La journée a été longue aujourd’hui mais productive. Après avoir passé la matinée à la supérette où je bosse à mi-temps, je me suis baladé dans le métro, le temps de faire quelques poches et sac à main afin d’arrondir mes finances. J’ai également dégoté quelques bons téléphones que je pourrais refiler à mon recéleur après les avoir piraté et remis à zéro. Avec tout ça, je pourrais m’offrir quelques petits extras ce week-end et ça ne sera pas du luxe. Après tout on ne peut pas dire que je roule sur l’or et il n’y a qu’à voir le genre d’appart dans lequel je vis. Il est grand mais délabré. Le genre d’endroit infesté d’insectes et de moisissures où personne ne veut vivre mais ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix. Bien sûr je mets de l’argent de côté, suffisamment pour refaire ma vie ailleurs. D’ici là, je me contente de ce que je peux.

Après une longue et chaude douche, je décide de me mettre de bonne heure au lit. J’en profite pour forcer les téléphones que j’ai volé un peu plus tôt dans la journée et pour les remettre à zéro jusqu’à ce que le sommeil ne vienne frapper à mes paupières. Épuisé, je m’endors paisiblement sans me douter qu’un grand bruit me réveillerait en sursaut quelques heures plus tard. Paniqué, je me redresse le cœur battant sans réaliser ce qui se passe. Ma première pensée est que mon père est peut-être revenu… non impossible. Il ne connait pas ma nouvelle adresse alors il y a peu de chance que ses créanciers viennent frapper à ma porte mais alors qui ? Certainement pas la police, sinon ça fait longtemps qu’ils seraient entrés. D’un autre côté je ne suis pas pressé de savoir de quoi ou plutôt de qui il s’agit. La gorge nouée, je déglutis tout en réfléchissant à comment me sortir de ce mauvais pas. D’ailleurs je n’ose pas vraiment quitter mon lit. Je me contente de resserrer mes mains sur les draps comme un enfant apeuré.

ODTEnfin ! Enfin, il l'a retrouvé, ce n'était pas bien compliqué même s'il a eu un doute lorsqu'il a vu dans quel genre d'appartement, il entrait. Pourquoi est-ce qu'il va chez le mec qu'il a agressé ? Ben, c'est très simple, il lui a volé une veste, et pas n'importe laquelle, sa préféré, comme quoi Kaito fait partie des personnes qui lorsqu'on lui donne la main prend le bras ! Oui, il regrette presque de s'être occupé de lui. Remarquant rapidement que l'appartement n'est pas entretenu, il n'a pas de mal à exploser une fenêtre. Non, Kohei n'est pas le genre de personnes qui frappe avant de rentrer, il préfère rentrer en effraction chez lui histoire de lui faire bien peur pour que l'idée de le voler ne lui revienne pas à l'esprit. Entrant par la fenêtre, il pousse un soupir, et casse un peu mieux la fenêtre pour pouvoir y rentrer sans se blesser.

Sans un bruit, il sort de la poche droite de sa veste son briquet qu'il allume pour s'éclairer, plissant les yeux pour pouvoir mieux voir, il avance à tâton. Ouvrant d'abord une première porte, il fronce les sourcils lorsqu'il tombe sur la salle de bain. S'approchant de la dernière porte, il ne tarde pas à l'ouvrir esquissant un léger sourire, il marche doucement vers le lit où il peut clairement distinguer une silhouette couchée dedans. Éteignant son briquet il s'approche tout doucement de lui et pose sa main sur son épaule rapprochant son briquet de son visage avant de reprendre la parole.

"Je viens récupérer mon bien ~"

Rapprochant son visage du sien, il esquisse un large sourire et vient lui ébouriffer les cheveux avant de se détacher de lui et d'aller allumer la lumière. Écarquillant les yeux lorsqu'il regarde l'état des murs. Ah oui, il comprend pourquoi est qu'il vole, rebaissant son regard vers Kaito, il pousse un long soupir et pose sa main sur ses hanches.

"Ma veste"

Deux mots simples alors qu'il se trimbale dans l'appartement, ayant un petit pincement au coeur car l'état de son appartement lui rappelle lui à ses débuts il décide d'aller ouvrir le frigo. Oui, ce n'est pas très poli mais bon, il s'en fout un peu de la politesse, car après tout voler n'est pas une chose à faire non plus non ? Poussant un énième soupir lorsqu'il le voit à moitié vide, il comprend très vite que Kaito est un peu comme un chat abandonné qui essaie de se démerder pour survivre.

"J'ai faim."

Allant se poser dans son canapé, il sort son portable et appelle un livreur.

Je n’ose pas quitter mon lit pour aller voir ce qui a pu être à l’origine de ce bruit. Tout ce que j’espère, c’est que ça venait de l’extérieur et que personne n’est entré dans mon appartement. Oui, c’était juste mon imagination. Poussant un profond soupir, je passe ma main sur mon front couvert de transpiration avant de suspendre mon geste en apercevant la porte de ma chambre s’ouvrir. Je déglutis tout en restant figé de stupeur. Cette lumière, elle provient d’un briquet et les traits du visage de ce mec me semblent familier bien que je n’arrive pas à clairement le voir.

Je ne bouge pas. Je reste figé dans mon lit. Pourtant je devrais fuir. Après tout, on n’entre pas dans un appartement en pleine nuit et par effraction, avec de bonnes intentions. Malheureusement je n’ai pas le temps de réagir qu’il est déjà près de moi.

C’est d’abord son odeur puis sa voix que je reconnais. D’ailleurs sa présence si près de moi ne fait qu’accélérer mon rythme cardiaque. C’est le gars de l’autre fois. Je ne sais pas comment il a réussi à me retrouver mais j’imagine que ce n’est vraiment pas bon signe.

Je le vois lever la main vers moi et je ferme les yeux tout en me crispant, m’attendant au pire. Pourtant rien ne se passe. Du moins rien de grave. Il se contente de m’ébouriffer les cheveux avant de s’écarter pour allumer la lumière. Je plisse les yeux et il me faut quelques secondes pour m’habituer à toute cette lumière. C’est à alors qu’il me réclame sa veste. Sa veste ? Je remonte doucement mes draps sur le vêtement qui est posé à côté de moi et avec lequel je dors depuis que je le lui ai piqué. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Je la trouve agréable à toucher et à avoir contre moi quand je dors c’est tout !
« Ta veste ? Laisse-moi réfléchir. Elle doit être dans le coin. Je vais la chercher. Laisse-moi le temps de me lever. »
J’affiche un sourire qui se veut innocent alors que je cherche clairement à gagner du temps. Il sort de ma chambre et je bondis alors hors de mon lit, emportant avec moi sa veste que je balance dans ma vieille penderie. Je fais ensuite quelques pas vers la porte et l’observe alors qu’il visite mon appartement qui est vraiment insalubre mais qui a le mérite de ne pas me ruiner.
« Fais comme chez toi pendant que je la cherche ! »
Je retourne vers mon armoire, soulagé qu’il n’ait pas vu que je dormais avec sa veste. Il ne manquerait plus que ça. Quand je reviens vers lui avec, il est installé dans le canapé de mon salon. Je la lui tends en déclarant :
« Je n’ai pas fait exprès de l’emporter. »
Je lui adresse également mon plus beau sourire avant d’ajouter :
« Désolé, y’a pas grand-chose à manger chez moi. »
Et donc ? Qu’est-ce que je suis sensé dire ou faire ? Je ne sais pas. Pour le moment je reste planté à côté du canapé, comme un imbécile.