayant si peu de valeur qu’il n’aurait eu besoin de les emporter avec lui pour refaire sa vie, loin.

Et à défaut de pouvoir extérioriser cette myriade d’émotions, Ivy elle se laisse engloutir, les laisse les contrôler, elle et ses décisions. Alors quand cet homme lui envoie un énième message demandant à la rencontrer en vrai, elle accepte. C’est une bêtise, elle le sait. Mais elle aussi a besoin d’en faire, besoin de se venger, besoin de danger pour ne plus rien ressentir d’autre que l’adrénaline de la folie. Robe si courte que ses jambes semblent interminables, lèvres peintes de rouge, Ivy elle devient la salope que Sasha pense certainement avoir manipulé. Et elle sort comme ça, claquant la porte comme un écho à ses talons hauts, avance jusqu’au point de rendez-vous. Elle a peur, ça a le mérite de la faire se sentir vivante. Il ne faut que quelques minutes pour qu’une voiture s’arrête devant elle, qu’il ne l’invite à monter. Et Ivy se fait actrice, sourit, s’installe. Ne réagit pas lorsqu’il pose sa main sur sa cuisse. Ne recule pas lorsqu’il lui dit de la suivre dans cet hôtel. Frémit à peine quand le bras qui entoure sa taille l’invite à l’intérieur de la chambre. Ils s’étaient mis d’accord pour seulement discuter. Ivy trop conne qui comprend seulement maintenant la situation dans laquelle elle se trouve.

Ivy qui panique quand les mains glissent sur son corps, et les lèvres dans son cou. Obligée de sourire malgré tout par peur des répercussions, qui s’éclipse dans la salle de bain prétextant vouloir enfiler des sous-vêtements plus appropriés à la situation. Verrou fermé, mains tremblantes qui s’emparent de son portable. Pilote automatique qui lui crie d’appeler au secours, d’appeler son frère. Larmes qui naissent déjà au coin de ses paupières, rythme cardiaque qui s’accélère, minutes qui défilent, impatience de l’autre côté de la porte martelée de coups nerveux. Excuses maladroitement proposées, Ivy qui cherche déjà un objet pour se défendre si besoin. Rien. Et à force d’être maltraité, le verrou lâche, la porte s’ouvre. Elle supplie Ivy, résiste comme elle peut, pleure aussi. C’est trop tard. Dans la panique, elle n’entend pas les coups contre l’autre porte, seulement ses propres suppliques, seulement les insultes de l’homme. Seulement cette petite voix dans sa tête qui lui dit qu’elle est foutue.

Et il lui faut plusieurs secondes pour réaliser que plus aucune main n’emprisonne son poignet, que la colère dans la voix de ce type est remplacée par la peur, par la douleur. Et elle est figée Ivy quand elle voit son frère s’acharner sur lui. Une, deux, trois, dix secondes même. Une petite éternité avant qu’elle ne se redresse. « Kiha stop ! » Parce qu’il ne s’arrêtera pas, elle le sait. Parce que même s’il se brisait toutes les phalanges contre la mâchoire de cet homme, il continuerait. Elle le repousse, fort. L’oblige à reculer, prend son visage entre ses mains pour qu’il ne regarde qu’elle, que le sang arrête de l’appeler. « Arrête, pitié arrête j’peux pas te perdre si tu l’tues » Et ah, elle qui a toujours crié haut et vouloir partir loin de lui, la peur devient sérum de vérité. Elle ne peut pas le perdre, pas son jumeau. Alors elle le serre fort contre elle, pleure devant lui pour la première fois depuis la mort de leur père. « J’suis désolée Kiha, tellement désolée »

one bad night

kiha + ivy
I'll rip your fucking face off

(( ootd )) - Ton poing n'arrête pas de cogner. Tu veux écraser sa face triomphante contre le tapis. Enfoncer son putain de crâne d'enfoiré dans le sol. Tu veux plus qu'il ait le loisir de toucher ta soeur. Plus jamais. Tu l'enverras à l'hôpital, tu le tueras s'il faut. Il la touchera plus. t'es perdu dans ton obsession, tu veux lui faire mal. Y a plus rien d'autre qui compte l'espace d'un instant. T'entends même pas que ta soeur te parle. Y a que quand tu sens ses mains sur toi que tu retiens difficilement un énième coup. Une grimace déforme tes traits mais tu te laisses trainer en arrière par la seule personne qui compte vraiment. T'as les mains pleines de sang mais tu serais incapable de dire si c'est le tien ou le sien, surement un peu des deux. tu quittes pas le visage du mec des yeux, pas avant qu'elle n'attrape tes joues entre ses mains glacées. tu détournes le regard à contre-coeur pour la regarder elle. tu avales difficilement ta salive quand tu vois les larmes sur ses joues. Tu serres les dents et c'est presque naturellement que tu l'attires contre ton coeur, qui bat trop vite. Ca te rappelle une autre vie. Quand elle te laissait encore la toucher. arrête, ivy. t'es désolée de quoi putain ? c'est lui qu'est désolé... c'est moi. qui suis désolé. t'aurais dû rouler plus vite. t'aurais dû répondre plus vite. t'aurais dû arriver plus vite. Tu te dis que si t'avais pas transgressé tes règles à la con, si t'avais pas pris la caisse pour une fois, tu serais peut-être arrivé trop tard. et putain, t'as les boules. ça t'emmerde de savoir que ta soeur peut tomber sur des enfoirés pareil à tous les coins de rue, qu'elle est perpétuellement en danger. Tu passes tes doigts tremblants dans ses cheveux. t'as peur de rien. sauf qu'il lui arrive un truc. et penser à ce que ce porc aurait pu lui faire te donne la nausée.

Faut qu'on bouge. J'crois que le mec de l'accueil va appeler les flics. Ca va aller ? Tu passes ton bras par dessus ses épaule pour la pousser vers la porte mais quand ton regard sombre descends le long de son corps, tu comprends que ça va pas l'faire. c'est quoi cette tenue ? puis putain mais qu'est-ce que t'es venue foutre ici avec ce type là ? C'est à cause de maman ? S'il te faut de la thune, dis le moi bordel. J'aurais trouvé un autre moyen. T'arraches rageusement ta veste en jean. tiens moi ça deux secondes. ton hoodie suit, tu le passes par-dessus sa tête. T'en profites pour observer son visage trop longtemps en secouant la tête et tu presses doucement tes pouces tachés sur ses joues. Tu m'refais pas ça. J'ferais quoi s'il t'arrivais vraiment un truc, hein ? Si la prochaine fois j'arrive trop tard, j'me le pardonnerai jamais, t'entends ? plus tu parles et plus ta voix meurs sous le coup de l'émotion, la fin n'est qu'un murmure entre tes lèvres. tu l'attires contre toi, trop fort cette fois. et tu profites de sa présence entre tes bras. parce que tu sais que c'est exceptionnel, que demain elle en reviendra aux insultes et toi aussi surement. Et t'espères qu'elle sait à quel point tu tiens à elle. T'espère qu'elle sait que c'est elle, la seule personne qui compte vraiment dans ta vie.

(( ootd )) - Ivy tout ce qu'elle voulait c’était se sentir vivante. Mais Ivy là tout de suite elle a seulement l’impression de mourir. Elle en a traversé des épreuves, bien trop pour son jeune âge même, mais rien ne lui a fait plus mal que ce qui se passe aujourd’hui. L’impulsivité l’a rendue idiote, la colère l’a aveuglée jusqu'à ce qu’il soit trop tard pour renoncer. La Moon a réalisé trop tard l’urgence de sa situation, n’a pas pris conscience assez vite du fait qu’elle ne pourrait ressortir indemne de cette mauvaise idée -si seulement elle s’en sortait. Parce que même lorsque son jumeau arrive, même lorsqu’il la libère de cette poigne qui lui brûle encore le poignet comme marqué au fer rouge, aucun sentiment de sécurité ne l’apaise. Non c’est même pire. Pire parce que Kiha est à présent mêlé à cette affaire, pire parce que l'impulsivité est de famille, que trop d'horreurs pourraient arriver. Et la panique réduit à néant toute la distance qu’Ivy a imposé entre eux durant toutes ses années, la terreur la pousse à parler sans filtre, sans venin qui vient cacher la vérité. Et pendant ces quelques secondes où leurs cœurs battent l’un contre l’autre, tout le reste disparaît. Elle retrouve son frère, celui disparu il y a bien trop longtemps déjà, et leur rythme cardiaque ne s’est jamais désynchronisé. Battements à l’unisson. Même lorsque Kiha s’écarte finalement, même lorsqu’il lui reproche sa tenue, son idée, même lorsqu’il parle de leur mère. Et Ivy elle ne sait pas quoi répondre, alors elle ne dit rien. Regard baissé, honte qui l’accable. Puis enfin, sentiment de sécurité quand le parfum de son jumeau l’entoure en même temps que son pull, larmes qui dévalent de plus belle ses joues au fil de ses mots. C’est la première fois qu’elle a tant l’impression de compter, d’exister. Et pour ça elle est heureuse de s’être ainsi mise en danger. C’est mal.

Mais il la serre contre lui alors plus rien d’autre ne compte. Il n’y a que lui. Il n’y a qu’eux. Elle s’accroche à lui, répète encore et encore des excuses comme une litanie, n’a plus que ce mot à la bouche. Désolée. C’est un geignement de son agresseur qui la ramène à la réalité, qui fait courir un frisson d’horreur le long de sa colonne vertébrale lorsqu’elle relève son visage et fait face à son reflet tâché de sang dans un miroir. « Mon dieu Kiha… » Elle recule, respire fort, panique. Observe mieux son frère, le sang qui le salit, qui le souille. « Non non non » Son regard termine sa course sur le visage déformé de l’homme qu’elle peine à reconnaître, nausée qui monte, terreur aussi. « Qu’est-ce qu’il va nous arriver ? Il me connait Kiha, il sait qui je suis il peut remonter jusqu’à moi, et après jusqu’à toi » C’était son erreur à elle, c’est son jumeau qui en paiera le prix fort. Ivy s’essuie nerveusement le visage, sent ses mains trembler, entend sa respiration siffler. « Faut qu’tu partes ! Va t’en je me débrouillerai, je… je trouverai quelque chose ! S’il te plait pars, t’es jamais venu ici okay ? » Parce qu’il ne mérite pas d’être condamné pour l’avoir sauvée de ses propres erreurs, parce qu’égoïstement, Ivy elle ne veut pas vivre dans un monde où il n’est pas à ses côtés. Parce qu’elle ne lui a jamais dit, mais Kiha elle l’aime. Plus que tout.

one bad night

kiha + ivy
I'll rip your fucking face off

(( ootd )) - Elle s'excuse, trop à ton goût, t'aimerais l'étouffer contre ta poitrine pour qu'elle arrête de répéter ça, putain. et quand le mec gémit, c'est vos deux regards qui sont subitement attirés vers sa gueule trop amochée. L'exclamation de ta soeur fait echo aux sentiments qui se bousculent en toi. Et tu ressens subitement l'urgence de la situation, tu sais que t'as fait le con. T'aurais pas du le frapper. Pas autant. Toute cette histoire va mal finir, tu vois même pas comment t'en sortir. mais au fond c'est pas grave. Il fallait bien que tu finisses en taule un de ces quatre avec tous les coups foireux auxquels t'étais mêlés. A choisir, tu préférais que ce soit pour ça. Les mots que prononcent Ivy sont tachés de panique, plus elle parle plus t'as envie de l'arrêter. arrête ivy. arrête. mais elle continue à débiter des conneries, comme si elle pouvait prendre pour toi. tu finis par la détacher de toi, tu poses tes mains sur ses bras pour capter son regard. tu comprends pas ivy. tu peux pas rester là toute seule. t'attends en vain qu'elle comprenne et une ombre douloureuse passe furtivement sur ton visage.

T'as pas eu besoin de réfléchir beaucoup pour évaluer la situation. le mec était riche à l'excès et vous, vous étiez des moins que rien. S'il portait plainte contre vous, vous étiez foutus. S'il portait plainte contre toi, t'irais en taule. Mais s'il portait plainte contre ivy... tu grimaces en fermant les yeux un instant avant de laisser couler les mots poison. ivy s'ils... s'ils te trouvent ici toute seule avec lui, la seule chose qu'ils vont voir c'est... c'est un mec qui a défoncé un autre mec. T'iras en taule. Et ils te mettront dans une prison pour homme. Tu inspires en levant les yeux au plafond parce que ça t'enrage d'avoir à lui dire ça. Ca t'enrage que ça soit vrai et t'as envie de chialer au fond. T'attrapes sa main et tu plantes tes clefs de voiture dedans. écoute moi bien. En bas, devant l'hôtel, y a une caisse. Tu peux pas la louper, elle est noire avec un peu de orange. Tu montes dedans et tu m'attends. Si les flics arrivent, ils vont te demander de la bouger. Je sais que tu sais pas conduire mais tu l'fais. Tu captes ? Je vais régler ça. tu la lâches. Tu recules d'un pas en sortant ton téléphone. Tu tapes un numéro, t'attends que ça sonne deux fois et tu raccroches. Elle est toujours plantée là. tu hausses le ton. fais ce que j'te dis ! Ton regard vient se reposer sur ton téléphone qui sonne. Tu remontes un regard résigné vers ta soeur, t'esquisses un sourire avant de décrocher. Tu parles pas pendant un moment. T'hésites un peu aussi. Et puis les mots tombent comme une sentence irrévocable. J'ai besoin d'une faveur. Hm. Kōshaku.

(( ootd )) - Ils ont tout traversé. Ils ont tout vécu, l’ont toujours fait ensemble. Depuis la mort de leur père, la disparition de leur mère, ils n’ont jamais eu d’autre choix que de compter l’un sur l’autre. Et même s’ils sont cinq à la maison, même s’ils sont tous unis, ce qui la lie à Kiha est plus fort que tout. Plus fort que leurs non-dits, plus fort que leur colère, plus fort que la violence de leurs mots et gestes. Elle crie haut et fort le détester, vouloir partir loin de lui et ne plus jamais le revoir, mais la vérité c’est qu’Ivy ne pourrait vivre sans son jumeau ((ne le veut même pas à vrai dire)). La situation actuelle en est la preuve, car c’est dans l’urgence et la vulnérabilité que les vrais sentiments s’éveillent, percent la carapace. C’est de lui dont elle avait besoin, c’est à lui qu’elle confierait sa vie sans la moindre hésitation.
Sans doute n’aurait-elle pas dû.
Parce qu’elle réalise Ivy, prend conscience du monstre d’égoïsme qu’elle est en l’impliquant dans tout ça. Parce que malgré ses mots si durs dans les messages qu’ils se sont échangés, il est venu pour elle. Et elle, elle le condamne.

Qu’importe s’il a frappé cet homme pour la protéger ((pour la sauver)), s’il décide de porter plainte, ça ne passera jamais en légitime défense. Parce que lui est puissant, il peut se protéger, acheter la justice. Les Moon eux n’ont rien. Aucun argent, aucune influence, c’est à peine s’ils ont des droits. Ils n’ont qu’eux-mêmes. Elle ne peut pas le perdre, bon sang pas lui. Cette simple idée la terrifie plus encore que tout ce que cet homme aurait pu lui faire, parce qu’Ivy elle fait toujours passer les autres avant elle, choisirait sans hésiter la pire des tortures pour que son frère soit épargné. Et c’est ce qu’elle propose -en quelque sorte, lorsqu’elle lui dit de s’en aller, de faire comme s’il n’était pas mêlé à cette histoire. Car après tout si son agresseur sait assez de choses sur elle pour permettre aux policiers de la retrouver, il ignore tout de Kiha, jusqu’au lien qui les unit. C’était son erreur à elle, c’est sa responsabilité d’en assumer les conséquences, de trouver une solution qui n’aura aucun impact sur son Kiha. Celui là même qui reste lucide malgré le sang, malgré la panique. Celui là qui réfléchit pour deux, parvient à capter l’attention d’Ivy, sa voix comme seul point d’ancrage au milieu de ses angoisses assourdissantes. Elle l’écoute, et chaque mot la tue un peu plus. Chaque syllabe se fait poignard dans son coeur. Et c’est à peine si elle entend le reste.

Il lui donne des directives, semble avoir un plan pour les sortir de là, mais comme au poker il ne montre pas toutes ses cartes. Et elle ne comprend pas. Ne sait pas pourquoi il lui parle de voiture, peine à deviner comment il peut prétendre être capable de régler ça en restant là, sans elle. Quand elle, elle ne veut pas être sans lui. « Non Kiha non » Elle ne veut pas. Ne peut pas. S’accroche à la main de son jumeau sans même s’inquiéter du sang qui les recouvre, secoue la tête. Ivy elle voudrait lui dire que jamais elle ne le laissera, refuser haut et fort, mais la panique la bâillonne, le choc la fait reculer lorsque son ton se fait plus autoritaire, la contraint à obéir après un dernier regard, un regard qui veut dire reviens moi, un regard qui veut dire je t’aime. Et elle sort, a l’impression de se retrouver l’instant d’après assise dans cette voiture imbibée du parfum de son frère. Elle ignore comment elle a pu dévaler les marches avec ses jambes tremblantes, comment elle a pu passer devant l’accueil sans éveiller le moindre soupçon. Elle est juste là sur le siège passager, recroquevillée, serrant fort le pull de son frère, évacuant le trop plein d’émotions à chaudes larmes. Elle a besoin de lui, répète son nom comme une litanie.
Viens me dire que tout ira bien Kiha, même si c’est un mensonge.

one bad night

kiha + ivy
I'll rip your fucking face off

(( ootd )) - Tu regardes ta soeur tourner les talons puis tu laisses éclater ton anxiété dès qu'elle a passé la porte. Tu te ronges les ongles, tu fais les cent pas devant la fenêtre. Et quand la terrifiante Bugatti noire se gare devant l'immeuble, tu commences à flipper sérieusement. Tu vérifies qu'ils ne fassent que monter, pas question qu'ils adressent la parole à Ivy. Tu finis par entendre le vacarme de ses gardes du corps et tu te fais trainer devant lui, mettre à genoux. Il aime bien regarder les gens de haut, on t'avait prévenu. Tu me dois déjà du fric. Il s'passe quoi ici ? t'as envie de répondre rien. mais c'est vraiment pas le moment de déconner. j'veux juste que vous m'aidiez à... nettoyer tout ça sans que ça me retombe dessus. et tu vois dans son sourire que t'as merdé. laisse moi résumer. tu m'appelles pour nettoyer ta merde ? tu crois que j'suis ton chien ? il va falloir te rappeler qui est le maître on dirait. et il rigole d'un rire dément. T'as l'impression d'être face au méchant dans un film. On t'avait prévenu pourtant, n'appelle jamais ce numéro. Tu sais pas à quoi tu t'attendais.

Il fait un signe de tête à l'un des gardes qui disparait et il tend la main vers l'autre. Il lui glisse une barre métallique entre les doigts et tu sais déjà ce qui t'attend. mais tu bronches pas, tu restes sagement à genoux, t'essaies même pas de te protéger. Et quand le coup trace un sillon brûlant de ta pommette à ton menton, tu vacilles sous l'agression brutale. Ton crâne heurte violemment le pied du lit et tu gémis en te prenant la tête à deux mains. pathétique. souffle le type entre ses dents. Il parle au gorille qui l'accompagne mais tu comprends rien, trop occupé à essayer de rester conscient malgré la douleur lancinante qui traverse ton crâne par vagues et le goût du sang entre tes lèvres. merde. bon alors. tu vas m'payer comment ? t'avais déjà une dette que t'arrives visiblement pas à rembourser. il tire sur tes cheveux pour te ramener au centre de la pièce. tu restes silencieux. tu peux pas payer. il fait les cent pas en faisant semblant de réfléchir. ah. tu vas courir pour moi alors. toute couleur quitte ton visage. tout sauf ça. je t'appellerai. maintenant tire toi avant que je change d'avis... ah. et la prochaine fois que t'utilises ce numéro de téléphone, tu repartiras avec une main en moins. Quel putain de taré.

Tu te relèves difficilement pour sortir de la chambre et tu descends les escaliers le plus vite possible. Tu claques la porte de la voiture, tu dis rien, tu regardes même pas ivy. Tu viens de perdre ta dignité et ta liberté en moins de quinze minutes, la seule raison pour laquelle tu te mets pas à chialer, c'est parce que tu veux pas le faire devant elle. Tu expires longuement et ça te brûle dans la gorge, dans le thorax. t'as envie de crever. Tu mets le contact et tu laisses les murmures du moteur se changer en rugissements sous tes doigts. Aucune envie de passer une seconde de plus dans cet endroit. Tu roules en silence un instant, juste le temps de sortir de la rue avant d'effleurer la cuisse d'ivy de la paume de la main. ca va ? et t'espères qu'elle peut pas entendre ta voix tremblante, parce que tu sais qu'elle peut voir la longue trace rouge sur ta joue, ta lèvre éclatée et tes yeux brillants.

(( ootd )) - Les secondes se transforment en minutes, course effrénée du temps qui n’est plus qu’une notion abstraite pour Ivy. Un instant, le temps passé depuis qu’elle est dans cette voiture semble n’avoir duré que le temps d’un battement de cils, et juste après elle semble convaincue d’être seule ici depuis des heures. Et jamais elle ne s’était sentie aussi vulnérable, apparence de princesse de glace qui se brise. Ses jambes tremblent trop nerveusement, ses ongles s’enfoncent trop fort dans la paume de ses mains, ses sanglots secouent fort son corps, ses larmes ne cessent jamais de couler. Elle sent encore la main de cet homme autour de son poignet comme marqué au fer rouge, elle entend encore sa voix, ses mots crus, puis ses cris de détresse, lorsqu’il est arrivé. Kiha. Et maintenant il n’est pas là. Plus là. Où est-il déjà ? Sa sœur n’en est plus certaine. S'interdit d’y réfléchir : la réponse pourrait être pire que l’ignorance. Tout ce qu’elle sait c’est qu’il n’est pas là où elle rêverait de le voir, là tout près d’elle, là à la serrer si fort contre lui qu’il en étoufferait tous les mauvais souvenirs. Alors elle rabat la capuche sur ses cheveux tâchés de mille paillettes de sang pour se cacher, pour se sentir enveloppée aussi, entourée de son parfum réconfortant. Elle attend une petite éternité, ne sait que faire hormis répéter encore et encore son nom, comme une invocation, comme une prière. Les sanglots se taisent progressivement, plus assez d’énergie pour qu’elle ne puisse encore pleurer.

Et Ivy elle ne saurait dire combien de temps s’est écoulé avant qu’il ne rentre à son tour dans la voiture sans un mot, la fasse sursauter. Elle a envie de le prendre dans ses bras, reste pourtant immobile, le regard dans le vide lorsqu'il démarre. C’est cette main contre sa cuisse qui la sort de son inertie, et dans un réflexe mécanique sa jambe s’écarte, fuit ce contact qui fait trop écho à la main de cet homme qui elle aussi a couru sur sa jambe, peu de temps avant. La question de son jumeau n’obtient aucune réponse, c’est le silence qui envahit l’espace pendant plusieurs secondes. Jusque là. « Gare toi » C’est à peine murmuré, demande inaudible qu’elle réitère alors un peu plus fort. « Kiha gare toi, s’il te plait » Elle doit lui parler, doit se libérer de tout ça, sait qu’il serait trop dangereux de le laisser entendre ses mots pendant qu’il conduit. Alors elle attend qu’il trouve un endroit où se garer, sent sa gorge se compresser lorsqu’il coupe le contact, attend sans doute qu’elle prenne la parole.

Ivy essuie ses yeux, replie ses jambes contre son buste, regard rivé vers le bas. Puis lâche la bombe. « Je savais que ça allait mal se passer. Tout à l’heure t’as demandé pourquoi j’étais là bas avec lui… c’était pas pour l’argent. » Ça n’a jamais été le cas. Et parler devient douloureux tant le chagrin prend sa gorge en étau, fait trembler sa voix. « Je voulais me mettre en danger, je voulais… je sais pas. Souffrir assez pour que tout le reste, tout ce qui me fait mal me paraisse insignifiant à côté. » Une pause. «Maman, et Sasha et… toi. J’voulais que tu me vois. J’voulais avoir de la valeur à tes yeux, à vos yeux à tous. » Ridicule, pitoyable. Et plus que jamais elle se déteste Ivy. « Et peut-être que s’il m’arrivait quelque chose, là j’serai pas invisible pour vous. Peut-être que si on me faisait du mal, ça vous affecterait au moins un peu, et enfin j’existerais pour vous. » Elle a si honte, se cache le visage entre ses mains, laisse ses sanglots reprendre de leur fougue. « Ça fait trop mal d’être seule Kiha, beaucoup trop mal »

one bad night

kiha + ivy
I'll rip your fucking face off

(( ootd )) - Elle écarte vivement sa jambe, tu sais que ça devrait pas, mais ça te blesse. Tu reportes ton attention sur la route. C'est normal au fond, qu'elle veuille pas que quelqu'un la touche vu ce qu'elle vient de vivre, pas vrai ? Mais c'est toi. Elle répond pas à ta question alors t'arrêtes de parler. Si t'avais envie de chialer avant, maintenant c'est pire. Tu serres les dents dans l'espoir que le noeud dans ta gorge disparaisse et genre vite. C'est la pire journée de ta vie c'est sûr. Tout va de travers. Pas qu'aujourd'hui en fait. C'est tout le mois, toute l'année, toute ta vie peut-être. Puis elle marmonne un truc, si bas que t'entends pas. Mais tu glisses les yeux vers elle. Elle se répète sans que t'aies à le demander. Tu prends une inspiration douloureuse, tu sais pas pourquoi elle veut que tu te gares. T'espères juste que c'est pas pour descendre de la voiture et rentrer à pieds parce que sinon t'allais finir au fond d'un ravin. T'avais plus la force de supporter quoi que ce soit. Comme si le poids reposant sur tes épaules depuis des années finissait enfin par devenir trop lourd pour toi. Comme si tu te rendais enfin compte que tu pourrais rien obtenir de plus, que tout irait toujours de travers pour toi.

Tu mets ton clignotant et tu t'arrêtes sur le côté de la route. Tu serres doucement le frein à main presque à contre-coeur et tu gardes les yeux fixés devant toi un moment. Et pendant quelques secondes, tu penses vraiment qu'Ivy va se barrer. Comme ton père. Comme ta mère. Comme Sasha. Mais elle prend la parole et tu fronces les sourcils. Quoi ? tu dis d'une voix sourde. Tu cherches son regard mais elle te fuit. Pourquoi ? Tu souffles. Tu comprends pas. T'es mortifié. Parce qu'elle sait pas ce que tu viens de donner pour sa dose d'adrénaline du jour. Elle sait rien de ce que t'as dû faire pour elle ce soir. Plus elle parle et plus la douleur se peint sur ton visage. Ivy... T'as l'impression de plus avoir de souffle, c'est surement parce que ton coeur se brise avec chaque mot qu'elle prononce. Comment elle avait pu croire une seule seconde qu'elle avait pas d'importance pour toi ? Que tu la voyais pas, toi qui gardais les yeux braqués sur elle en permanence. Toi qui pensais à elle à chaque instant, qui pouvais pas s'empêcher de comparer toutes les filles que tu rencontrais avec elle. Tu fermes les yeux trop fort en sentant une larme rouler sur ta joue et tu détournes ton visage. Il faut que tu sortes.

Tu claques la portière derrière toi et tu t'accroupis un instant pour pleurer. Tu t'abandonnes aux sanglots terribles que tu retiens depuis trop longtemps. Tu penses pas t'être senti aussi mal depuis que ton père est décédé. T'as l'impression que l'histoire se répète, t'es jamais là pour personne Kiha. Mais Ivy elle est toujours là, pas vrai ? Tu te relèves difficilement et tu fais le tour de la voiture pour ouvrir sa portière. Tu la tires à l'extérieur, tu la serres contre toi. J'suis désolé Ivy. Je t'ai toujours vue. T'es pas invisible. Tu pleures toujours mais c'est le cadet de tes soucis qu'elle te voit comme ça. A force de tout garder pour toi, tu finis par étouffer. Et quand le vase déborde, c'est impossible de l'arrêter. Impossible de te détacher de ta soeur, impossible de cesser de pleurer. Impossible de parler. T'es pas seule. Voix entrecoupée, brisée. Ou peut-être que c'est toi, qui est brisé. Et peut-être qu'au moindre coup de vent, tu finirais en miettes. Alors tu t'accroches à Ivy comme si elle seule pouvait te sauver. Elle n'a aucune idée de ce que tu donnerais pour elle. Parce que c'est pour elle que tu vis toujours. Elle est ton unique raison de vivre.

(( ootd )) - Ivy elle ne se souvient que de peu de choses de l’éducation apportée par ses parents. Elle était trop jeune, trop détachée pour ne serait-ce qu’essayer de retenir leurs mots à l’époque, sans jamais se douter de leur valeur, sans imaginer qu’ils seraient les seuls souvenirs qu’elle aurait d’eux, quelques années plus tard. Un des rares conseils fournis par sa mère qui résonne encore et toujours dans sa tête, c’est que chaque acte a des conséquences, que l’on a d’autre choix que de les affronter, de les subir parfois. Un peu comme maintenant. L’impulsivité a toujours coulé à flot dans les gênes de la famille, eux qui ont tant l’habitude d’agir bien avant toute réflexion, eux qui n’ont jamais pris la peine d’être rationnels. Et ah, peut-être que cette fois elle saura retenir la leçon. Peut-être qu’après tout ce qui vient de se passer, elle n’osera plus jamais rien faire sans avoir évalué les conséquences en amont. Ou peut-être pas, on ne se refait pas après tout. Elle revoit encore les mains de cet homme sur son corps, elle revoit son sourire mauvais, revoit surtout son frère qui contre toute attente avec venu pour elle, pour la sauver, elle se remémore les coups, le sang, le danger face auquel il s’est mis comme des flashs incessants qui n’ont pour but que de la culpabiliser plus encore. Kiha aurait pu être blessé, il aurait pu être attrapé par la police, condamné, ou même mort si cet homme avait su se défendre. Et tout était de sa faute à elle. Poison qui ne porte que trop bien son nom, maudite, condamnée à faire souffrir ceux qu’elle aime, encore et toujours.
Elle lui doit au moins d’être sincère.

Alors elle parle finalement Ivy, lui livre toute la vérité, tout ce qu’elle ressent. Et elle le sait, chaque mot prononcé qui lui crève le cœur en fait de même à celui de son jumeau. Avouer tout haut ce qu’elle a toujours pensé tout bas, ça la tue. Oui elle meurt de honte, de culpabilité aussi. Ridicule, pitoyable. C’est ce qu’elle a toujours été après tout, un boulet accroché à la cheville de Kiha, de tous les autres membres de leur famille là bas, à leur colocation. Derrière son regard fier, derrière son rictus de reine intouchable, elle s’est toujours détestée, et aujourd’hui ce sentiment est décuplé. Parce qu’elle réalise enfin pleinement l’horreur de ce qu’elle est. Elle prend conscience du monstre d’égoïsme qui se cachait derrière tout son altruisme dont elle doute même de la véracité aujourd’hui. Comment pourrait-elle être une bonne personne, alors même qu’elle a décidé de volontairement se mettre en danger ? Alors que les retombées et conséquences s'abattent sur son jumeau plutôt que sur elle ? Comment pourrait-elle prétendre être une soeur digne de ce nom, alors même qu’elle avoue avoir voulu qu’il s’inquiète pour elle, qu’il souffre pour elle ? Ivy ne le mérite pas. Elle ne mérite pas qu’il ait fait tout ça pour elle aujourd’hui. Non à l’inverse, elle méritait qu’il la traite mal durant tout ce temps, méritait d’être aussi seule. Plus que jamais elle ne mérite aucune présence.

Et quand Kiha sort de la voiture, elle ne peut le retenir. Parce qu’elle le mérite, qu’il l’abandonne, qu’il la laisse seule, qu’il la chasse même, la foute à la porte. Ça fait horriblement mal, mais elle l’accepte. Reste figée sur le fauteuil, tente vainement de stopper ses sanglots. Car ce soir ce n’est pas elle la victime, elle n’a pas le droit de pleurer, seulement le droit de subir. Mais même ça, elle en est incapable. Parce qu’elle redoute ce qu’il va lui dire, sursaute lorsqu’il ouvre la portière, la tire hors du véhicule. Elle ne peut que fermer les yeux, se crisper en attendant le coup. Parce que la colère de son frère, elle est justifiée. Alors qu’il l’a frappe l’est aussi. Mais au lieu de ça il la serre contre lui. Il l’enlace avec tant de force, tant d’amour, et il s’excuse. Pourquoi il s’excuse ? « Kiha » Elle le voit, à quel point il souffre. Elle ressent tous les soubresauts de son corps secoué par les sanglots, elle entend la peine dans sa voix, et bon sang qu’elle s’en veut. Ne peut que pleurer de concert avec lui, répéter encore et encore qu’elle est désolée pendant ce qui semble être une petite éternité. Elle s’accroche fort, dessine des arabesques du bout du doigt dans la nuque de son frère comme elle le faisait lorsqu’ils n’étaient que des enfants, geste qu’elle n’a jamais voulu oublier. Et elle attend de se calmer, qu’il se calme aussi pour à peine desserrer son étreinte, pouvoir le regarder en face. « Je t’aime Kiha, j’veux plus vivre sans toi » Car ils ont beau partager un toit, pour Ivy c’est comme si elle l’avait perdu il y a des années de ça. « Mais… » Elle baisse les yeux, rentre sa tête dans ses épaules. Maman avait raison, il faut assumer les conséquences de ses actes. « T’as le droit de me jeter dehors, c’est légitime. Et de me détester, et de plus jamais vouloir me voir, tu… t’as juste à me le dire et je m’en irai, j’te causerai plus jamais de problèmes. » Elle le regarde une dernière fois, lui essuie ses larmes. « Je t’ai fait assez de mal comme ça, pas vrai ? Désolée de toujours t’avoir blâmé pour tout, rien n’a jamais été de ta faute. Faut que tu t’en sortes d’accord ? T’as toujours été la meilleure personne de cette famille, sois heureux tu le mérite »