Don't ask me why「Feat Kobayashi Sumie」

C'était le jour J. Sumie allait enfin passer du temps avec sa fille. Cela faisait des mois qu'elle essayait de programmer une journée mère-fille mais cette dernière refusait toujours ses invitations. Les excuses étaient toujours les mêmes, soit elle était trop occupée à cause du boulot, ou trop fatiguée ou alors elle avez déjà un rendez-vous. Sumie n'était pas dupe. Elle avait bien compris que sa fille cherchait à l'éviter le plus possible mais elle ne comprenait pas qu'elles étaient les raisons. Il fut une époque où elles étaient proches. Megumi a toujours été une fille assez réservée mais elle laissait sa mère parfois pénétrer dans son monde mais aujourd'hui c'était comme si plusieurs barrières les séparaient. Surement à cours de prétextes, la jeune femme avait accepté de la rencontrer pour une virée shopping mais Sumie se doutait bien que le même scénario allait se passer. Elle essayerait de savoir ce que le jeune femme pense, quelles sont les raisons de son éloignement mais celle-ci l'ignorera surement comme d'habitude.

Sumie descend du taxi, aperçoit Megumi au loin et lui fait signe. Arrivée à sa hauteur, elle ouvre ses bras espérant un calin mais cette dernière s'était déjà retournée pour rentrer dans le centre commerciale. Sumie s'empressa de la rattraper, marchant à ses côtés. 'Bonjour Mimi. Ta semaine s'est bien passée?' Elle prend de ses nouvelles, lui pose quelques questions banales dans l'espoir de la détendre, qu'elle s'ouvre un peu plus à elle. Megumi lui montre une boutique et Sumie hausse un sourcil. Une boutique de lingerie? La jeune femme ne semblait pas être le genre à enfiler des sous-vêtements sexy. Aux dernières nouvelles, elle n'avait aucun homme à séduire. Oh! A moins qu'elle se soit enfin trouvée un petit copain. Sa fille ne lui avait jamais présenté d'amoureux. A chaque fois que Sumie avait voulu aborder le sujet des garçons avec elle, Megumi se renfermait. Peut-être qu'elle avait enfin trouvé un homme qui lui plaisait et souhaitait quelques conseils. Si c'était le cas, Sumie se fera un plaisir de l'aider. Que Megumi veuille de ses conseils était un pas en avant pour renforcer leur lien mère-fille. Elle lui prend le bras et la traîne dans le magasin. 'Comment s'appelle l'heureux élu?' Elle chuchote comme si elles allaient partager un secret entre elles.

'Megu-chan, tu finiras comme tante Mari, seule et aigrie.' Mari, c'est la cousine germaine de Sumie. Une amitié forcée par leurs parents et qu'elles conservent plus par habitude qu'autre chose. En vérité, l'une ne peut pas encadrer l'autre. Elles en sont conscientes mais prétendre est devenu aussi simple que respirer. Alors que Megumi se dirige vers le rayon des pyjamas, Sumie s'aventure vers celui de la lingerie fine. Une vendeuse s'approche d'elle et lui demande si elle avait besoin d'elle. Sumie lui explique qu'elle cherche quelque chose pour une jeune femme d'une vingtaine d'années. La vendeuse lui propose quelques pièces et Sumie s'empresse de les montrer à Megumi. 'Regarde, c'est joli, non? Le rouge bordeaux t'irait hyper bien en plus.' Elle tend l'ensemble de lingerie fine à la jeune femme, espérant qu'elle change d'avis. Cela lui brisait le coeur que Megumi soit toujours seule. Elle se demandait comment elle faisait pour supporter la solitude. Pourquoi elle s'infligeait cela? Elle était une belle jeune femme, elle pourrait avoir n'importe quel homme si seulement elle décidait de s'ouvrir un peu plus. Sumie ne voulait que son bonheur. A moins que ... à moins que les hommes ne soient pas sa tasse de thé. Peut-être que Sumie faisait totalement fausse route en lui demandant à propos d'un petit amie et c'était la raison pour laquelle sa fille se refermait ainsi. Elle ne savait surement pas comment le lui annoncer. Sumie n'avait rien contre l'homosexualité. Si l'un de ses enfants venait à faire un coming out elle supporterait à 100%. Peut-être que Megumi avait juste besoin d'être rassurée. Après tout c'était son devoir en tant que mère de la faire se sentir à l'aise à ses côtés. Assez à l'aise pour qu'elle n'ait pas peur de se confier. Elle reprend la lingerie et la redépose à son emplacement initiale. Ce n'était clairement pas le problème. 'Megu-chan, tu sais que tu peux tout me dire, hm? Je ne te jugerais jamais.' Elle espérait que Megumi puisse avoir un peu plus confiance en elle. 'Peu importe ce que tu es, tu resteras toujours ma fille.'

Discuter avec Megumi était l'équivalent de parler à un mur. Parfois Sumie avait l'impression que la jeune femme ne prenait même pas la peine d'écouter ce qu'elle avait à dire. Une fois passé à la caisse, Sumie traina sa fille vers un starbuck. Elle n'avait pas eu le temps de se remplir l'estomac ce matin alors elle mourrait de faim. Il y avait pas de monde alors elle prit la commande de Megumi et lui fit garder la seule table de libre qu'elles avaient eu la chance de trouver. Gobelets en mains, elle retourne s'asseoir en face de sa fille. désolé si je suis trop indiscrète. c'est juste que je ne peux m'empêcher de me faire du soucis pour toi.  Et surtout, Sumie ne comprenait  pas ce qui avait causé cette distance entre elles. Elles ne s'étaient pourtant jamais disputé, jamais manqué de respect. Et pourtant, après la mort du plus jeune se fût silence radio. Les premières semaines elle s'était dit que c'était surement la façon de Megumi de faire face au deuil. Mais le silence a duré et ne s'est jamais arrêté. Une periode pendant laquelle Sumie avait le plus besoin de la présence des deux enfants qui lui restait. tu pourrais au moins m'envoyer quelques messages de temps en temps, histoire que je saches que tu respires toujours. et non, appeler ton père une fois par mois ne compte pas. Etrangement, la jeune femme avait moins de difficulté à adresser la parole à son père. Ils étaient pus fusionnels, ça Sumie pouvait le comprendre, mais la différence la blessait tout de même. Que faisait-il de plus qu'elle? Etait-il juste un meilleur parent?

Elle oubliait?! Quel genre d'enfant oubliait d'appeler sa mère et de lui donner des nouvelles régulièrement. A force de s'inquiéter Sumie finira par avoir des cheveux blancs avant son cinquantième anniversaire. Pour la peine Megumi devra lui payer sa coloration pour masquer ses cheveux gris lorsqu'ils décideront de pointer le bout de leur nez un peu trop tôt. Elle regarde partout, Megumi. Partout sauf devant elle où se trouve sa mère. Sumie soupire. Ce silence, cette tension indéchiffrable, elle en avait un peu marre. Cela faisait maintenant des années que cela dura. Plus le temps passe et plus elle deviennent des étrangères. Du moins, Megumi la traitait comme une étrangère. qu'est-ce qu'il y a? je suis pas agréable à regarder? Sumie la taquine. c'est marrant parce que ton père dit que je me maquille un peu trop ces temps-ci. tu sais comment il est, il devient jaloux pour un rien. Cet imbécile pensait qu'elle avait un amant. A croire que plus il vieillissait et plus il perdait confiance en elle et en ses propres capacités à satisfaire sa femme. Les hommes et leur fragile ego ... Le silence les envahit de nouveau et le duo mère-fille continue à sillonner les magasins, sumie s'arrêtant pour finir dans un magasin d'alimentation. ce week-end on pourra se faire un petit diner familiale, ton père, ton frère, toi et moi. ça fait longtemps qu'on a pas manger tous ensemble/ ça te dit? Elle demande et Sumie s'attend à se faire rejeter une nouvelle fois, que Megumi lui sorte une excuse quelconque, comme à son habitude. si tu peux pas ce week-end, on peut reporter au week-end prochain.