Nishimura Kaito - Love the way you lie

Je n’ai pas vraiment de souvenir de ma mère et je serais bien embêté si je devais vous parler d’elle. Mon père détestait qu’on aborde le sujet et nous avons pris l’habitude de ne jamais le questionner à son sujet. J’ignore finalement si elle est morte ou si elle est tout simplement partie en nous laissant derrière elle. Dans le fond, je m’en fiche car ça ne change pas grand-chose au fait que j’ai grandit avec un escroc, une petite ordure qui n’hésitait pas à utiliser ses enfants pour ses arnaques.

J’ai toujours plus ou moins vécu dans la pauvreté. Même quand mon père arrivait à rassembler pas mal d’argent, il flambait tous et ça ne durait jamais bien longtemps. Il fallait sans cesse arnaquer de nouvelle personne et bien sûr il nous a appris très tôt le métier à moi mais aussi à ma grande-sœur. Voler les gens a fait parti de mon éducation. Très tôt j’ai appris à faire les poches des passants ou à escroquer les petites vieilles. Trop souvent notre père nous a mis en danger avec ses magouilles et j’ai quelques fois fini à l’hôpital mais c’n’était pas grave. C’était mon quotidien. C’était notre façon de vivre. Et puis c’n’est pas comme si j’avais le choix.

J’ai toujours été bon à l’école, en mathématique et en informatique mais je n’ai pas eu la chance de continuer mes études après le lycée. D’ailleurs du secondaire je n’en garde pas de très bons souvenirs. Peut-être parce que j’ai découvert très tôt que j’étais autant attiré par les garçons que les filles mais mon père était un homophobe notoire et il m’a très vite remis sur le droit chemin. Il ne voulait pas de tapette dans la famille alors après avoir pris quelques coups et avoir même fini à l’hôpital pour ça, j’ai fini par revenir dans la norme. Un gars, ça doit être avec une fille et c’est tout.

Dès que ma sœur l’a pu, elle s’est barrée. Elle m’a proposé de venir avec elle mais j’ai dit non. Je ne tenais pas tant que ça à rester avec notre père mais je sais bien que c’était pas possible pour nous de vivre ensemble. Déjà, ça serait plus simple pour elle de s’en sortir si elle n’avait pas à s’occuper de moi et puis on a toujours été un peu comme chien et chat. Toujours à se faire des crasses et des sales coups. J’avais envie que ma sœur reste ma sœur, pas qu’elle se sente obligée de devenir ma mère. Alors elle est partie et je suis resté.

J’avais presque dix-neuf ans quand mon père n’est plus rentré à la maison. Il a juste disparu et quand j’ai compris que ses merdes risquaient de me retomber dessus, j’ai moi aussi disparu de la circulation. J’ai enchainé les petits boulots jusqu’à trouver ce job à mi-temps dans cette supérette. J’aimerais dire que les combines et les arnaques sont finis mais ça serait mentir. J’en ai besoin pour m’en sortir et puis je crois que j’ai fini par prendre goût à cette vie. Je n’en connais de toute façon pas d’autres. Une mauvaise graine, reste une mauvaise graine.