one bad night ( i v y )

one bad night

kiha + ivy
I'll rip your fucking face off

(( ootd )) - Ton nom est prononcé avant qu'elle ne se mette à pleurer de concert avec toi. Tu voudrais t'arrêter, tu donnerais tout pour arrêter ça. Tu veux pas qu'elle pleure Ivy, pas elle. T'enfouis ton visage dans ses cheveux, son parfum te rappelle la maison. C'est elle, ton chez toi. Pas Tokyo, pas un appart. C'est Ivy. Elle s'excuse, tellement de fois que t'arrêtes de compter et c'est ses doigts contre ta nuque qui te calment sans que tu t'en rendes compte. T'es presque surpris de plus t'entendre pleurer. Presque surpris de plus avoir de larmes à verser, tu te retrouves un peu vide et désorienté. Qu'est-ce que tu fous, Kiha ? T'aurais dû la ramener à la maison, prendre soin d'elle. Qu'est-ce que tu fous à chialer sur le bord de la route. Elle s'écarte légèrement mais tu refuses de desserrer totalement ton étreinte. Vous étiez bien là, non ? Même si c'était le milieu de la nuit, au bord d'une route. Ses mots te laissent sans voix. T'avais jamais réalisé qu'elle voyait les choses comme ça. Bien sûr, qu'elle te manquait. La complicité que vous aviez il y a des années te manquait, tout savoir d'elle et qu'elle sache tout de toi. Oui. Ca te manquait.

Tu passes ta langue le long de l'arrête de tes dents. Elle t'aime, Kiha. Toi aussi tu l'aimes, plus que ce qu'elle imagine, plus que tu pourrais le dire. Et d'ailleurs, t'arrives pas à le dire. Ces deux mots si facile à prononcer et pourtant si compliqués à offrir. Tu mords ta langue jusqu'à sentir le goût du sang dans ta bouche, comme si tu l'avais pas déjà assez goûté ce soir. Tu fronces les sourcils et tu secoues la tête, tu laisses tes mains glisser jusqu'à sa taille, t'es fatigué. Qu'est-ce que tu racontes... Tu lâches un rire-sanglot. Tu souffles en levant les yeux au ciel. T'as la gorge serrée, tu t'efforces de retenir des larmes, encore. Tu pleures jamais pourtant. Aujourd'hui tu voudrais faire que ça. Ta voix est trop basse, trop douce, tu te sens pas capable de parler fort. Pourquoi je te jeterais dehors, pour aller où ? ivy... tu comprends pas. Tu reposes les yeux sur son visage similaire au tien. Ton double. je te détesterai jamais. et puis. qu'est-ce que j'ferais tout seul ? ta voix meurt doucement. t'esquisses un sourire douloureux quand elle passe ses doigts sur tes joues. t'es tout ce que j'ai, ivy... comment je pourrais être heureux sans toi ? Et à chaque fois que tu prononces son prénom, ta voix se teinte de la couleur de l'amour. Comment elle pourrait ne pas savoir à quel point elle compte ? T'ouvres la bouche pour en dire plus mais tu la refermes rapidement faute d'avoir les mots. Elle se trompe. Tout est de ta faute. Et t'es loin d'être la meilleure personne de cette famille. Tu fais tâche à côté d'elle.

Tu finis par laisser tes mains glisser, tu la relâches de ton emprise, tu soupires. remonte, tu vas avoir froid. t'attends qu'elle s'exécute avant de passer une main sur ton visage. t'aimerais hurler dans la nuit. tout va de travers. tout. la seule chose que tu voudrais c'est que la vie vous laisse un instant de répit, qu'elle soit heureuse. Voilà ce que tu voulais. La voir sourire, pas pleurer. Tu donnes un coup de pied dans le vide avant de retourner t'asseoir à la place du conducteur. tu glisses tes mains sur le volant mais t'allumes pas le moteur tout de suite. T'as même pas envie de rentrer. T'appuies ta tête contre tes mains juste une seconde. tu le referas pas, hein ? Jure le. Tu lui tends ton petit doigt. Tu voulais plus qu'elle se mette en danger pour que tu la vois. Tu la regardes dans les yeux un instant. Et si... Non. C'est une idée de taré, une idée stupide, pas vrai ? Si on partait ? On pourrait juste... S'en aller. Là, maintenant. Quitter Tokyo, quitter vos vies, vos identités, vous reconstruire. Ailleurs. Dans un endroit plus beau, moins dur où tout serait plus facile.

(( ootd )) - Leur problème c’est qu’ils ne savent pas communiquer. De manière générale déjà, mais entre eux surtout. Depuis combien d’années ne se sont-ils pas confiés l’un à l’autre ? L’ont-ils déjà fait ne serait-ce qu’une seule fois ? Plus le temps passe et plus Ivy en doute. Ils n’ont de famille que le nom, n’ont jamais su se comporter comme tel, l’un comme l’autre. Et ce n’est pas de leur faute, pas entièrement du moins. Pas de leur faute s’ils ont été confrontés trop jeunes à la survie plutôt qu’à la vie, s’ils n’ont jamais eu l’occasion d’apprendre ce que c’est vraiment, une famille. Pas de parents, pas de cadre dans lequel s’épanouir, aucun équilibre. Seulement cette peine devenue rancoeur puis changée en colère, seulement des sentiments qu’ils n’ont jamais su maîtriser, n’ont jamais appris à exprimer. Et elle, c’est au travers d’un ressentiment rageur envers son frère jumeau qu’elle a appris à l'extérioriser. L’impression que tout était de sa faute à lui, accusations répétitives, reproches qui fusent. Fond de vérité aussi, toutes ces fois où elle lui hurlait qu’il n’était jamais là pour elle -c’était son impression en tout cas. Depuis le décès de leur père jusqu’à sa transition en passant par les brimades, les faux papiers pour vendre l’image de son corps, attiser le désir d’hommes bien trop vieux pour elle, qui pensent que leur argent peut suffire à ce qu’ils l’achète comme une vulgaire propriété.

Oui Ivy elle se souvient de ses rendez-vous à l’hôpital pour ses chirurgies. Elle se souvient de ses réveils seule, de devoir rentrer à l’appartement, encore sonnée par l’anesthésie, sans personne pour l’accompagner, la protéger dans les transports en commun. Elle lui en a tant voulu pour ça, et pourtant aujourd’hui elle réalise, prend conscience que la faute est partagée. Parce qu’elle ne l’a jamais prévenu avant ses opérations, ne lui a jamais demandé d’être là. Elle ne lui a jamais donné l’impression qu’elle avait besoin de lui -qu’elle voulait de lui. Et qui sait, peut-être que Kiha a traversé exactement la même chose. Peut-être qu’il attendait qu’elle soit là, qu’elle lui prenne la main, mais qu’il ne l’a jamais montré. Mais la prise de conscience est tardive, le mal est fait d’un côté comme de l’autre. Ils les ont déjà vécu, ces situations où ils étaient seuls par manque de communication, à cause de ce besoin viscéral de ne pas se montrer vulnérable. C’est trop tard.
Trop tard. Trop tard.
Ivy elle a tout gâché ce soir.

Alors elle ne peut que s’excuser, l’observer comme si c’était la dernière fois. Parce que c’est le cas. Il va la chasser de sa vie, en a légitimement le droit après tout ce qui s’est passé. Elle mourrait d’être loin de son jumeau, et qu’il en soit ainsi. Et il y a cette réponse. Il y a ces mots. Chargés de douleur, de tendresse aussi. Sans filtre. Syllabes qui se font à la fois salvatrices et assassines. Ivy elle ne mérite pas cet amour, elle ne mérite pas ce pardon. Oui elle devrait tourner les talons, s’en aller, partir loin jusqu’à disparaître pour le bien de son frère. Mais elle en est incapable. On dit que les jumeaux ont une connexion inexpliquée. C’est leur cas. Il est bien plus qu’un frère, au-delà même du statut de moitié. Il est toute sa vie. Alors égoïstement elle ne peut s’éloigner. Douleur qu’elle garde sous silence lorsque ses mains la libèrent, qu’il brise totalement le contact. Mots qui continuent de résonner dans sa tête. « Kiha… » Elle veut parler, lui dire qu’il pourrait avoir l’univers tout entier, que son bonheur elle l’entâche, mais aucun mot ne sort. Alors elle l’écoute, retourne dans la voiture, l’attend en silence, observe son petit doigt tendu lorsqu’il lui demande de faire cette promesse avant de le nouer au sien après un instant d’hésitation. « Juré » Mais les mots qui suivent lui tirent un rire nerveux. « Dis pas n’importe quoi. » Partir où ? Pour faire quoi ? Ils ne peuvent fuir leurs problèmes. Et pourtant. Pourtant sa main cherche celle de son jumeau qu’elle serre doucement. « Ouais. Partons. » N’importe où. Là où ils pourront hurler leur peine, là où ils pourront pleurer, parler, se taire. Peu importe. Tant qu’ils sont ensemble. « Emmène moi loin Kiha » Il le sait, ce qu’elle veut dire. Qu’elle n’a pas d’idée de destination précise. Et elle ne reprend la parole que lorsqu’il démarre, roule un peu. « Tu te souviens de notre premier noël, juste tous les deux ? Avant l’arrivée des autres. Je m’en voulais tellement de pas avoir pu t’offrir mieux que ces gants même pas chauds. J’aurais dû revendre des trucs pour t’en acheter des meilleurs, ou même t’en racheter depuis. »