love poem ( i v y )

love poem

Kiha & Ivy
i hope it reaches you before it's too late

Ta main dans l'encadrement de la porte, tu croises le regard de Nana. Une ombre horrifiée passe sur ton visage avant que tu ne te jette sur elle. La poussière te fait tousser douloureusement, te brûle les yeux, ton dos meurtri serait probablement zebré d'ecchymoses mais tu vas bien. Tu hisses ton corps à la force de tes bras, faisant tomber les décombres partout. T'y vois flou, tu comprends pas tout de suite pourquoi, pas avant de passer tes doigts dessus. c'est froid, mouillé. Vermeil. Merde. Tu tousses encore en te relevant difficilement, tu pousses Nana vers la sortie. Ivy ?? Tu hurles son nom, tu la retrouve vite, passes tes mains sales sur ses joues. t'as rien. tu la pousses vers la sortie. Une main dans le dos des des deux filles, tu essaies de t'échapper. vite, vite. Nana... Un crac sonore et ton coeur fait un bond dans ta poitrine. Un cri rauque passe la frontière de tes lèvres. Tu pousses si fort dans le dos des filles qu'elles vacillent toutes les deux près de la porte. Nana rattrape ivy et tu tombes. Tes mains cherchent désespérément quelque chose à quoi te raccrocher, n'importe quoi. Tes membres ne trouvent que le vide, le balaient avec force. Pitié. Qu'on ne t'oblige pas à mourir devant ses yeux. Et ton regard croise le sien, un frisson parcourt ton épiderme. Pas ça. Elle tend la main vers toi mais c'est déjà trop tard.

Le choc te coupe le souffle. Ton poing s'écrase contre le carrelage abimé. Tu es vivant. Tu t'étouffes, tente de reprendre ton souffle. Tu rampes vers la porte. Ta voix meurt sous la douleur que te cause chaque inspiration et pourtant tu force la beuglante. Nana ! Sors là d'ici ! Tes doigts s'enroulent autour d'un barreau en fer. Deux étages à descendre dans cet enfer. Tu t'arrêtes un instant pour reprendre ton souffle adossé à la rambarde mais les filles te rejoignent presque instantanément. J'ai rien. Elles t'aident à te relever et à descendre les deux étages qui vous séparent de la terre ferme. Courrez. T'attrapes leurs mains et tu fais un effort titanesque pour animer tes jambes. Run. Juste à temps pour voir le bâtiment s'effondrer, le bruit monstrueux t'arrête net. Tu te retournes pour poser ton regard blessé sur l'endroit où tu avais passé plus de la moitié de ta vie. Un vent poussiéreux te balaie violemment le visage. Non... Tu souffles. Tes genoux rejoignent le sol. Quand tu pensais que tout pouvait s'arranger, ça ne faisait toujours qu'empirer. Les tremblements se calment, pas ton coeur. Tu serres les dents à t'en faire mal à la mâchoire. T'as envie de pleurer, si fort. Le dernier endroit où tu avais vécu avec tes parents, le dernier endroit où tu avais vu ton père sourire, l'intégralité de tes possessions envolés. Tu enfouis ton visage dans tes mains. Pleure pas, Kiha. Personne veut te voir pleurer, pas maintenant. C'est toi, le pilier de la famille. Tes doigts retournent frotter contre le sol, tu lèves les yeux vers le ciel aussi sombre que ton humeur.

Et puis, on vous emmène tous les trois vers un bâtiment, tu suis sans broncher, comme un fantôme. Vide. T'as envie de te flinguer. Tu prends le soin de laisser ton bras en travers des épaules d'Ivy pour la protéger du froid du mieux que tu le peux. Et pour sentir sa chaleur près de toi. Ca sent le parquet ciré dans le gymnase, il fait chaud, ils ont allumé les chauffages. Les gens bavardent doucement et on vous assigne un coin où vous pourrez vous reposer. Tu finis par passer ta langue sur tes lèvres pour remercier une femme qui t'offre un verre d'eau. Tu refuses catégoriquement de lâcher Ivy, tu gardes son dos plaqué contre ta poitrine, tes bras verrouillés autour de la sienne. T'as tout perdu, tout sauf elle. Et bien sûr Nana est là aussi. Elle a protégé Ivy quand t'étais pas capable de le faire, tu lui dois tout. merci. Mot sincère prononcé avec ton regard dans le sien. On vous dit que vous allez pouvoir avoir à manger, que vous avez juste à aller vous servir en fait, alors vous vous levez mais tu te figes instantanément en reconnaissant un visage familier.

Fantôme. Ombre du passé revenue te hanter. T'y crois pas. Tu nages en plein délire, c'est sûr. Tu esquisses un pas vers elle avant de t'arrêter. Elle t'a vu aussi. Vous restez comme ça un instant, regard surpris dans regard mortifié. Aucun de vous deux ne semble près à faire le premier pas. En fait, tu hésites même à lui tourner le dos, à faire comme si tu ne l'avais pas reconnue, pas vue. Mais le mot sort d'entre tes lèvres malgré toi. eomma. Comme si la journée n'avait pas été assez éprouvante pour tout le monde, il avait fallu que la vie en rajoute une couche, le coup de grâce.

Elle n’a pas dit un mot depuis qu’ils sont arrivés au gymnase. Ivy silencieuse, Ivy à peine présente. Elle a suivi les instructions mécaniquement, comme un automate sans âme, pendant que d’une main elle serrait celle de son frère, et que de l’autre elle portait le sac dans lequel elle avait réussi à mettre leur chat à la dernière seconde avant de quitter leur appartement. Celui qui à présent n’existe plus. Et c’est parce que les images de ces horribles souvenirs défilent en boucle qu’elle est ainsi déconnectée de la réalité. Parce qu’elle se rappelle parfaitement de la sensation de la terre qui tremble sous leurs pieds, de la terreur et de l’angoisse que les secousses ont créé. Oui il n’y a que quelques minutes encore, elle avait eu peur de mourir. Et puis surtout elle a eu peur de perdre son frère, son jumeau si cher à son cœur. Plus important que tout le monde, plus important qu’elle-même. Elle revoit encore avec effroi l’instant où le sol du salon s’est ouvert sous ses pieds, cet instant très précis où la peur était plus forte que tout, où son cœur s’est arrêté -et elle n’est pas vraiment certaine qu’il a repris sa course depuis. Elle se souvient de son cri, du tremblement de ses jambes, de cette sensation qui a broyé si fort tous ses organes. Mais il est vivant. Kiha est vivant. Elle le sait, ne cesse de serrer sa main pour s’en assurer, attentive à ses mots, ses mouvements, sa respiration.

Il est vivant et pourtant elle ne peut s’ôter cette scène de son esprit. Celle-là, mais aussi celle de l’immeuble qui s’écroule juste après qu’ils aient réussi à s’en échapper. Ils n’ont jamais eu beaucoup de possessions, se contentaient du strict minimum dans ce minuscule appartement mal entretenu. Ils n’avaient rien mais c’était leur chez eux, chargé de souvenirs de leurs parents, symbole aussi de leur survie jusque là. Oui au moins ils avaient un toit au-dessus de leurs têtes. Maintenant ils n’ont plus rien. Plus la moindre possession, plus d’endroit où vivre. Plus rien du tout. Et c’est toutes ces choses qui expliquent l’état actuel d’Ivy, son silence et le tremblement nerveux de ses mains. Pour ce soir ils sont à l'abri, mais où iront-ils ensuite ? Peut-être qu’au final, ce tremblement de terre aurait dû l’emporter dans son sillon. Peut-être que la mort vaudrait mieux que cette vie qui ne fait que devenir plus difficile chaque jour. Mais elle est vivante. Nana aussi, Kkamnol aussi. Kiha aussi. Alors elle suit ce dernier lorsqu’il se lève pour aller chercher à manger, confie le chat à son amie et avance toujours aussi mécaniquement. Jusqu’à ce mot. Ces deux minuscules syllabes qui la sortent brusquement de son état second. Regard qui suit celui de son jumeau, se pose sur la silhouette qu’elle n’a pas vu depuis si longtemps, qu’elle reconnaît pourtant parfaitement.

Elle a maigri, quelques rides contrastent son visage, mais c’est toujours la même. « Maman… » Et elle ne réfléchit pas Ivy, se précipite vers elle qui semblait sur le point de sortir du gymnase, la serre dans ses bras en laissant enfin toutes ses larmes couler. Oh oui elle l’a tant insulté ces dernières années, tant détestée aussi. Sans jamais avoir pu cesser de l’aimer. Parce que de la famille ils n’en ont pas, alors le peu qu’ils ont elle s’y accroche. Mais ah, sa mère ne lui rend pas son étreinte. Au contraire même, elle la repousse. « Lâchez-moi. » Et la camgirl relève un regard perdu vers elle. Pourquoi ? Le choc l’empêche de réfléchir. De réagir aussi, lorsque la femme face à elle la contourne pour s’approcher de Kiha. « C’est ta copine ? Pourquoi elle m’appelle comme ça ? » Et tout lui revient d’un coup. Elle ignore que Kinam est devenue Ivy. Elle ignore qu’elle a une fille. Ivy n’existe pas à ses yeux. « Non non, maman c’est moi… » Et celle dont elle réclame l’attention ne lui offre même pas un regard. Coup d'œil vers son frère, détresse évidente. La Moon qui tombe définitivement au fond du gouffre. Rêve de fuir loin, très loin. Figée sur place par la douleur cependant. Et ce n'est pas l'air glacial qui lui tire cet horrible frisson.

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Kiha & Ivy
i hope it reaches you before it's too late

Elle a changé un peu, ta mère. Pas tant que ça, pas assez pour t'empêcher de la reconnaître. Tu réfléchis pas quand tu prononces les deux syllabes qui sonnent encore trop familières à ton goût. Y a que quand le mot que prononce Ivy fait écho au tien que tu percutes. Elle devrait pas être ici, vous devriez pas la revoir. C'est une erreur, t'aurais dû rien dire. Ivy... Attends ! Tu tends la main pour la rattraper, tu cours à sa suite mais elle est trop vive, elle se glisse déjà dehors et tu la retrouves dans les bras de ta mère. Ta mère qui te renvoie un regard choqué, interrogateur. Et tu sens ton coeur se briser dans ta poitrine lorsqu'elle prononce les mots assassins. Tu serres les dents quand elle repousse Ivy, la laisse de côté pour venir te voir. Tes yeux s'emplissent de larmes. T'esquisses un sourire douloureux quand elle t'attrape le bras. Maman... C'est ta fille. Ivy. Une mère devrait être capable de reconnaître son enfant pas vrai ? Et tu sens, au silence pesant qui s'installe entre vous, à son regard qui reste planté dans le tien, tu sens qu'elle a compris. Tu sais qu'elle sait. Le silence s'éternise et ton sourire s'efface doucement. Mais Kiha, j'ai pas de fille. Où est Kinam ? L'horreur se peint sur tes traits. Et tu comprends pas, tu comprends pas comment on peut être aussi insensible. Comment elle peut dire ça devant toi, devant Ivy. Comment elle peut sciemment faire du mal à la personne qui compte le plus au monde pour toi. T'oses pas tourner le regard vers ta soeur, tu gardes tes yeux blessés rivés sur le visage de ta mère et t'essaies de retenir la vague de colère qui renverse tout sur son passage. T'essaies de retenir les larmes de rage qui remplissent tes yeux. T'essaies de retenir l'amas de merde qu'elle a mit sur ton chemin pendant toutes ses années, le mal qu'elle vous a fait à tous les deux et qu'elle continue à vous faire.

Le coup de poing part tout seul. Net et précis, assez fort pour assommer un buffle parce que tu retiens pas ta force, pas cette fois. Et tu te mets à pleurer. Devant les regards choqués de ta mère et ta soeur. Pourquoi t'es comme ça ? Pourquoi... ? Tu grimaces pour tenter d'effacer tes larmes. Péché. T'avais frappé ta propre mère. T'avais frappé ta mère comme si c'était pas une femme. Une femme trop âgée pour ces conneries. Tu reprends difficilement ta respiration. Tu t'es jamais soucié de nous. Jamais. Tout ce que t'as toujours su nous faire c'est du mal. Et ben... Tu sais quoi ? T'as plus de fils, voilà. T'as plus de fils. Tu fais quelques pas en arrière avant de tourner ton regard plein de larmes vers Ivy. Et t'espères qu'elle sait. Que t'aurais jamais frappé ta mère. Que c'était pas ce que tu voulais, que t'as envie de crever. Et tu te mets à sangloter. Ta main passe nerveusement sur ton crâne. Qu'est-ce que t'as fait, Kiha ? Tu peux pas t'excuser, t'es pas désolé. Tu peux pas l'aider parce que c'est toi qui l'a mise à terre. Y a qu'à Ivy que tu renvoies un regard désolé.

Tout ce qu’elle voulait Ivy, c’était du réconfort. Tout ce qu’elle réclamait, c’était qu’une putain de minute de paix, un trève d’un instant. Un calme même éphémère dans la tempête qui secoue constamment sa vie. Aujourd’hui était l’épreuve de trop, la limite franchie de ce qu’elle peut supporter. Pourtant beaucoup d’horreurs lui ont barré la route, bien trop de moments difficiles l’ont mise à terre, mais les événements du jour ont quelque chose de plus cruel encore. Torture ironique. Elle a perdu tant de choses, tant de gens tout au long de sa vie, si bien que tout ce qui restait à la coréenne, c’était son frère et son toit. Et le destin s’est chargé de lui arracher même ça. Appartement effondré, écrasant sous ses ruines ses rares possessions, jumeau qui a survécu par le plus grand des miracles, si bien qu’elle peine encore à croire qu’il soit vraiment là, avec elle. Et dans ce chaos, leur mère aurait dû être son ancre, oui elle aurait dû être la bonne nouvelle, le soutien. C’est ce qu’Ivy espérait lorsqu’elle s’est jetée dans ses bras sans réfléchir, sans penser à la situation. Qu’importe si elle avait été absente toutes ces années, si elle les avait abandonnés, laissés derrière elle comme un mauvais souvenir. Qu’importe aussi si elle profitait de leur clémence pour venir les voler, les empêchait de s’en sortir. Elle était là aujourd’hui. Par pur hasard, par la force du destin, ça la jeune fille l’ignore. Et elle s’en fout. Elle ne pense qu’à trouver du réconfort dans les bras de sa maman, ne s’attendait certainement pas à être ainsi repoussée, traitée comme si elle n’était rien, comme une étrangère. Trop de chocs se sont accumulés aujourd’hui, c’est ce qui cause ce temps de réflexion bien trop long lorsqu’elle cherche la raison de ce comportement.

Puis elle comprend. Et d’un simple regard vers lui, elle sait que Kiha aussi a compris. Elle oublie de respirer, sent son coeur crever sous la douleur, assassiné par les mots froids. Sa mère n’a pas de fille. Ivy n'existe pas. Et à cet instant c’est vrai, elle cesse d'exister. Le coup la fait sursauter, pourtant aucune autre réaction ne la secoue. Elle est figée, seules ses larmes et ses mains tremblantes la différencient d’une poupée de cire, d’une statue. Il y a la douleur de sa mère. Puis il y a la douleur de son frère, dépeinte dans ses gestes, dans sa voix brisée, dans son visage tordu par la colère et la peine. Et il y a la douleur d’Ivy. Si puissante qu’elle met plusieurs secondes à se manifester. Cri d’horreur qui déchire l’air frais, genoux qui heurtent le sol, front qui vient s’y appuyer pour mieux laisser échapper sa peine. C’est trop. Beaucoup trop. Elle n’avait plus de père, plus d’endroit où vivre. Maintenant elle n’a plus de mère. Tout ce qu’elle a, c’est envie de mourir. Se noyer dans ses larmes, hurler à s’en étouffer, qu’importe. « Pourquoi ? » Question hurlée dans le vide faisant écho à celle de son frère avant qu’elle ne s’avance, rampe presque vers sa mère prostrée elle aussi au sol. « Pourquoi maman ? Pourquoi même toi tu m’aimes pas ! On a tout perdu ! Tout ! J’ai plus que Kiha et toi, j’ai… » Toujours au sol, elle recule soudainement, comme brûlée par la réalisation soudaine. « Tu nous a abandonnés, tu nous voles le peu qu’on a et… et pourtant nous on t’aime toujours ! Pourquoi tu peux pas nous aimer ? » Désespoir dans sa voix qui se fait faible, si faible. « Pourquoi tu peux pas m’accepter ? » Elle se relève difficilement, jambes qui tremblent avant qu’elle n'enlace fort son jumeau pour les consoler tous les deux « J'suis désolée Kiha, tellement désolée, c’est de ma faute »